La Ville de Chartres a lancé en 2004 un marché d’études pour mettre en œuvre un projet de renouvellement urbain du quartier de Beaulieu. Ce quartier jouit d’une très bonne situation géographique. Son avancée et sa forme triangulaire «pointent» vers la cathédrale. L’opération de renouvellement urbain a eu pour objectif premier de redonner au nom du quartier de Beaulieu, sa signification première: un «beau – lieu», en recréant une percée visuelle digne de son nom.
Cette vue avait été perturbée avec le temps par l’implantation de grands ensembles d’habitats sociaux créés dans les années 1960-1970 qui avaient donné un aspect désolant au quartier. Ainsi, grâce à cette recomposition urbaine, le quartier avait retrouvé une homogénéité des lieux plus humaine. De ce lieu renaissent les quartiers des Petits-Clos, du Chemin Doux, du Clos Brette et de la Cloche de Bois. Des noms emprunts de la douceur des lieux.
La création d’une ville nécessite du temps
L’enjeu de ce projet d’aménagement programmé sur le long terme, était de permettre une véritable réintégration physique, économique et sociale du quartier Beaulieu dans la ville et le marché de l’habitat. Il s’agissait de favoriser l’attractivité du site depuis les quartiers voisins, en regroupant les équipements sportifs et culturels de manière cohérente, tout en complétant de nouveaux équipements. Il a fallu également restructurer des écoles et construire deux groupes scolaires et une Maison pour Tous. La conviction d’Arc-Ame l’agence d’architecture parisienne qui a participé à l’élaboration du projet, a été d’inscrire la ville dans un processus: « l’aménagement urbain repose sur le temps long, mais préparer le futur de la ville est un acte ancré dans le présent ».
Après 10 années de travail, d’élaboration, de réflexion
Aujourd’hui, la transformation physique, économique et sociale du quartier est largement engagée : un futur planifié en 2005 se transforme en réalité. Tout d’abord, il a fallu démolir 444 logements et préparer l’aménagement du quartier: la voierie s’est structurée, les réseaux d’assainissement et d’eau potable ont tissé leurs toiles dans l’espace constructible. Puis, des étendues vacantes, sont apparus un parc, des espaces gratifiés de jeux et un parcours de santé. Un mail piéton s’est installé dans le quartier: c’est un véritable espace public aménagé en une succession de jardins et d’aires de jeux dédiées aux enfants de 0 à 6 ans.
De nouveaux équipements, pour tous
Au sein du parc et sur le pourtour de la place du parc viennent s’intégrer des équipements sportifs: au nord une salle omnisports et un complexe sportif dédié à la danse, à la boxe, à la musculation et aux arts, au sud des salles de squash.
En ce qui concerne le groupe scolaire Edouard François l’agence d’architecture précise: « Pour réussir un quartier, il faut en réussir l’école car elle attire les nouveaux habitants ». Dehors, c’est une enceinte de pierre ponctuée de verdure, de haies, de clôtures végétales aux couleurs saisonnières et changeantes. Dedans, c’est un cahier des tendances à décliner sur les trois programmes du groupe scolaire: crèche, école maternelle, école élémentaire.
La différenciation crèche, maternelle et élémentaire s’opère dans ce jeu de références, de formes, de matières, de couleur. La crèche est égayée par des couleurs franches, des formes simples. Les «Moyens» de l’école maternelle évoluent dans les palettes de matières, bétons, troncs d’arbres…tandis que les «Grands», en primaire, sont en phase avec un monde plus industriel, référencé par la bande-dessinée: un monde de machines, de tuyaux, de mécanique. Les structures s’en inspirent: poutres en lamellé-collé laquées, en grumes ou encore en acier.
Les cours sont de véritables paysages. Au centre de chacune se trouve un volume abritant des rangements et une partie des sanitaires. Pour la crèche, il s’agit d’un rocher habité, pour la maternelle, d’un chalet en bois et pour l’élémentaire, d’une petite usine. L’école est un espace des possibles qui évolue avec l’enfant: un miroir proposé à son imaginaire. Ici, c’est aussi un livre ouvert d’architecture qui devrait susciter des vocations.
Mise en valeur des liaisons entre les éléments des divers quartiers
L’enclavement du quartier constituait l’un des grands facteurs de son déclin. L’ambition du projet urbain consiste à l’ouvrir sur la ville de Chartres et à réorganiser son fonctionnement. Il a été utile de créer du lien, de constituer des vecteurs d’échanges et de favoriser les mobilités vers et depuis le quartier. Dans la planification générale de l’opération, la création de grands axes de désenclavement a constitué une priorité. La voie Ouest-Est traversant le quartier et bordant le parc a été le premier facteur déclenchant une nouvelle appropriation des lieux par l’ensemble des habitants et des riverains.
Un maillage de circulations douces assure les liaisons avec les quartiers voisins
La création du mail central piéton a créé les conditions d’une redécouverte en profondeur du cœur du quartier par l’ensemble des Chartrains. Une attention particulière est portée sur les cheminements piétons et les modes de circulations douces. Ce maillage de circulations douces assure les liaisons avec les quartiers voisins, notamment avec la vallée de l’Eure dans le prolongement du mail central, ainsi qu’avec le mail de l’avenue Victor Hugo dont la reconfiguration est projetée. Toutes les voies du quartier sont aménagées pour offrir de larges trottoirs aux piétons et rééquilibrer ainsi les usages des axes. Le réseau de transports en commun accompagne la démarche générale et prend place sur des voies spécialement dessinées pour l’accueillir dans les meilleures conditions de confort et de sécurité.
Autour des logements, une mixité entendue dans tous les sens du terme
La démarche du projet consiste en une action radicale sur l’offre de logements de la ville de Chartres. La volonté première de la ville est d’introduire une mixité réelle dans le quartier pour en briser le caractère monofonctionnel et attirer de nouveaux habitants. La mixité est ici entendue dans tous les sens du terme.
Il s’agit aussi bien de mixité sociale, attirer de nouveaux habitants, obtenir une mixité dans les statuts d’occupation: accession à la propriété, location, secteur libre et secteur social. Créer une véritable mixité architecturale avec des logements individuels et collectifs de petites tailles : il s’agit d’éviter de reproduire un seul et même modèle architectural. Pour créer ce quartier ce sont 634 logements qui ont été démolis et 659 logements construits, dont 397 de réalisés et 292 en cours d’achèvement.
Donner une fonction commerciale au quartier
Le quartier dispose d’un réel potentiel commercial à l’échelle de la ville. Il n’est pas utilisé pleinement et souffre d’une organisation spatiale difficile sur laquelle se greffent des problèmes de stationnement. Le marché très actif et le centre commercial se tournent le dos, ils se gênent mutuellement au détriment de leur attractivité respective.
Le projet propose donc la mise en valeur d’une fonction commerciale, par la création d’une artère centrale à vocation économique, aux pieds des bâtiments. Elle rythmera le quartier et l’aménagement de la place Beaulieu sur laquelle des commerces seront présents. Cette logique va permettre le décloisonnement des secteurs et l’instauration d’une véritable perméabilité entre les fonctions habitat, loisirs, économiques et commerciales, au cœur de la vie sociale du quartier.
La conception de l’architecture de l’agence Arc. Ame
« L’architecture se pense dans le temps, un bâtiment s’imagine, se conçoit, se réalise, vieillit et se transforme. Nous concevons le métier d’architecte sur la durée : qualité des détails, pérennité des matériaux, mais aussi ouverture sur les évolutions d’usages et spatiales des bâtiments. L’architecture se pense dans l’espace. La maîtrise des différentes échelles de perception est au cœur de notre démarche. L’impact des constructions dans la ville ou sur un site naturel, mais aussi la qualité de vie des usagers et la rationalité de l’organisation, fondent notre approche spatiale et architecturale », ont déclaré Carole Vilet et Laurent Pezin.
L’agence réunit une équipe pluridisciplinaire aux compétences étendues à tous les métiers de l’aménagement et du bâtiment. Son mot d’ordre est: « La structure est le cœur de notre motivation ». Les échanges en interne sont permanents pour croiser les expériences nourries de nombreux projets de logements, d’équipements scolaires et sportifs, de locaux industriels, de complexes culturels, d’opérations de renouvellement urbain, de réalisation d’espaces publics, d’opérations d’aménagement…
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