Commentaire
Le Parti libéral du Canada semble être au bord d’une explosion électorale sans précédent depuis les élections générales de 1993. Selon certaines projections, ils ne remporteraient que six sièges si les élections générales avaient lieu aujourd’hui.
Les Canadiens semblent prêts pour un changement de majorité au niveau fédéral, et le Parti conservateur du Canada (PCC) obtiendra probablement un mandat fort et majoritaire pour gouverner lors de la prochaine élection.
Mais un autre mouvement politique est en plein essor au Canada, parallèle à celui de 1993. Il s’agit du séparatisme québécois. Deux ans après avoir remporté son gouvernement majoritaire, le Premier ministre libéral Jean Chrétien s’était retrouvé confronté à une crise de l’unité nationale lorsque le Québec a failli quitter le Canada lors d’un référendum. On avait sous-estimé la volonté des Québécois de former une nation indépendante, et il s’en est fallu de peu pour que la sécession ne se produise.
L’essor du séparatisme au Québec s’explique en partie par l’existence d’une plateforme solide au niveau fédéral qui lui permet de promouvoir cette cause. En 1993, le Bloc Québécois, qui contrairement au PQ opère au niveau national, est devenu l’opposition officielle à la Chambre des communes du Canada. Les griefs des Québécois ont alors dominé les débats au niveau fédéral et dans l’actualité nationale, et ont contribué à renforcer le soutien des séparatistes au Québec. Aujourd’hui, le Bloc a de nouveau toutes les chances de remporter suffisamment de sièges aux prochaines élections pour former à nouveau l’opposition officielle au niveau national. Les questions posées à la Chambre des communes, ainsi que les motions de l’opposition, seront principalement axées sur les intérêts du Québec et mettront en évidence les indignités perçues que la Confédération offre au Québec. Cela attisera l’angoisse régionale dans chaque province.
Au niveau provincial, le Parti québécois (PQ) domine les sondages au Québec avec un programme ouvertement séparatiste. Le PQ a promis d’organiser un nouveau référendum sur l’indépendance s’il remporte les prochaines élections en 2026. Il ne ferait une telle promesse que s’il était confiant que le référendum aboutirait.
Les séparatistes québécois ont tiré la leçon de 1995. Ils se sont engagés à ne pas organiser de nouveau référendum sur l’indépendance tant que les conditions gagnantes ne seraient pas réunies. Ces conditions sont aujourd’hui réunies.
Les gouvernements du Québec se sont employés, lentement mais sûrement, à modifier la structure démographique de la province et à renforcer le sentiment d’indépendance. Les politiques linguistiques discriminatoires et les attaques à l’encontre de la liberté d’expression religieuse ne sont pas de simples actes de sectarisme obtus. Tout cela fait partie d’une stratégie visant à s’assurer que la majeure partie de la province parle français et prête allégeance au Québec plutôt qu’à la nation.
L’ancien leader du PQ, Jacques Parizeau, a attribué l’échec du référendum de 1995 à « l’argent et aux votes ethniques », une analyse restée tristement célèbre. Les séparatistes du Québec estiment que s’ils ne peuvent pas convertir les immigrants au séparatisme, ils peuvent les mettre suffisamment mal à l’aise pour les inciter à partir. C’est la stratégie sous-jacente à l’interdiction du port de couvre-chefs religieux et autres symboles par les fonctionnaires.
Le sentiment national a également changé dans le reste du pays. Un quart des Canadiens estiment désormais que rejoindre les États-Unis pourrait être une bonne idée. La fédération est fragile et la fierté nationale est au plus bas.
La vision de Justin Trudeau d’un « État post-national » a conduit à une perte d’identité nationale ou de fierté de l’unité. La désaffection pour l’unité canadienne est également élevée dans les provinces de l’Ouest du pays. Les premiers ministres provinciaux Danielle Smith et Scott Moe ont en effet présenté des lois qui visent à protéger leurs provinces des incursions du gouvernement fédéral. L’Ouest n’est pas au bord du séparatisme, mais ses habitants ne sont plus autant opposés à la quête d’indépendance du Québec qu’ils ne l’étaient auparavant.
En 1995, lors de la campagne référendaire au Québec, des délégations originaires de l’Ouest se sont rendus sur place en signe de soutien à l’unité nationale et ont fait campagne pour demander aux Québécois de ne pas voter en faveur de l’indépendance. On imagine mal l’Ouest manifester son soutien au Québec lors d’un futur référendum. Les Canadiens de l’Ouest sont souvent indifférents aux aspirations du Québec, dans le meilleur des cas, quand ils ne lui sont pas carrément hostiles. Mais il pourrait cependant y avoir des mouvements visant à attiser le séparatisme québécois si un nouveau référendum était organisé, ce qui galvaniserait certainement les partisans de l’indépendance du Québec.
En supposant que Pierre Poilievre devienne le prochain premier ministre du Canada, même s’il dispose d’un gouvernement massivement majoritaire, il n’aura pas la tâche facile. Il aura non seulement un dragon de déficit à terrasser et une guerre commerciale naissante avec les États-Unis, mais il pourrait également être confronté à un nouveau référendum sur l’indépendance du Québec.
Le mouvement séparatiste québécois n’a jamais disparu. Il est seulement resté en sommeil pendant que les opérateurs politiques s’efforçaient patiemment de créer les conditions d’un référendum gagnant.
L’histoire semble prête à se répéter sur le plan politique, même si les noms des chefs de partis ont changé.
L’issue d’un autre référendum au Québec, s’il a lieu, pourrait également changer. M. Poilievre est confronté à un difficile exercice d’équilibre national, car il devra tenter de désamorcer le sentiment séparatiste au Québec tout en restant fidèle à sa base de soutien dans l’ouest du Canada.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.