Après 5 ans à la tête de la Chine, le leader chinois Xi Jinping ne peut se féliciter que d’avoir réussi à poursuivre en justice une longue liste de fonctionnaires corrompus, ce qui s’explique directement par une forte opposition qu’il rencontre au sein du Parti communiste chinois (PCC).
La consolidation de son pouvoir est le point central de la vaste campagne anti-corruption lancée par Xi Jinping en 2012. Son idée principale était, semble-t-il, d’évincer les plus importants associés et autres acolytes de Jiang Zemin, l’ancien chef du Parti, à la tête d’une puissante faction politique rivale.
Les accusations de corruption donnent à Xi Jinping et au chef de la lutte anti-corruption Wang Qishan, la raison la plus commode et la plus légitime pour lutter contre la faction de Jiang. Les membres de cette faction avaient largement profité des règlements laxistes sous le règne Jiang et de son successeur Hu Jintao (qui est considéré comme ayant été sous la coupe de Jiang lorsqu’il dirigeait le PCC).
Malgré la rhétorique officielle qui affirme que la campagne anti-corruption est en train de changer la culture politique décadente au sein du régime chinois, la situation réelle demeure bien triste.
Les experts et les cadres de l’agence anti-corruption chinois ont constamment fait allusion aux fonctionnaires qui résistent de façon passive à la direction centrale du Parti, en agissant avec lenteur ou en refusant d’adopter les mesures politiques de Xi Jinping. La faction de Jiang semble également être derrière les efforts visant à discréditer l’image de Xi et à l’affaiblir en Chine et à l’étranger.
L’un de ces complots en train de se développer, implique Guo Wengui, un milliardaire chinois qui vit actuellement dans un appartement sur la 5eme Avenue de Manhattan. Guo a fait des vagues au début de cette année après avoir informé les médias chinois à l’étranger qu’il envisageait de révéler des informations sur certains dirigeants chinois faisant l’effet d’une bombe.
Guo a initialement affirmé que ses informations aideraient les efforts de la lutte anti-corruption menée par Xi Jinping et Wang Qishan. Mais lors d’une interview accordée en avril dernier à Voice of America, Guo a déclaré qu’il aidait à l’enquête sur un membre de la famille de Wang Qishan, membre du tout puissant Comité permanent du Politburo, et que l’ordre de mener cette enquête avait été donné par Xi Jinping.
Il pourrait être impossible de corroborer complètement les affirmations de Guo concernant Wang ou sa famille, ainsi que toute autre information qu’il pourrait divulguer plus tard. Toutefois, Guo ne peut pas prétendre être désintéressé, car lui-même est membre du réseau politique de Jiang Zemin – Guo est proche du chef destitué de l’espionnage Ma Jian qui, à son tour, est l’homme de main de Zeng Qinghong – le bras droit de Jiang.
Pourquoi la faction Jiang chercherait-elle encore aujourd’hui à diviser Xi Jinping et Wang Qishan ?
Une raison serait liée à la réélection probable de Wang Qishan au poste du membre du Comité permanent en charge de la lutte anti-corruption au cours du 19e Congrès du PCC, qui est prévu pour la deuxième moitié de 2017. Ce conclave politique devrait amener à un important remaniement du leadership chinois.
Avec un nouveau mandat de cinq ans, Wang pourrait écraser, tout du moins fortement affaiblir, ce qui reste de la faction de Jiang. Sans l’entrave de la faction de Jiang, Xi Jinping pourrait accorder plus d’attention aux problèmes de l’économie chinoise qui ralentit et, peut-être, avoir plus de succès sur d’autres initiatives.
Étant donné que toute sa politique est en jeu, il est peu probable que Xi Jinping retire Wang Qishan de ses plans en se basant uniquement sur les divagations d’un magnat chinois en fuite et lié à la faction politique de Jiang. Mais ce ne sera pas les seuls problèmes que le leader chinois devra surmonter avant le 19ème Congrès du Parti.
Version anglaise : Anti-Corruption and Its Discontents
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