Les chercheurs de l’armée chinoise considèrent le système Internet par satellite Starlink, exploité par SpaceX, comme une menace pour la sécurité nationale et estiment que Pékin devrait avoir la capacité de le détruire.
Un spécialiste indique que l’Armée populaire de libération n’a pas la capacité de vaincre Starlink.
Une émission de télévision militaire chinoise, Crazy Warfare Show, a récemment publié un article sur son site analysant les progrès des technologies américaines d’exploration spatiale, en mettant l’accent sur la constellation de satellites Starlink de SpaceX. L’article soulignait la valeur militaire de Starlink et son rôle critique dans la guerre Russie‑Ukraine tout en analysant si les armes antisatellites de la Chine pouvaient le vaincre.
Crazy Warfare Show est un programme télévisé militaire en ligne développé par Beijing Junwu Technology Co, une entreprise médiatique chinoise affiliée à l’État qui produit des programmes sur l’armement, l’armée et d’autres thèmes connexes.
L’article indique que Starlink a fourni un soutien technique important aux Ukrainiens dans la guerre contre la Russie, avec des dizaines de milliers de terminaux. Et que ce soutien a permis aux communications militaires ukrainiennes de surpasser celles de l’armée russe pour connaître en temps réel la situation et l’efficacité des frappes sur le champ de bataille.
« [Elon Musk, le PDG de SpaceX] a coopéré avec des militaires américains de haut niveau dans le domaine de la technologie spatiale, et a indirectement causé une perte majeure à l’armée russe », indique l’article. « [Starlink] est ce que la Chine devra affronter à l’avenir –dans une bataille critique bien plus difficile que la guerre Russie‑Ukraine. Par conséquent, la menace de ‘Starlink’ ne peut être ignorée. »
Starlink utilise des milliers de petits satellites en orbite à environ 550 km au‑dessus de la surface de la Terre pour transmettre l’internet à haut débit, en particulier dans les zones reculées, notamment celles frappées par des calamités naturelles ou ravagées par la guerre. SpaceX a actuellement plus de 2000 satellites Starlink en orbite autour de la Terre. L’entreprise espère avoir 4425 satellites Starlink en orbite d’ici 2024.
Quelques jours après l’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février, Elon Musk a annoncé que le service haut débit par satellite commencerait à fournir Internet aux Ukrainiens.
Si Starlink a permis de fournir des informations vitales dans des zones touchées du pays déchiré par la guerre, notamment à des centaines d’hôpitaux et de cliniques, il a également servi de lien pour permettre aux drones militaires ukrainiens de cibler plus efficacement les chars et les positions russes.
En plus des communications Internet, les satellites à large bande Starlink peuvent localiser des endroits sur Terre avec une précision de 8 mètres similaire à celle fournie par les satellites de positionnement global (GPS), selon un article de l’Ohio State University citant une revue à comité de lecture.
La constellation des satellites à large bande offre un potentiel de mise à niveau important. Elle peut être compatible avec diverses technologies militaires américaines, comme l’obtention de capacités de reconnaissance et de navigation de haute précision.
À l’ère de la guerre de l’information, Starlink a le potentiel d’interférer avec les communications de l’ennemi ou d’être équipé d’armes de combat sans pilote, indique l’article, ajoutant qu’il pourrait donner aux États‑Unis un avantage dans la guerre spatiale.
Toutefois, l’article affirme également que Starlink présente des vulnérabilités et que le système pourrait potentiellement être paralysé par une guerre électronique ou des interférences électromagnétiques, ajoutant que Pékin a fait des progrès significatifs dans les technologies antisatellites connexes ces dernières années.
Le rapport exhorte le Parti communiste chinois (PCC) à se préparer au développement coordonné de diverses armes antisatellites et à réduire rapidement sa dépendance à l’égard du GPS traditionnel afin d’éviter des pertes dans des batailles critiques à l’avenir, face à Starlink.
« Le système de navigation par satellite BeiDou [maison de la Chine] doit améliorer sa précision et [a besoin d’une mise à niveau] », indique l’article. « Si la Chine peut améliorer ses méthodes de piratage, ses chances de gagner [la course à l’espace] augmenteront sans aucun doute. »
Pékin n’a aucune chance de vaincre Starlink selon un expert
Sia Luoshan, commentateur des affaires militaires et expert de la Chine, a déclaré à Epoch Times le 28 mai que la Chine ne dispose actuellement que de quelques dizaines de satellites de navigation Beidou, alors que SpaceX a déployé à lui seul plus de 2000 satellites Starlink en orbite. Et la simple disparité du nombre de satellites en orbite place la Chine dans un désavantage significatif dans cette course.
« Pékin pourrait perdre ses satellites de navigation mondiaux d’abord avant de mettre hors service Starlink. La perte de ses capacités de positionnement entraînera la paralysie d’un grand nombre d’équipements militaires et d’installations civiles chinoises », explique M. Sia. « En clair, Pékin n’a aucune chance de vaincre Starlink. »
M. Sia affirme que l’attaque des satellites par le biais des réseaux informatiques est la méthode standard que les pays utilisent avant de décider d’abattre un satellite. Il ajoute que les missiles à énergie cinétique de Pékin pourraient avoir la capacité d’atteindre les satellites à certaines altitudes.
Toutefois, précise‑t‑il, la Chine devra prendre en compte divers aspects avant de tenter d’abattre les satellites d’un autre pays.
« Tout d’abord, comment Pékin va-t-il assurer la survie de ses propres satellites s’il en détruit d’autres ? Il pourrait finir par payer un prix beaucoup plus élevé, d’autres nations auraient également la capacité de détruire les satellites chinois », explique M. Sia. « Deuxièmement, si Pékin abat un satellite avec ses [missiles à énergie cinétique], les débris spatiaux qui s’ensuivront pourront aussi nuire aux satellites et engins spatiaux chinois toujours en orbite. Entre‑temps, cela suscitera l’indignation de la communauté internationale [ce qui entraînera des sanctions sévères contre la Chine]. »
M. Sia indique qu’il existe des technologies utilisant des engins spatiaux avancés pour « capturer ou mettre hors d’état de nuire un satellite », mais la Chine est en retard sur les États‑Unis dans ces domaines.
La Chine et la Russie élaborent des armes pour cibler les satellites américains les plus importants
Un récent rapport de la Defense Intelligence Agency (DIA) a révélé que la Chine et la Russie développent des armes capables d’attaquer les satellites américains. Le rapport a également constaté une augmentation massive des moyens spatiaux chinois et russes au cours des dernières années.
« L’espace est de toujours plus militarisé », indique le rapport (pdf). « Certaines nations ont développé, testé et déployé divers satellites et certaines armes de contre‑espace. »
Le rapport, intitulé « 2022 Challenges to Security in Space », indique que les flottes spatiales en orbite combinées de la Chine et de la Russie ont augmenté de plus de 70% au cours de la période allant de 2019 à 2021. Cette croissance, selon le rapport, est principalement motivée par la volonté des deux régimes d’ « exploiter » la dépendance technologique des États‑Unis à l’égard des infrastructures spatiales.
« Comme de plus en plus de nations et de services dépendent des capacités spatiales, en particulier dans les secteurs sociaux et économiques critiques, tels que le médical, la réponse aux catastrophes, les prévisions météorologiques et les transactions financières, la perte ou la dégradation de ces capacités perturbera toujours davantage la vie quotidienne », signale le rapport.
« La perturbation des dispositifs spatiaux entraînera probablement une dégradation des capacités militaires et de renseignements essentielles. »
Selon le rapport, le contrôle de l’espace est considéré comme vital pour gagner la guerre moderne que se livre les grandes puissances, car d’innombrables systèmes, du GPS aux technologies d’alerte aux missiles, dépendent des satellites pour fonctionner efficacement.
Pour cette raison, l’infrastructure spatiale américaine est depuis longtemps la cible d’opérations militaires et de renseignement chinois et russes.
Le général David Thompson, des forces spatiales, a déclaré en novembre que la Chine et la Russie menaient des cyberattaques « réversibles » (c’est-à-dire des attaques qui n’endommagent pas de façon permanente les satellites) sur l’infrastructure spatiale américaine « tous les jours ».
De même, la directrice du renseignement national Avril Haines a déclaré en mars que la coopération entre la Chine et la Russie contre les États‑Unis ne ferait que croître dans les années à venir.
« La perte des services de communication et de navigation basés dans l’espace pourrait avoir un impact dévastateur sur les combattants pendant un conflit », a déclaré le directeur de la DIA, le lieutenant‑général Scott Berrier, dans une déclaration faite le jour de la publication du rapport.
« C’est un des scénarios prévus les plus graves. Un domaine spatial sûr, stable et accessible est crucial alors que les capacités spatiales et les activités de guerre électronique de la Chine et de la Russie continuent de croître. »
À ce titre, selon le rapport, les efforts déployés par ces régimes pour miner ou attaquer l’infrastructure spatiale américaine constituent une menace immédiate et à long terme à laquelle il faudra faire face.
« L’objectif de Pékin est de devenir une puissance spatiale à large assise et pleinement capable », poursuit le rapport.
« Les efforts américains visant à garantir que le domaine spatial reste sûr, stable et accessible sont menacés. »
Les États‑Unis vont interdire les essais de missiles antisatellites
La vice‑présidente Kamala Harris a promis en avril que les États‑Unis ne procéderaient pas à des tests de missiles antisatellites (ASAT), invoquant des problèmes de sécurité.
Les États‑Unis deviennent ainsi la première nation à imposer une telle interdiction. Des essais de missiles antisatellites ont été effectués par les États‑Unis, la Chine, l’Inde et la Russie. Il s’agit d’une démonstration militaire au cours de laquelle un objet orbital est détruit à l’aide d’un système de missiles.
« En termes simples, ces tests sont dangereux, et nous ne les mènerons pas », a déclaré Kamala Harris dans sa première annonce politique majeure depuis qu’elle supervise le Conseil national de l’espace en 2021.
« À partir d’aujourd’hui, les États‑Unis s’engagent à ne pas effectuer de tests de missiles destructeurs, à ascension directe et antisatellites », a déclaré Mme Harris lors d’une visite à la base spatiale de Vandenberg en Californie. « Nous sommes la première nation à prendre un tel engagement. J’appelle toutes les nations à nous rejoindre. »
Mme Harris a cité le danger potentiel pour les astronautes et les satellites, faisant référence à un test effectué par la Chine il y a plus de dix ans qui a créé des milliers de débris qui sont toujours en orbite autour de la Terre.
« Ces tests, c’est sûr, sont imprudents, comme ils sont irresponsables. Ces tests pourraient également mettre en danger une grande partie de ce que nous faisons dans l’espace », a‑t‑elle déclaré.
Le 15 novembre, la Russie a testé un missile antisatellite qui a frappé un ancien satellite‑espion de l’ère soviétique en orbite terrestre basse, créant au moins 1632 débris spatiaux, selon une base de données de l’US Space Force sur les objets orbitaux.
D’autre part, la Chine a produit le plus grand groupe de débris spatiaux lors d’un lancement d’essai de missile en 2007, ce qui a donné lieu à environ 2800 fragments en orbite autour de la Terre, mettant en danger de nombreux satellites. En cas de collision, des services vitaux tels que le GPS et les alertes météorologiques pourraient tomber en panne.
La Maison Blanche a déclaré que les débris créés par ces tests menacent désormais les satellites et autres objets spatiaux vitaux pour la sécurité, l’économie et les intérêts scientifiques de toutes les nations, et augmentent le risque pour les astronautes dans l’espace.
Andrew Thornebrooke et Isabel van Brugen ont contribué à cet article.
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