Des prénoms révolutionnaires portés 100 ans après

29 octobre 2017 12:57 Mis à jour: 29 octobre 2017 14:21

Mels ou Malis (Marx-Lénine-Staline), Engels ou Staline : ces prénoms révolutionnaires nés dans la foulée de la Révolution de 1917 stigmatisent encore certaines personnes de la génération de l’ère révolutionnaire dans l’ex-URSS, en Amérique latine ou en Albanie.

 La question n’est pas d’aimer ou pas, les parents choisissent on respecte

« Mon père est toujours resté fidèle aux idéaux marxistes-léninistes. C’est pourquoi il m’a appelé Mels (Marx, Engels, Lénine, Staline) », raconte à l’AFP Mels Ieleoussizov, 67 ans, président de l’Union des associations écologistes à Almaty, capitale économique du Kazakhstan, ex-république soviétique d’Asie centrale.

« Au début, j’étais très fâché, mais maintenant j’en suis fier », explique-t-il.

Comme lui, Marlen Solianoï, 28 ans, porte-parole du ministère de la Culture de la république voisine du Kirghizstan, porte un prénom associant les noms de Marx et Lénine.

« Pour moi, la question n’est pas d’aimer ou pas ce prénom : mes parents l’ont choisi et il faut le respecter », souligne-t-il.

Même son de cloche chez Vladilen Balian, célèbre compositeur arménien. « Je n’ai jamais pensé à changer de prénom », (une abréviation de Vladimir Ilitch Lénine), assure-t-il à l’AFP. « C’est mon enfance, ma jeunesse, ma vie », s’exclame cet homme de 93 ans.

 En Albanie après la rupture avec l’URSS, certains ont changé de prénom

En Albanie, « Marenglen (Marx, Engels, Lénine) était très à la mode dans les années 1950 », raconte à l’AFP Marenglen Verli, 66 ans, directeur de l’Académie des études albanologiques à Tirana.

« Je n’ai jamais pensé à le changer. A la grande époque révolutionnaire, il y a eu pire que le mien », assure-t-il, en citant notamment un ami prénommé Melset (Marx, Engels, Lénine, Staline, Enver, Tito). Enver était le prénom d’Enver Hoxha, le dictateur qui a régné 40 ans sur l’Albanie communiste.

Après la rupture de l’Albanie avec l’Union Soviétique et la chute du communisme à Tirana au début des années 1990, certains ont changé de prénom : Lénine devenant Luli, et Marenglen devenant Maringlen, des prénoms à consonance plus albanaise.

 En Russie les mémoires restent marquées par les prénoms à consonances révolutionnaires

Ninel Omelianenko, habitante de Kiev de 26 ans, porte un prénom révolutionnaire (Lénine à l’envers en russe) par pur hasard.

« Mon père a toujours détesté le système soviétique, mais notre voisine était une communiste acharnée. Un jour, elle lui demande : Quel prénom avez-vous donné à votre fille?  Et il répond Ninel. Alors elle sourit et lui dit : Enfin, il y a quelqu’un dans votre famille qui honore la mémoire de notre grand dirigeant! »

Pour cette famille, Ninel était tout simplement la combinaison de Nina et Nelia, prénoms des deux grand-mères de la fillette. « Papa était très en colère contre ma mère qui avait proposé ce prénom en toute innocence », raconte Ninel.

Les parents de Vilen Martirossian, un étudiant moscovite de 18 ans, ont par contre fait un choix conscient, en le baptisant en l’honneur de son grand-père, lui aussi Vilen, autre abréviation de Vladimir Ilitch Lénine.

« Les jeunes de mon âge ne réagissent pas quand ils entendent mon prénom. Mais les personnes septuagénaires disent tout de suite : Ah, Vladimir Ilitch! », sourit-il.

Le monde de la culture en Russie connait plusieurs personnalités portant ce genre de prénom comme le réalisateur Marlen Khoutsiev et le compositeur Kim Breïtbourg, Kim étant l’acronyme russe pour Internationale de la Jeunesse communiste.

En Amérique latine ces prénoms communistes peuvent être mal vus 

En Amérique latine, de nombreux militants communistes ont donné à leurs enfants un prénom rappelant Lénine.

C’est le cas de l’actuel président socialiste équatorien Lenin Moreno, du fameux terroriste vénézuélien Illich Ramirez Sanchez, alias « Carlos », ou encore du célèbre musicien brésilien Lenine, dont le nom complet est Osvaldo Lenine Macedo Pimentel.

« Pour mon père, le plus important était que Lénine était une personne brillante », a déclaré à l’AFP Lenin Martell, un universitaire mexicain de 46 ans. « Ce prénom m’a ouvert beaucoup de portes », affirme-t-il.

Pour sa part, Sergio Lenin Ocampo Torres, un photographe de 36 ans au Mexique, avoue avoir eu « des problèmes » avec son prénom: « Dans les collèges privés que j’ai fréquentés, ce nom était mal vu ». 

 

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