WASHINGTON – Le président Donald Trump a débuté son deuxième mandat avec une politique tarifaire audacieuse, bouleversant le commerce mondial.
Après avoir imposé des droits de douane additionnels de 10 % sur les produits chinois afin de combattre la crise du fentanyl, le président Trump a franchi une autre étape en imposant des droits de douane de 25 % sur les importations d’acier et d’aluminium.
Si cette mesure a suscité des inquiétudes chez les partenaires commerciaux des États-Unis, notamment l’Union européenne, elle a été saluée par les producteurs nationaux de métaux et les syndicats américains. Toutefois, certains économistes craignent que cette décision entraîne une hausse des prix.
Les droits de douane devraient entrer en vigueur le 4 mars.
Voici cinq éléments clés à retenir de l’ordre tarifaire de Donald Trump sur l’acier et l’aluminium.
1. Pays les plus touchés par les nouveaux tarifs
Le Canada, qui est le principal fournisseur d’acier et d’aluminium aux États-Unis, sera le plus affecté par ces derniers.
En 2024, les cinq premiers exportateurs d’acier vers les États-Unis étaient le Canada, le Brésil, le Mexique, la Corée du Sud et le Vietnam. Pour ce qui est de l’aluminium, les trois principaux pays exportateurs étaient le Canada, les Émirats arabes unis et le Mexique.
Pendant son premier mandat, Donald Trump a imposé des tarifs douaniers de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium. S’il a ensuite accordé des exemptions à plusieurs partenaires commerciaux, dont le Canada, le Mexique et le Brésil, il a maintenu les droits de douane pour la Chine.
Les administrations Trump et Biden ont toutes deux accusé la Chine de vendre à bas prix son acier sur le marché international. En mai 2024, Joe Biden a de nouveau augmenté les tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium chinois pour limiter l’exposition au dumping et de protéger les producteurs américains.
Cependant, certaines sociétés chinoises échappent à ces tarifs douaniers en recourant à des transbordements, c’est-à-dire en acheminant leurs marchandises par l’intermédiaire de pays tiers qui ne perçoivent pas de droits de douane.
Christopher Tang, professeur en gestion de la chaîne d’approvisionnement à l’Université de Californie-Los Angeles, croit que la Chine utilise des pays comme le Vietnam pour contourner les droits de douane américains.
« Elle a expédié des produits sidérurgiques au Vietnam, où des processus à faible valeur ajoutée sont effectués avant leur envoi aux États-Unis », a indiqué M. Tang à Epoch Times.

De plus, la Chine a accru ses exportations de métaux vers les pays du Sud et d’Amérique latine, a-t-il fait remarquer.
Depuis des années, la Chine inonde des secteurs stratégiques, tels que l’acier, d’une offre qui dépasse largement la capacité de la demande mondiale à l’absorber. Toutefois, la Chine n’est pas le seul pays à manipuler les marchés, selon un rapport de l’American Iron and Steel Institute (AISI).
« Au cours des dix dernières années, le Vietnam a connu une croissance remarquable de sa production d’acier de 243 %, tandis que ses exportations d’acier vers les États-Unis ont bondi de 264 % depuis 2014 », selon le rapport.
Le régime chinois subventionne également ses producteurs d’acier à l’extérieur de la Chine, en particulier dans des pays d’Asie du Sud-Est tels que l’Indonésie.
Les récentes taxes douanières imposées par Donald Trump sur l’acier et l’aluminium ont pour objectif de protéger les producteurs nationaux en réduisant la dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers.
2. Les points de vue des producteurs nationaux
Les fabricants d’acier et d’aluminium américains ont exprimé leur satisfaction envers les dernières mesures tarifaires de Donald Trump.
Les mesures commerciales prises par l’administration Trump ont favorisé un climat plus concurrentiel pour l’industrie sidérurgique américaine. Cela a entraîné des investissements considérables dans de nouvelles installations et des mises à niveau, selon l’AISI.
Kevin Dempsey, le directeur général de l’AISI, a salué cette annonce, qu’il considère comme une étape importante dans la lutte contre les pratiques de distorsion du marché.
« L’AISI salue l’engagement continu du président Trump envers une industrie sidérurgique américaine forte, qui est essentielle à la sécurité nationale et à la prospérité économique des États-Unis », a affirmé M. Dempsey à Epoch Times dans un communiqué.
Il a affirmé qu’il poursuivrait son travail avec l’administration Trump afin de mettre en place un programme commercial qui uniformisera les règles du jeu pour les sidérurgistes américains.

Alors que les exportations d’acier étaient en baisse constante dans les années précédant le premier mandat de Trump, la tendance s’est rapidement inversée après l’introduction de ses tarifs sur l’acier et l’aluminium. Selon l’Administration du commerce international, les expéditions américaines d’acier ont augmenté, passant d’environ 6 millions à plus de 8 millions de tonnes métriques, de 2020 à la fin de l’année dernière.
Selon les données de la Réserve fédérale, les taux d’utilisation des capacités pour les produits en fer et en acier ont augmenté pendant le premier mandat de Trump, mais ils se sont effondrés sous l’administration précédente.
Selon l’AISI, pour la semaine se terminant le 1er février, les usines fonctionnaient à 74,4 % de leur capacité.
Le Syndicat des Métallurgistes Unis (USW) a remercié Donald Trump pour avoir répondu aux enjeux de la surcapacité mondiale, alors que des « mauvais acteurs » comme la Chine ont tenté de submerger les marchés internationaux. Toutefois, le syndicat s’est élevé contre le fait que la Maison-Blanche pénalise des alliés commerciaux des États-Unis, tels que le Canada, à cause de la sous-cotation des industries américaines par d’autres pays.
« Le Canada n’est pas le problème. En effet, le Canada a pris des mesures pour coordonner ses politiques commerciales avec celles des États-Unis afin de répondre au commerce extérieur déloyal. L’application de tarifs douaniers généralisés nuit en fin de compte aux travailleurs des deux côtés de la frontière », a déclaré David McCall, président international de l’USW, dans un communiqué.
« Bien que notre syndicat estime que les tarifs douaniers constituent un instrument crucial dans la quête d’un équilibre commercial, nous préconisons une approche mesurée qui renforce notre industrie manufacturière tout en prenant en compte nos liens privilégiés avec nos alliés, tels que le Canada, qui respectent les règles. »
3. Secteurs affectés par les tarifs douaniers
Les secteurs les plus touchés par les droits de douane seront ceux qui dépendent des métaux, comme l’industrie des appareils électroménagers, celle de l’automobile et celle de la construction. L’aluminium est un matériau indispensable qui se retrouve dans une multitude de produits, des canettes de bière aux composants d’avion en passant par les feuilles d’aluminium, les ustensiles et le câblage électrique.
Sunderesh Heragu, professeur au collège d’ingénierie de l’université d’État de l’Oklahoma, est d’avis que ces secteurs verront leurs coûts augmenter à court terme.
« Les entreprises n’aiment pas l’incertitude », a déclaré M. Heragu à Epoch Times. « Elles veulent quelque chose de plus prévisible. Par conséquent, si l’environnement est incertain, il y a un risque qu’elles réduisent leurs dépenses d’investissement. »
Ces sociétés pourraient ne pas connaître une hausse de leurs dépenses de 25 % immédiatement, mais plutôt une augmentation plus modérée, a-t-il fait remarquer, jusqu’à ce que leurs réserves actuelles soient épuisées.
De nombreux dirigeants d’entreprise espèrent également que ces menaces de hausse des tarifs sont une tactique de négociation du président Trump, a affirmé M. Heragu.

4. Impact sur les consommateurs
Les droits de douane imposés par Donald Trump ont suscité une multitude de prévisions économiques prévoyant une résurgence des pressions inflationnistes.
Le rapport sur l’inflation à la consommation de janvier sera publié le 12 février, et les prévisionnistes s’attendent à ce que les variations annuelles de l’IPC global et de l’IPC de base demeurent stables.
Toutefois, une étude menée par l’Université du Michigan auprès des consommateurs a montré que les prévisions d’inflation pour l’année à venir ont augmenté d’un point de pourcentage pour atteindre 4,3 % en février.
« De nombreux consommateurs semblent préoccupés par la perspective d’une hausse de l’inflation l’année prochaine », a déclaré Joanne Hsu, directrice de l’enquête. « C’est seulement la cinquième fois en 14 ans que nous observons une hausse aussi importante sur un mois. »
Ewa Manthey, experte en matières premières chez ING, anticipe une augmentation des prix de l’aluminium sur le marché intérieur en raison des droits de douane imposés sur ce métal. Cette hausse pourrait entraîner une augmentation de la prime Midwest aux États-Unis.
« La prime du Midwest américain, le meilleur indicateur du risque tarifaire, est déjà en hausse de plus de 30 % depuis que Donald Trump a remporté l’élection présidentielle américaine », indique Manthey dans une note.
L’augmentation du prix de base du métal entraînera des répercussions sur l’économie dans son ensemble, selon Mark Malek, directeur des systèmes d’information de Siebert Financial.
« Indépendamment de la provenance des marchandises, ce sont les entreprises américaines qui devront payer les droits de douane », a déclaré M. Malek par courriel à Epoch Times.
« Il faut donc penser à tous les éléments de votre maison qui sont en aluminium ou en acier, de votre garage à votre cuisine, en passant par la structure elle-même. Tous ces articles pourraient subir une augmentation de prix suite à l’instauration de ces droits de douane, si ceux-ci sont adoptés. Il s’agirait d’une inflation par l’offre. »
Selon un récent rapport des économistes de la Deutsche Bank, ces droits de douane représentent également des risques additionnels pour les perspectives d’inflation de la Réserve fédérale.

5. Tensions internationales
Donald Trump envisage d’augmenter les tarifs douaniers dans les prochains jours en visant les pays qui imposent actuellement des tarifs élevés sur les produits américains.
Il a dit qu’il voulait imposer des droits de douane réciproques.
« Très simplement, s’ils nous facturent, nous les facturons », a-t-il affirmé devant les journalistes le 9 février.
La Commission européenne a annoncé dans un communiqué le 9 février qu’elle réagirait aux nouveaux droits de douane.
« L’UE ne voit aucune justification à l’imposition de droits de douane sur ses exportations. Nous réagirons pour défendre les intérêts des entreprises, des travailleurs et des consommateurs européens contre des mesures injustifiées », peut-on lire dans la déclaration.
Selon la déclaration, les pays européens considèrent l’imposition de droits de douane comme illégale et économiquement dommageable.
Selon un récent sondage de CBS, 56 % des Américains sont favorables à l’imposition de droits de douane à la Chine. En revanche, les tarifs douaniers appliqués au Mexique, au Canada et à l’Europe ne sont pas bien accueillis par la majorité des Américains. En outre, environ trois Américains sur quatre estiment que les récentes taxes douanières sur les importations entraîneront une hausse des prix.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.