INTERNATIONAL

Ce qu’il faut savoir sur le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé

Le décret présidentiel cite la « mauvaise gestion par l'agence mondiale de la santé de la pandémie du Covid-19 qui a émergé à Wuhan, en Chine »
février 7, 2025 18:19, Last Updated: février 7, 2025 20:09
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Dès le premier jour de son second mandat présidentiel, Donald Trump a signé un décret visant à retirer les États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), concrétisant ainsi la procédure de retrait lancé en 2020 et annulée par Joe Biden avant son entrée en vigueur.

Le 20 janvier, M. Trump a interrompu le financement américain de cette organisation onusienne, invoquant la « mauvaise gestion par l’OMS de la pandémie du Covid-19 qui a émergé à Wuhan, en Chine », ainsi que d’autres problèmes mondiaux de santé.

La participation américaine dans les négociations sur l’accord de l’OMS sur les pandémies et le Règlement sanitaire international sera suspendue pendant la durée du retrait.

En vertu de la résolution adoptée par le Congrès en 1948, les États-Unis ont le droit de se retirer de l’OMS, mais ils doivent donner un préavis d’un an. La résolution demande également que les États-Unis remplissent leurs « obligations financières » envers l’OMS pour l’année fiscale en cours.

Le plus grand bailleur de fonds de l’OMS

Les États-Unis sont actuellement le principal bailleur de fonds de l’OMS, avec une contribution d’environ 1,28 milliard de dollars pour 2022-2023, dernière année déclarée sur le site Web de l’organisation. Cela équivaut à près de la moitié du coût des missions conjointes d’évaluation externe de l’OMS pour ce dernier exercice.

L’exercice 2024-2025 s’annonce de la même manière : les États-Unis étant de loin le plus grand donateur, avec une contribution estimée à 988 millions de dollars, soit environ 14 % du budget de l’OMS, qui s’élève à 6,9 milliards de dollars.

Des documents obtenus par l’Associated Press (AP) montrent que l’Amérique couvre environ 95 % des travaux de l’OMS sur la tuberculose en Europe et environ 60 % en Afrique et dans le Pacifique occidental, et que le bureau européen de l’OMS dépend à plus de 8 % des contributions américaines.

En outre, le financement américain constitue « l’épine dorsale de nombreuses opérations d’urgence à grande échelle de l’OMS », couvrant jusqu’à 40 % de ce financement.

Réponse de l’OMS

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a décrit les relations avec les États-Unis comme « un bon modèle de partenariat » lors d’une conférence de presse tenue à Genève en décembre 2024.

« Nous travaillons en partenariat depuis de nombreuses années et nous pensons que ce sera toujours le cas. Et je crois que les dirigeants américains comprennent que les États-Unis ne peuvent pas être en sécurité si le reste du monde ne l’est pas », a-t-il déclaré aux journalistes.

Après l’annonce de la décision de M. Trump de retirer l’Amérique de son organisation, M. Ghebreyesus s’est exprimé en demandant aux dirigeants mondiaux de faire pression sur la Maison-Blanche pour qu’elle revienne sur sa décision.

Lors d’une réunion à huis clos avec des diplomates, le patron de l’OMS a indiqué que les États-Unis manqueraient d’informations cruciales sur les épidémies, a rapporté l’AP.

George Kyriacou, directeur financier de l’agence, a déclaré que, si ses dépenses se poursuivent à leur niveau actuel sans financement des États-Unis, l’organisation se trouverait « dans une situation de fonctionnement au jour le jour par rapport aux flux de trésorerie » pendant au moins une partie de l’année 2026.

Réaction des CDC

Les responsables des Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont ordonné à leurs employés de cesser, avec effet immédiat, de travailler avec l’OMS.

John Nkengasong, directeur adjoint du CDC chargé de la santé mondiale, a envoyé le 26 janvier une note à la direction de son agence demandant au personnel de cesser immédiatement de collaborer avec l’OMS et d’attendre d’autres directives. Le personnel des CDC n’est pas non plus autorisé à mener des discussions avec l’OMS, que ce soit virtuellement ou en personne, et les membres du personnel ne sont pas autorisés à se rendre dans les bureaux de l’OMS.

Certains experts américains en santé publique ont exprimé leur inquiétude quant à l’arrêt de la collaboration avec l’OMS, notamment le Dr Jeffrey Klausner, professeur de médecine et de santé mondiale à l’université de Californie à Los Angeles.

« L’arrêt des communications et des réunions avec l’OMS est un gros problème », a-t-il laissé entendre. « Les gens pensaient que le retrait se ferait lentement. Tout le monde a été pris au dépourvu. »

Ce qui est derrière le retrait

L’administration Trump a souligné que l’OMS n’était pas en mesure de démontrer son indépendance par rapport à « l’influence politique inappropriée » de certains États membres de cette organisation et qu’elle n’avait pas réussi à « adopter les réformes nécessaires qui s’imposaient d’urgence ».

Le patron de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus (à g.) serre la main du chef du Parti communiste chinois Xi Jinping avant leur rencontre au Grand palais du Peuple à Pékin, le 28 janvier 2018. (Naohiko Hatta – Pool/Getty Images)

Le décret présidentiel cite également les « paiements injustement onéreux » des États-Unis qui, selon Donald Trump, sont « largement disproportionnés par rapport aux paiements évalués des autres pays ».

« La Chine, avec une population de 1,4 milliard d’habitants, compte 300 % de la population des États-Unis, mais elle contribue presque 90 % de moins à l’OMS », constate le décret.

C’est la deuxième fois que M. Trump tente de se retirer de l’OMS. Il a entamé la procédure de retrait en 2020, frustré par la réaction de l’OMS à la dissimulation par la Chine des détails sur la transmission interhumaine du virus du Covid-19, ce qui a provoqué une pandémie et une crise mondiale.

En décembre 2024, la sous-commission au Congrès américain sur la pandémie du Covid-19 a publié un rapport sur la réaction de l’OMS à la pandémie, la qualifiant « d’échec lamentable ».

Selon le rapport, l’OMS a cédé aux pressions de Pékin et a fait passer « les intérêts politiques de la Chine avant ses obligations internationales ».

Dans le cadre de cette situation, l’OMS aurait ignoré l’avertissement de Taïwan du 31 décembre 2019 concernant des « cas de pneumonie atypique » à Wuhan, sur lesquels Taïwan a demandé à l’OMS de mener une enquête.

« La mauvaise gestion initiale de la pandémie du Covid-19 a non seulement potentiellement causé la propagation du virus, mais elle a également créé une situation où les gens ont perdu confiance dans l’organisation mondiale de la santé publique », indique le rapport.

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