Hangzhou, la capitale de la province du Zhejiang, a été la première ville chinoise à introduire un système de « code santé ». À l’origine, les codes sanitaires étaient constitués de trois couleurs : vert, jaune et rouge. Mais depuis la fin du mois de janvier, l’orange a été ajouté pour indiquer que le détenteur du code réside dans une zone de prévention de la pandémie. Par ailleurs, l’utilisation du code sanitaire est contrôlée de manière toujours plus stricte. C’est désormais un outil de surveillance des populations, de pression sur les dissidents et de restriction de leurs mouvements.
Le système de code sanitaire de Hangzhou est basé sur le Government Cloud de Zhejiang, un moteur de codes sanitaires développé en trois jours par Alibaba Group Holding Ltd. Le 17 février, le Zhejiang est devenu la première province chinoise à bénéficier d’une « couverture complète du code de la santé ».
Le 11 février, lorsque le code sanitaire a officiellement été lancé à Hangzhou, l’application a été téléchargée plus de 1,3 million de fois le premier jour. Seules les personnes possédant un code vert peuvent circuler dans la ville. Celles dont le code est d’une autre couleur doivent s’auto-isoler ou répondre à certaines exigences en matière de tests PCR et attendre que leur code devienne vert.
Le code de santé est géré par l’application de paiement par téléphone Alipay. Il est donc possible de contrôler si une personne peut voyager ou non.
Selon Mana Data, un porte-parole du groupe Ant d’Alibaba, qui a contribué à développer la technologie dans les premiers temps, « nous n’avons pas de données sur les codes de santé ». Le porte-parole a ajouté que les normes et les informations sont gérées par le gouvernement chinois.
Surveillance du gouvernement
Commentant cette évolution, Li Yuanhua, anciennement professeur associé au Collège des sciences de l’éducation de l’Université normale de la capitale, déclare pour Epoch Times : « La politique du code de santé est difficile à mettre en œuvre en Europe et aux États-Unis, car ces pays ont des exigences légales strictes en matière de données sensibles à la vie privée, alors que la chose la plus importante pour la dictature totalitaire du PCC [Parti communiste chinois] est de surveiller tout le monde. »
Dans le passé, lorsque les mouvements de population étaient limités en Chine, le régime utilisait des « petites équipes de détection à pied », c’est-à-dire des femmes âgées assises à l’entrée des villages et des communautés résidentielles pour surveiller les gens. Elles repéraient toute personne qui n’était pas de la région. Aujourd’hui, l’environnement est différent et les méthodes de surveillance le sont également, explique Li Yuanhua.
« Le PCC utilise le big data et la technologie et sous prétexte de fournir des services à la population il exerce une surveillance autoritaire et totalitaire. Pendant cette pandémie, notamment à travers le code santé, les informations de chaque personne sont collectées et mises entre les mains du PCC. Si ces informations ne sont pas utilisées comme ils le prétendent (mais plutôt de manière malveillante), alors l’appareil de sécurité publique du PCC peut les utiliser pour surveiller n’importe qui. »
Selon un message Twitter de Xie Yang, avocat chinois spécialisé dans les droits de l’homme, l’utilisation abusive de ces informations est en cours depuis quelques mois.
Le matin du 6 novembre 2021, M. Xie prévoyait de prendre l’avion pour Shanghai afin de rendre visite à la mère du journaliste citoyen Zhang Zhan, détenu en prison. Mais à l’aéroport, le code de santé de M. Xie est devenu rouge, et il a dû rentrer chez lui. Cependant, le jour suivant, son code de santé est à nouveau passé au vert.
Xie Yang a posté des photos avant et après de son code de santé sur Twitter : « C’est de nouveau vert ! Qu’est-ce que ça veut dire ?! » Et d’ajouter que les codes de santé ne devraient pas être utilisés comme « un outil pour restreindre le mouvement des dissidents ».
Au début de la pandémie, il y avait déjà une opposition ouverte en Chine à l’utilisation par le PCC des prétendus codes de santé pour collecter des informations et des données personnelles.
Par exemple, en mai 2020, Robin Li, PDG de Baidu, proposait de mettre en place un mécanisme d’évacuation régulière des informations personnelles collectées pendant la pandémie afin de protéger la vie privée. Mais il n’y a pas eu de rapport de suivi.
Par opposition, toujours en mai 2020, la célébrité en ligne « Hudu », qui se targue d’avoir 5,3 milliards de vues faisait preuve d’un ton plus complaisant en publiant un article sur Sohu affirmant que pendant la pandémie, « les gens sont forcés de donner toutes leurs informations personnelles, notamment leurs noms, adresses, noms des conjoints, numéros de téléphone, lieux fréquemment visités et itinéraires de voyage ‑ tout cela au nom de l’intérêt public – et apportent une énorme contribution au contrôle et à la prévention efficace de la propagation de l’épidémie ». Malgré ce discours optimiste, l’usage normalisé du code sanitaire est davantage susceptible de porter atteinte à la vie privée des citoyens.
Une multitude de dérivés du « code de la santé » ont également vu le jour en Chine, tels que le « code de l’entreprise », le « code du talent », le « code de la chaîne du froid », le « code de l’harmonie domestique », le « code de non-détention », etc.
Le « code de mise en liberté surveillée » s’applique aux personnes assignées à résidence en attente de leur procès, celles qui sont en détention à domicile sous surveillance électronique ou celles qui sont libérées sur parole pour un traitement médical. Ainsi, un téléphone portable ordinaire fait désormais office de bracelet électronique.
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