OPINIONS

La Chine veut contrôler Internet dans le monde – le peut-elle?

août 24, 2022 23:11, Last Updated: août 25, 2022 5:27
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Le Parti communiste chinois (PCC) tente de contrôler Internet par tous les moyens. Ce constat peut sembler alarmiste et exagéré, mais ce n’est pas le cas.

Chaque année, la Cyber Administration de Chine accueille la Conférence mondiale de l’internet. Selon les mots de Xi Jinping, la conférence a été conçue pour se concentrer sur « le développement et la gouvernance de l’internet mondial ». La conférence de cette année a eu lieu le mois dernier.

Phelim Kine, de Politico, a récemment écrit que le dirigeant chinois « souhaite désespérément un Internet qui s’aligne sur le concept de cyber‑souveraineté du Parti communiste chinois ». Xi Jinping et son équipe visent en priorité le « contrôle gouvernemental absolu de l’activité en ligne – avec censure et surveillance – au détriment de la vie privée et de la liberté d’expression ». Cela ne surprend personne. Après tout, c’est de la Chine communiste que nous parlons.

Ayant vécu dans le pays et ayant expérimenté la manière dont Pékin gouverne, je parle en connaissance de cause lorsque je dis ce qui suit : en Chine, les citoyens sont surveillés de très près, les activités en ligne des gens (leurs moindres achats, commentaires et recherches en ligne) sont minutieusement examinées. Aujourd’hui, Xi Jinping veut créer un monde dans lequel chaque gouvernement surveille ses citoyens de la même manière, d’où la création de la Conférence mondiale sur l’internet.

Cette conférence n’est pas un événement ordinaire. Un certain nombre de PDG étrangers de renom y ont participé, notamment Pat Gelsinger, le patron d’Intel, et Elon Musk, à la tête de Tesla. Lors de la dernière conférence, nous avons appris que des représentants d’au moins 18 pays et régions étaient présents. Parmi eux, des délégués de pays comme l’Afghanistan, le Cambodge, la Corée du Nord et la Syrie – quatre pays synonymes du mot « autoritarisme ». Par ailleurs, selon une déclaration du PCC, la conférence de cette année a été suivie par des dizaines de « leaders d’Internet de renommée mondiale, d’organismes industriels faisant autorité, d’intronisés au Temple de la renommée de l’internet et autres ».

Comme l’a expliqué Justin Sherman, membre de la Cyber Statecraft Initiative de l’Atlantic Council (think tank), le PCC veut se débarrasser complètement de l’approche multipartite de la gouvernance Internet. Au lieu de cela, le PCC serait plutôt favorable à la création d’un système permettant aux gouvernements d’exercer un contrôle total sur la manière dont est gouverné Internet. Bien que, techniquement parlant, la Chine ne puisse pas réellement contrôler Internet, elle peut diffuser ses philosophies douteuses par la coercition et de grandes promesses. Plus les pays et les gourous influents de la technologie adhèrent au modèle chinois, plus Internet commence à ressembler à l’internet chinois.

Pat Gelsinger, président-directeur général d’Intel Corp, prend la parole lors d’une session du Forum économique mondial (WEF) à Davos, en Suisse, le 25 mai 2022. (Hollie Adams/Bloomberg via Getty Images)

Si vous lisez ces lignes en Occident, vous n’avez pas à vous inquiéter, n’est‑ce pas ? C’est faux. Il n’est pas nécessaire de vivre en Chine pour voir son profil surveillé, ses mouvements en ligne suivis et ses commentaires censurés.

Cela nous amène à Google, de loin le moteur de recherche le plus populaire. On compte aujourd’hui 4,4 milliards d’internautes, dont 4 milliards utilisent Google. Aux États‑Unis, un pays de 329 millions d’habitants, au moins 246 millions utilisent Google. Bien sûr, d’autres moteurs de recherche existent – Mozilla, Firefox, Brave, DuckDuckGo, etc. – mais ils ne peuvent tout simplement pas rivaliser avec la puissance et l’influence de Google. Cette situation est problématique à bien des égards.

Comme l’a récemment noté le journaliste d’investigation Alan MacLeod, de nombreux ex‑agents de la CIA ont rejoint les rangs de Google. Ces dernières années, le colosse de la Silicon Valley a engagé un certain nombre de professionnels issus de l’agence de renseignement. Pourquoi ? En bref, « pour travailler dans des domaines politiquement très sensibles ». Ces recrues, note Alan MacLeod, influencent directement la façon dont nous, les utilisateurs, voyons le monde « sur ses écrans et dans ses résultats de recherche ».

Certains des ex‑agents de la CIA travaillent dans le département de fiabilité et de sécurité de Google, une branche dédiée à la séparation du contenu acceptable du contenu indésirable. C’est ce département qui fixe les règles de l’engagement de Google. C’est lui qui détermine ce qui apparaît (et n’apparaît pas) sur notre écran lorsque nous effectuons une recherche.

Google est une entreprise qui a l’habitude d’espionner les utilisateurs et d’induire sciemment le public en erreur. Cette société utilise des « cookies » (non, pas les délicieux gâteaux qui provoquent le diabète, mais les autres, aussi indigestes qu’invasifs) pour suivre l’activité en ligne des utilisateurs. Ces petits blocs de données sont utilisés pour identifier votre ordinateur. Même lorsque votre localisation est désactivée, Google peut toujours vous suivre.

En mars 2021, Google a promis de mettre fin à l’utilisation des cookies invasifs. Plus d’un an est passé cependant et cette promesse n’a toujours pas été tenue. Il y a de fortes chances qu’elle ne le soit jamais. Selon les auteurs de Reclaim the Net, Google a récemment reporté son projet de mettre fin à l’utilisation des cookies au moins jusqu’à la seconde moitié de 2024. Google, nous assure‑t‑on, s’efforce activement de trouver un moyen « respectueux de la vie privée » de suivre ses utilisateurs – une idée qui ne rassure absolument personne. N’oubliez pas que cette société a supprimé la clause « Don’t Be Evil » de son code de conduite.

Cela nous ramène à la volonté de la Chine de contrôler Internet. En vérité, quand il s’agit de nos grands patrons d’Internet, il n’y a pas de bonnes options. Qu’il s’agisse de Pékin ou d’un géant de la technologie comme Google, l’espionnage et la manipulation sont monnaie courante. Google est‑il aussi mauvais que le PCC ? Non, bien sûr que non. Cependant, ce n’est pas exactement un exemple d’impartialité ou de décence.

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