L’avocat chinois des droits de l’homme Liu Xiaoyuan a récemment publié une photo de lui-même sur Twitter vendant des produits anti nuisible dans la rue à Pékin. Il a également annoncé qu’il s’était lancé dans ce nouveau commerce suite à la suspension de la licence de son cabinet d’avocats. Cela a peut-être embarrassé les autorités chinoises, car dès le lendemain on l’informait de la suspension de sa propre autorisation d’exercer sa profession d’avocat.
Sur la photo, Liu Xiaoyuan est assis sur le trottoir, à côté d’un petit chariot, tenant un panneau sur lequel on peut lire : « Piège à glue contre les mouches, Tueur de cafards, Piège à glue contre les rats. »
Sur Twitter, M. Liu a écrit : « Moi, Liu Xiaoyuan, un avocat de Pékin devenu chômeur contre ma volonté, je ne dépendrai pas des programmes gouvernementaux d’aide sociale ou de l’aide financière de l’Association des avocats. Bien que j’aie plus de 50 ans, j’ai décidé de créer ma propre entreprise. Je gagnerai ma vie en vendant des insecticides et des dispositifs qui peuvent éliminer les ‘quatre nuisibles’. » Les « quatre nuisibles » est un terme chinois qui désigne quatre grands types de ravageurs dont les rats, les mouches, les moustiques et les moineaux friquets.
Le 19 juin, le lendemain du jour de la parution de sa photo sur Twitter comme vendeur de rue suite à la fermeture de son cabinet d’avocats, le Bureau judiciaire du district de Chaoyang à Pékin a informé Me Liu que sa licence d’avocat avait été suspendue, selon un reportage de Radio Free Asia.
La personne qui l’a avisé a également informé Liu Xiaoyuan qu’il était le seul avocat à Pékin dont la licence avait été suspendue au cours de cette année, bien qu’il y ait eu pas mal de suspensions l’année dernière.
Me Liu, ancien associé du cabinet d’avocats Fengrui, qui est actuellement fermé, a fourni des services juridiques et des conseils aux dissidents politiques et aux victimes d’injustice sociale pendant plus de dix ans, telles que les victimes du scandale du lait contaminé. Il a été détenu à plusieurs reprises par les autorités chinoises sous différents chefs d’accusation, dont celui « de semer la discorde et de perturber l’ordre », une accusation couramment utilisée par les autorités chinoises pour punir les défenseurs des droits de l’homme.
Me Liu a déclaré à Radio Free Asia qu’il avait envisagé de poursuivre les autorités, mais qu’une affaire similaire, celle de l’avocat Cheng Hai, n’avait pas réussi.
« Cheng Hai a fait appel lorsque sa licence d’avocat a été révoquée, mais le tribunal a refusé d’accepter l’affaire », a déclaré Liu Xiaoyuan. « [Les autorités] ne peuvent tolérer l’existence d’avocats spécialisés dans les droits de l’homme comme nous… Je ne peux même pas protéger mes propres droits, et encore moins défendre les droits des autres. Comment puis-je être avocat dans le contexte actuel ? Je suis déçu par cette société et par le système judiciaire. Il serait plus juste de dire que je suis désespéré. »
Le 9 juillet 2015 lors d’une opération nationale de répression contre les militants des droits de l’homme et les avocats connue sous le nom d’ « Incident 709 » , Liu Xiaoyuan et des dizaines de ses collègues du cabinet d’avocats Fengrui ont été arrêtés par les autorités chinoises. Des centaines d’avocats, d’assistants juridiques et de militants des droits de l’homme ont été fouillés et placés en détention.
Les licences de bon nombre de ces avocats ont été suspendues ou révoquées. La suspension de la licence signifie que l’avocat ne peut plus pratiquer pendant quatre ans, tandis que la révocation de la licence met définitivement fin à sa carrière d’avocat.
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