Le 7 mars, les médias d’État chinois ont rapporté que Qin Gang, le nouveau ministre chinois des Affaires étrangères, avait annoncé que la Chine suivrait les principes de la « coexistence pacifique » (mirnoye sosushchestvovaniye en russe) dans ses relations avec les États-Unis. Le fantôme de Nikita Khrouchtchev, qui dirigeait l’Union soviétique durant la première partie de la guerre froide, devait chuchoter à l’oreille de Qin Gang et surtout de son maître Xi Jinping, le tout puissant chef du Parti communiste chinois (PCC). À l’époque, il s’agissait d’une opération psychologique soviétique destinée à anesthésier l’Occident, et surtout l’Amérique en tant que sa première puissance, pendant des décennies de la guerre froide.
En février 1956, lors du 20e congrès du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS), le chef du Parti Nikita Khrouchtchev a suscité une vive réaction des médias internationaux par la dénonciation de son prédécesseur Joseph Staline pour ses crimes et atrocités. Cependant, un message tout aussi important a été transmis concernant la politique étrangère et les relations internationales de l’Union soviétique.
Dans la section 6 du rapport du comité central au 20e congrès du PCUS, Khrouchtchev a précisé que le concept de « coexistence pacifique » constituerait l’un des principaux fondements idéologiques de la politique étrangère soviétique à l’avenir. Il a déclaré : « Le principe léniniste de la coexistence pacifique des États aux systèmes sociaux différents a toujours été et demeure la ligne générale de la politique étrangère de notre pays. »
Comme le font tous les communistes, Khrouchtchev a ensuite nié la réalité en affirmant que l’Union soviétique n’exportait pas le communisme vers d’autres pays : « Certes, parmi nous, les communistes, il n’y a pas de partisans du capitalisme. Mais cela ne signifie pas que nous nous sommes ingérés ou que nous nous apprêtons à nous ingérer dans les affaires intérieures des pays où règne le capitalisme. »
Les pays de l’Europe de l’Est et divers pays d’Afrique et d’Asie de l’époque savaient par expérience directe que ce n’était pas vrai. Bref, l’euphémisme marxiste de « coexistence pacifique » brandi par Khrouchtchev faisait partie d’une opération psychologique de désinformation destinée à masquer les véritables intentions des Soviétiques, à savoir l’exportation du communisme dans le monde entier.
L’idéologie communiste est machiavélique et pleine de contradictions. Cela facilite les revirements de la politique en fonction des circonstances. Les marxistes peuvent toujours citer Marx, Lénine ou d’autres dirigeants communistes pour justifier ces revirements et leurs politiques contradictoires. Dans ce cas concret, la « coexistence pacifique » était en contradiction avec un autre principe marxiste – celui de « contradiction antagoniste« . Selon ce principe, en raison de « différences irréconciliables », les sociétés communistes (fondées sur dictatures du parti unique) et capitalistes (démocraties libérales) ne pourraient jamais coexister en paix et, ainsi, la politique appropriée pour tous les pays communistes était d’être hostiles et belliqueux envers les pays capitalistes partout dans le monde.
Il est intéressant de noter que le premier chef du Parti communiste chinois, le « grand timonier » Mao Zedong, préférait au début le principe de la contradiction antagoniste à celui de la coexistence pacifique. Ce n’est que vers la fin de sa vie qu’il a assoupli son comportement belliqueux à l’égard de l’Occident capitaliste en permettant « l’ouverture » de la Chine à la suite de la visite du président américain Richard Nixon en 1972. Cette volte-face est devenue un élément principal qui est toujours présent dans la politique des communistes chinois. Le renversement de la politique de l’enfant unique, en vigueur depuis des décennies, et la récente annulation de la politique du zéro Covid, signée par Xi Jinping, sont des exemples des décisions arbitraires et non scientifiques de la direction communiste chinoise.
Le slogan de la « coexistence pacifique » a dominé les déclarations politiques soviétiques de 1956 jusqu’à l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. Heureusement, le président américain Ronald Reagan et de nombreux autres Occidentaux n’ont pas été dupes de la stratégie mensongère soviétique à long terme – la stratégie qui masquait les guerres par procuration soutenues par Moscou dans le monde entier.
L’évolution jusqu’à 2023
Depuis la mort de Mao en 1976, les dirigeants communistes chinois qui se sont succédé ont entretenu des relations largement pacifiques avec les pays occidentaux. Cela correspondait à leur tactique visant à persuader les « capitalistes » occidentaux d’aider la Chine à se moderniser. Le masque de l’État-parti chinois bienveillant et ouvert vers le monde s’est beaucoup fissuré à l’ère du dernier chef du Parti, Xi Jinping. Le comportement belliqueux et l’intimidation de Pékin se manifestant de manière de plus en plus évidente en mer de Chine méridionale et dans la zone frontalière sino-indienne, ainsi que dans la persécution continue des minorités chinoises telles que les Tibétains, les Ouïghours, les chrétiens et les pratiquants de Falun Gong.
Des signaux contradictoires émanent de Pékin. Les médias d’État chinois ont rapporté les paroles de leur ministre des Affaires étrangères sous l’angle de la « coexistence pacifique » : « La Chine continuera à suivre les principes du respect mutuel, de la coexistence pacifique et de la coopération gagnant-gagnant afin de poursuivre des relations saines et stables avec les États-Unis. » Ces médias soulignent que Qin Gang a aussi appelé les États-Unis à « abandonner la mentalité de guerre froide à somme nulle ».
Hmmm. Les États-Unis doivent abandonner la mentalité de la guerre froide à somme nulle tandis que les communistes chinois ressuscitent la stratégie de « coexistence pacifique » de la guerre froide. L’Amérique et l’Occident tout entier sont encouragés à avaler une fois de plus l’opération psychologique de diversion qui masque les véritables intentions et actions communistes.
Malgré la présentation apaisante des déclarations de Qin Gang par les médias d’État chinois, certains médias occidentaux y ont aperçu des choses bien différentes. Par exemple, Breitbart a rapporté que Qin Gang était « remarquablement belliqueux, menaçant les États-Unis de conséquences ‘catastrophiques’ pour des politiques ‘imprudentes’ telles que l’abattage de ballons espions chinois et le soutien à Taïwan ». En outre, « il a reproché sans relâche à l’administration Biden d’être prétendument à l’origine de tous les problèmes du monde et a menacé de représailles toute nouvelle action qui irait à l’encontre des intérêts impériaux de la Chine ». Ce n’est certainement pas une rhétorique qui peut être associée à la « coexistence pacifique ».
Réflexions finales
Les propos de Qin Gang rejoignent les remarques de Xi Jinping, rapportées le 6 mars par le Wall Street Journal. Selon le « nouveau grand timonier », « les pays occidentaux, menés par les États-Unis, ont mis en œuvre une politique d’endiguement, d’encerclement et de répression tous azimuts à notre encontre, posant des défis d’une gravité sans précédent au développement de notre pays ».
Ce ne sont pas des paroles de coexistence pacifique, mais des paroles belliqueuses et de confrontation qui renvoient au vieux principe marxiste de la « contradiction antagoniste ».
En tenant compte de l’expansion et de la modernisation continues de l’Armée populaire de libération chinoise – navires, sous-marins, avions, missiles tactiques et stratégiques, capacités spatiales, etc. – de l’utilisation croissante des forces armées pour intimider les voisins, ainsi que des récentes remarques de Qin Gang et de son maître Xi Jinping, on devrait miser sur la « contradiction antagoniste » comme véritable fondement idéologique des relations internationales de l’État-parti chinois.
Il faut s’attendre à davantage de belligérance, d’intimidation et de confrontation de la part de la Chine communiste et de ne pas se laisser duper par des discours apaisants de « coexistence pacifique ».
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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