Chine : un marché de l’immobilier en chute de plus de 30% malgré les efforts de sauvetage de Pékin

2 juillet 2024 20:19 Mis à jour: 2 juillet 2024 20:19

Le marché immobilier chinois a connu un nouveau déclin en mai, selon un rapport du Bureau national des statistiques (BNS) de Pékin publié le 17 juin. Selon des analystes, les nouvelles mesures prises par Pékin sont inefficaces pour relancer le secteur immobilier en difficulté.

Les données montrent qu’au cours des cinq premiers mois de 2024, les ventes de logements ont chuté de 30,5 % par rapport à l’année précédente, alors que les investissements des promoteurs ont baissé de 10,1 %. Toutefois, les autorités chinoises ayant l’habitude de sous-déclarer et de dissimuler des informations, il est difficile d’évaluer la véracité des données actuelles de Pékin en matière d’immobilier.

Néanmoins, selon les chiffres du BNS, les prix de l’immobilier ont continué à baisser en mai, le taux de baisse annuel s’étant légèrement accru. Dans les villes de premier rang, les prix des nouveaux logements ont baissé de 0,7 % par rapport au trimestre précédent, soit 0,1 % de plus qu’en avril. Les prix de vente des logements neufs dans les villes de premier rang ont diminué de 3,2 % par rapport à l’année précédente, marquant une augmentation de 0,7 % du taux de déclin par rapport à avril, a déclaré le BNS.

Liu Aihua, porte-parole du BNS, a déclaré lors d’une conférence de presse que les nouvelles données suggèrent que le secteur immobilier a montré des changements positifs depuis l’instauration de nouvelles mesures de Pékin à la mi-mai, visant à stimuler le marché. De janvier à mai, les revenus des ventes de bâtiments commerciaux et résidentiels nouvellement construits ont diminué de 27,9 %, une légère amélioration par rapport à la baisse de 28,3 % observée au cours des quatre premiers mois, a-t-elle déclaré.

Crise immobilière

« Le problème de l’immobilier en Chine est extrêmement difficile, voire impossible, à résoudre. Les autorités ne peuvent que faire semblant de s’y attaquer », a récemment déclaré l’économiste taïwanais Wu Jialong à l’édition chinoise d’Epoch Times.

Selon M. Wu, les données montrent que trop de maisons sont déjà construites, et a remis en question les stratégies de revitalisation urbaine du Parti communiste chinois (PCC), telles que « démolir les projets inachevés, démolir les propriétés abandonnées plus tôt, ou convaincre la population d’acheter des maisons déjà construites ». Selon M. Wu, les autorités chinoises n’ont pas de solution à la crise immobilière.

Le 17 mai, Pékin a déployé de nouvelles mesures visant à stimuler le marché immobilier, notamment en encourageant les gouvernements locaux à acheter les maisons invendues et à les convertir en logements abordables, ainsi qu’en réduisant les taux d’intérêt des prêts hypothécaires et les acomptes. Toutefois, les données préliminaires suggèrent que ces mesures n’ont qu’un impact minime sur le marché.

Davy J. Wong, économiste basé aux États-Unis, a déclaré à Epoch Times qu’il faudrait du temps au marché pour s’adapter à ces nouvelles mesures. Il a également souligné la nécessité de procéder à des réformes en profondeur plutôt qu’à des ajustements temporaires.

Selon lui, des mesures structurantes devraient inclure la réduction des taxes sur les transferts de propriété, le renforcement de la sécurité sociale afin de favoriser l’accès à la propriété pour les familles à faibles et moyens revenus, et une meilleure gestion du secteur de l’immobilier.

« Un cercle vicieux »

Un rapport de recherche de la Banque de Chine datant de 2023 indique que les prêts liés à l’immobilier ont toujours représenté environ 40 % du total des crédits bancaires chinois sur le long terme.

Au sujet du ralentissement du marché de l’immobilier, M. Wong a déclaré : « Cela n’affecte pas seulement la sécurité des prêts hypothécaires pour les banques, mais a également des implications plus larges. Il aura de graves répercussions sur l’ensemble du secteur de l’immobilier et sur les 56 industries qui y sont liées. En fin de compte, cela pourrait augmenter les taux de chômage et diminuer la rentabilité des entreprises, réduisant ainsi les marges bénéficiaires globales de toutes les entreprises concernées en Chine. »

M. Wu a souligné qu’à mesure que la crise du logement s’aggrave, les risques s’étendent, au-delà des banques, aux gouvernements locaux confrontés à des baisses de revenus et aux promoteurs privés qui risquent de faire faillite ou de faire des mises à pied, affectant de nombreux secteurs liés à l’immobilier.

« L’immobilier a toujours été une garantie essentielle pour les prêts bancaires. Si le marché des garanties s’effondre, la valeur du marché immobilier détenue par les banques s’en trouvera diminuée, ce qui affectera la structure de leurs actifs et pourrait entraîner des risques systémiques », a-t-il déclaré.

Le secteur immobilier contribue de manière significative au PIB de la Chine. Selon un rapport de la Banque mondiale, le secteur immobilier représente environ 30 % du PIB chinois.

« Avec un impact aussi important, un effondrement de l’immobilier pourrait déclencher un cercle vicieux de contraction économique », a averti M. Wu, ajoutant que « la poursuite de la détérioration [de ce secteur] pourrait exacerber les tensions sociales ».

Cheng Jing et Yi Ru ont contribué à cet article.

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