Charles Gérard, décédé jeudi à l’âge de 96 ans, était un second rôle fétiche de Claude Lelouch mais aussi l’ami indéfectible de Jean-Paul Belmondo qu’il a secondé dans de nombreux films dont « Flic ou Voyou ».
Né le 1er décembre 1926 de parents arméniens, l’homme à la carrure trapue était surtout reconnaissable à son nez si singulier, cassé par Jean-Paul Belmondo lors de leur première rencontre, sur un ring en 1948. Les deux jeunes se voient alors boxeurs, et se lient d’une amitié forte, qui durera plus de soixante-dix ans.
Pour ses débuts au cinéma, Charles Gérard préfère être derrière la caméra que devant. Au cours des années 60, il réalise des polars de série B comme « L’Homme qui trahit la mafia » avec Robert Hossein, ou « L’ennemi dans l’ombre » avec Roger Hanin. A l’époque, il est également journaliste pour l’émission sportive « Les coulisses de l’exploit ».
Après une première apparition dans « Le Voyou » en 1970, Charles Gérard devient un des seconds rôles attitrés dans les films de Claude Lelouch.
« Y en a qui rentrent à la Comédie Française… y en a qui rentrent chez Lelouch », résumait ainsi l’acteur, apparu dans une vingtaine de longs-métrages du réalisateur.
Lelouch lui taillera ces rôles sur mesure jusqu’au milieu des années 2000, dont celui de « Charlot » dans la comédie à succès « L’aventure c’est l’aventure » avec Jacques Brel, Aldo Maccione et Lino Ventura.
Charles Gérard partage aussi l’affiche avec son ami de toujours Belmondo, – sur qui il a réalisé un court métrage documentaire – dans « Flic ou voyou » et « Le Guignolo » de Georges Lautner ou l' »Animal » de Claude Zidi.
« Jean-Paul a toujours été d’un grand secours » racontait-il à BFMTV en 2013. « Il s’occupait de moi. Quand il tournait un film il disait ‘il faut un rôle pour Charlot’. Et Jean-Paul insistait : ‘s’il n’est pas dans le film, je ne fais pas le film' ».
Les compères enrichissent leur amitié de leur passion commune du sport: la boxe, mais aussi le foot et le tennis. Il n’était pas rare de croiser le duo en tribune de Roland Garros, tournoi durant lequel –Charles Gérard l’assurait– ils refusaient de signer des contrats de films.
Gérard et Belmondo apparaissent une dernière fois ensemble en 2009, dans « Un homme et son chien » de Francis Huster.
Toute sa vie, ce bon vivant restera cantonné à des seconds rôles, souvent dans l’ombre de « Bébel » qu’il accompagne partout. Il affirme ne pas en être gêné, n’ayant « pas les épaules » pour être en tête d’affiche.
« Charlot » apparaît encore une fois à l’écran en 2015, dans « La Dernière Leçon » de Pascale Pouzadoux, aux côtés de Sandrine Bonnaire et Marthe Villalonga.
Charles Gérard, décédé jeudi après-midi dans un hôpital parisien à l’âge de 96 ans, selon Michel Godest, avocat de Jean-Paul Belmondo, a été marié et divorcé deux fois… comme « Bébel ».
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