Alors que le taux de chômage a légèrement augmenté au 3e trimestre, Muriel Pénicaud a regretté « le conformisme » de certains employeur « dans la manière de recruter », estimant que « la bataille » contre la précarité devait être menée de façon « collective ».
Invitée de la matinale d’Europe 1 le 14 novembre, la ministre du Travail est revenue sur les derniers chiffres du chômage dévoilés par l’Insee au titre du 3e trimestre 2019.
Selon les calculs de l’organisme en charge de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles en France, le taux de chômage a augmenté de 0,1 point par rapport au trimestre précédent – soit 10 000 chômeurs supplémentaires – et s’établit à 8,6 % de la population active à fin septembre.
Une légère hausse après 16 trimestres de baisse consécutifs qui ne semble cependant pas inquiéter outre mesure Muriel Pénicaud : « Il faut garder une vision à long terme. »
Et la ministre de souligner que le taux de chômage a connu une baisse de 0,5 points sur un an : « Cela veut dire que 158 000 demandeurs d’emploi ont retrouvé un emploi. »
« La dynamique de création d’emplois est très forte », a-t-elle ajouté.
« Je crois qu’il faut continuer cette bataille pour l’emploi, ce n’est pas un long fleuve tranquille. Trente ans de chômage de masse, cela ne se réduit pas en un jour. Il faut continuer, tout le gouvernement est convaincu que nous en avons encore sous le pied ».
« Il faut que les employeurs ouvrent un peu leurs chakras »
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La ministre du Travail « laisse les économistes commenter »
Sous le feu des questions de Sonia Mabrouk, Muriel Pénicaud a pourtant parfois paru quelque peu déstabilisée, n’hésitant pas à botter en touche.
« Je laisse les économistes commenter, expliquer, mon rôle c’est d’agir », a-t-elle ainsi rétorqué à Sonia Mabrouk qui lui demandait si la hausse du chômage au 3e trimestre était due à la politique du gouvernement.
« Agir, ça veut dire être constant, cohérent dans le temps, de continuer. J’ai parlé de l’apprentissage, on a investi beaucoup sur la formation. Je rappelle qu’une entreprise sur deux ne trouve pas les compétences dont elle a besoin sur le marché du travail, c’est autant de demandeurs d’emploi qui n’ont pas trouvé un emploi », poursuit la ministre du Travail.
L’ancienne directrice générale des ressources humaines du groupe Danone n’a toutefois pas hésité à pointer du doigt ces mêmes employeurs, leur demandant de faire preuve de davantage de bonne volonté.
Si elle n’a pas jugé bon d’évoquer le poids du code du travail ni celui des prélèvements obligatoires qui pèsent sur les entreprises françaises, Mme Pénicaud a en revanche regretté le « conformisme » dont ferait preuve, selon elle, certains employeurs pour tenter d’expliquer leur frilosité en matière d’embauches.
« Je crois que les employeurs doivent aussi ouvrir un peu leurs chakras. Il faut qu’ils embauchent les seniors, les personnes en situation de handicap, les jeunes des quartiers. Il y a quand même beaucoup de conformisme dans la manière de recruter. »
« […] On a tendance à recruter uniquement sur le CV : il faut avoir le CV parfait, l’expérience parfaite, le diplôme parfait. Il y a plein de gens qui ont un potentiel, qui ont envie de travailler […] », renchérit la ministre.
« C’est une bataille collective. Nous avons besoin que les collectivités territoriales travaillent sur la garde d’enfants et les transports, car il y a des demandeurs d’emploi qui ne peuvent pas prendre un emploi à cause d’un problème de garde d’enfants ou de transport », conclut Muriel Pénicaud.
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