ANALYSES

Ce que nous savons du plan d’accord de paix en Ukraine, côté européen

février 20, 2025 17:54, Last Updated: février 20, 2025 22:45
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Un sommet avec sept pays européens majeurs en début de semaine, une visio-conférence deux jours plus tard avec le reste des pays européens… Emmanuel Macron a pris les devants en Europe sur la question de l’Ukraine, après que Donald Trump a commencé à négocier la paix avec la Russie.

Le président français aura parlé aux 27 États-membres de l’Union européenne (UE) en l’espace d’une semaine, une semaine pour donner quelques éléments d’une réponse commune aux premières rencontres entre les Américains et les Russes.

Dans le même temps, Washington rassure les Européens sur le fait qu’un accord ne se ferait pas sans eux. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a convenu que l’UE aurait bien sa place à la table des négociations pour discuter notamment de la question des sanctions.

Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer sont attendus à la Maison-Blanche la semaine prochaine, pour continuer de dessiner les contours d’un accord et mettre le Vieux Continent en ordre de marche dans le futur processus de paix.

Une Europe en ordre dispersé et longue à décider

Après avoir rassemblé les poids lourds de l’Union européenne, Emmanuel Macron a organisé une « réunion informelle en visioconférence » en présence des chefs d’État ou de gouvernement de Belgique, Grèce, Slovénie, Roumanie, Tchéquie, Bulgarie, Croatie, Lettonie, Lituanie, Norvège, Suède, Finlande mais aussi du Canada. La Hongrie, la Slovaquie, l’Autriche et Malte n’ont pas pour le moment participé aux échanges.

À la fin d’une semaine de réunions multilatérales, Emmanuel Macron a pu déclarer que Paris et ses partenaires partagent « l’objectif, qui est aussi celui du Président Donald Trump, de mettre fin à la guerre d’agression menée par la Russie depuis bientôt trois ans ».

Mais il a ajouté que les efforts de paix initiés côté européen répondraient à des « principes » préfigurant les contours d’un accord de paix : « L’Ukraine devra toujours être associée et ses droits respectés ; la paix devra être durable et accompagnée de garanties robustes et crédibles ; les préoccupations de sécurité des Européens devront être prises en compte » a déclaré le Président.

L’effet Trump n’aura cependant pas effacé les divergences au sein des Vingt-Sept. Les huit dirigeants réunis le 17 février sont apparus divisés sur un déploiement militaire européen pour garantir une paix future, même s’ils ont acté la nécessité d’un renforcement accéléré de la défense européenne face au désengagement américain qui s’annonce.

Le leadership français sur le dossier ukrainien

En février 2024, le président français avait déclenché un tollé en suggérant, à l’issue d’une réunion similaire à l’Élysée, l’envoi de troupes en Ukraine afin de dissuader la Russie de toute nouvelle offensive en Europe.

Néanmoins, les Européens de l’Est « comptent sur le leadership de la France et du Royaume-Uni, les deux puissances nucléaires européennes, pour sécuriser un cessez-le-feu quand il y en aura un », tempère Lukasz Maslanka, chercheur polonais au Centre for Eastern Studies (OSW) à Varsovie.

Mais pour Claudia Major, spécialiste allemande sur la défense, au sein du groupe de réflexion German Marshall Fond, le président français a aussi beaucoup perdu en influence depuis la défaite de son camp aux législatives, qu’il avait lui-même convoquées en 2024.

Cependant, selon elle, personne n’est en mesure d’assurer ce rôle aujourd’hui. « Les Britanniques ont aussi des problèmes de politique intérieure et aimeraient bien garder leurs liens (spécifiques) avec les États-Unis », continue-t-elle.

Préparer l’opinion à une fin coûteuse de la guerre



Le 24 février, cela fera 3 ans que la guerre entre l’Ukraine et la Russie a commencé, sans avoir pu négocier de cessez-le-feu entre les deux pays belligérants après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, suite à la remise en question des accords de Minsk.

L’exécutif français commence maintenant à préparer l’opinion publique à la nécessité d’un plus grand effort de défense, alors que la paix en Ukraine s’esquisse depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et la Russie, initié par Donald Trump.

De son côté, le Premier ministre français François Bayrou a martelé que « jamais, depuis 1945, le risque d’une guerre en Europe n’avait été aussi élevé », soulignant l’importance d’un budget européen de la défense.

Dans un tel contexte, « le réveil européen passe par une augmentation des dépenses militaires » qui aura « des conséquences pour nos finances publiques », a averti la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas.

Les conditions d’un accord de paix au niveau européen

« La préoccupation de tous, c’est qu’un simple cessez-le-feu en Ukraine ne résoudrait en rien le conflit, mais c’est bien une paix pleine et entière avec des conditions de sécurité, des conditions de la stabilité sociale, économique et politique de l’Ukraine dans la durée, qui seules permettront de le régler », a expliqué Emmanuel Macron le 18 février.

Les Européens craignent en effet que Vladimir Poutine ne soit encouragé à poursuivre son offensive en Ukraine, voire à l’étendre à des pays voisins, s’il n’est pas clairement « forcé » à la paix, y compris par le déploiement de forces étrangères le long d’une ligne de démarcation.

Le président français a rappelé qu’une autre possibilité était « l’adhésion à l’Otan » de l’Ukraine, qui a causé l’entrée en guerre de la Russie et que le président américain Donald Trump a déjà écartée avant même de négocier.

Parmi les solutions pour apporter des garanties de sécurité à Kiev, il serait possible d’ « envoyer des experts voire des troupes en termes limités, hors de toute zone de conflit, pour conforter les Ukrainiens et signer une solidarité. C’est ce à quoi nous réfléchissons avec les Britanniques », a déclaré le président français.

Emmanuel Macron a assuré que « la France ne s’apprête pas à envoyer des troupes au sol, belligérantes dans un conflit, sur le front », en évoquant cependant la possibilité « d’avoir, sous mandat des Nations unies, une opération de maintien de paix, qui, elle, se tiendrait le long de la ligne de front ».

Le Royaume-Uni, qui aimerait jouer un rôle de facilitateur entre les États-Unis et les Européens, s’est dit prêt à dépêcher « si nécessaire » des troupes en Ukraine pour « contribuer aux garanties de sécurité ». La Suède a également affirmé ne « pas exclure » le déploiement de soldats si les négociations permettent d’installer « une paix juste et durable ».

Une paix impossible sans le soutien de Washington

Parmi les réponses au basculement créé par le retour au pouvoir de Donald Trump et sa volonté d’engager le dialogue direct avec Vladimir Poutine, figure la hausse des budgets de défense des pays européens.

« Nous sommes convaincus de la nécessité d’accroître nos dépenses et nos capacités de défense et de sécurité pour l’Europe et chacun de nos pays. Des décisions seront prises dans les jours et semaines à venir », a écrit Emmanuel Macron sur X.

Mais Emmanuel Macron reconnaît aussi que les Européens veulent que, derrière leurs futures garanties de sécurité à Kiev, il y ait un soutien de Washington. « Compte tenu du fait que la Russie est un État doté de la capacité nucléaire, pour les partenaires européens, c’est un point clé », a-t-il souligné.

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