À l’approche du XXe Congrès national du Parti communiste chinois (PCC), qui se tiendra à partir du 16 octobre, les villes chinoises ont renforcé les mesures anti‑Covid.
Selon une estimation de la banque japonaise Nomura, au moins 36 villes chinoises ont été placées sous un certain niveau de restrictions ou sont confinées. Ce sont quelque 196,9 millions de personnes en tout, contre 179,7 millions la semaine précédente.
Ces villes représentent près de 2% du produit intérieur brut du pays, ajoute la banque.
Nomura, comme d’autres banques d’investissement et institutions mondiales, a émis un avertissement quant à la paralysie chinoise liée aux mesures zéro Covid. Nomura a réduit ses prévisions de croissance économique à 2,7% du fait de l’extension des mesures de confinement depuis le mois de septembre. Au début de l’année, Nomura prévoyait une croissance économique de 4,3%.
Des habitants bloqués dans leurs quartiers
Shanghai, qui a connu un confinement de deux mois au printemps dernier, a fermé les lieux de loisirs et de divertissement dans trois districts, alors que seuls deux cas ont été signalés lundi en dehors des centres de quarantaine.
Les autorités ont également désigné plusieurs quartiers résidentiels comme des « zones à risque moyen ». Les habitants de ces zones à risque moyen ne peuvent plus quitter leur quartier.
Dans les petites villes ou les comtés, des régions entières ont été confinées. Le comté de Wenchuan, dans le sud‑ouest de la province du Sichuan, est une des dernières régions à avoir été confinée mardi.
Les médias locaux ont signalé que depuis le mardi 11 octobre, 7 heures du matin, les 82.000 habitants du comté ne sont plus autorisés à quitter leur domicile sans un permis spécial. Cet ordre est survenu après que le comté de Wenchuan a enregistré un cas lundi.
Malgré le bilan économique, le PCC a clairement indiqué mardi que le pays poursuivrait sa politique de zéro Covid, qui vise à éradiquer toute infection au sein de la population par des tests répétés, des confinements et une surveillance de masse.
Mardi, le Quotidien du peuple, a salué de la stratégie zéro Covid. Pour la deuxième journée consécutive, le journal a exhorté la population à bien respecter les règles.
Les pressions exercées sur les responsables pour qu’ils maîtrisent les épidémies ont augmenté à l’approche du XXe Congrès national du PCC. Au cours de cette assemblée, le dirigeant chinois Xi Jinping devrait obtenir un troisième mandat de cinq ans, créant un précédent. Sera également dévoilée la nouvelle composition du gouvernement.
Dans certains cas, certaines régions ont été placées sous confinement sans même qu’il y ait eu des cas. Dans la ville de Yongji, dans la province du Shanxi, les autorités ont annoncé un confinement de trois jours à compter de vendredi. Elles ont cependant reconnu qu’ « il n’y a pas d’épidémie ».
La politique zéro Covid ne manque pas de susciter l’indignation sur Weibo (le Twitter chinois). Certains utilisateurs n’hésitent pas à se moquer des fonctionnaires et de leur loyauté envers le Parti.
D’autres provinces et régions ont également interrompu les transports ou les déplacements des habitants, notamment le Xinjiang, à l’extrême‑ouest du pays. Les trains et les bus ne peuvent plus entrer ou sortir de cette région, qui compte 22 millions d’habitants.
La Mongolie intérieure au nord, est voisine du Xinjiang. Un avis de gouvernement a annoncé que les véhicules sont interdits d’entrée en Mongolie intérieure, un « point chaud » de la dernière vague.
Pour des millions de ressortissants chinois, les queues interminables toutes les 24 ou 48 heures pour faire des prélèvements dans la gorge sont devenues la nouvelle norme.
Les autorités ont émis un avis dans la soirée du lundi concernant la ville de Shanghai. Les 16 districts de la ville ont reçu l’ordre de tester leurs habitants deux fois par semaine jusqu’à la mi‑novembre.
Suivant une directive publiée mardi, les 13 millions d’habitants de la ville centrale de Zhengzhou doivent se faire tester quotidiennement. Il faut présenter un test PCR négatif effectué dans les moins de 24 heures pour prendre le métro, le bus, ou entrer dans un lieu public.
Malgré ces mesures, le nombre de cas a atteint mardi son plus haut niveau depuis deux mois. La Commission nationale de la santé de la Chine a signalé 2089 nouvelles infections locales au cours des 24 heures précédentes. C’est le chiffre le plus élevé depuis le 20 août.
Mais le décompte officiel est toujours plus contesté par les habitants et les spécialistes. Le régime chinois a l’habitude de minimiser et de dissimuler les informations
Les médias d’État prônent le zéro Covid
Les médias officiels ont souligné mardi que le pays devait poursuivre la politique zéro Covid.
« L’approche dynamique zéro Covid a le coût social global le plus bas et constitue la meilleure approche anti‑épidémique pour contrôler l’épidémie en Chine au stade actuel », peut‑on lire dans un commentaire publié mardi par le Quotidien du Peuple.
L’agence de presse nationale Xinhua a emboîté le pas.
« La prévention et le contrôle des épidémies ne doivent pas être relâchés », a commenté l’agence mardi. Elle a appelé les gens à se battre, à ne surtout pas « rester à plat ». Par cette formule, les responsables du PCC désignent le fait de vivre avec le virus.
Et d’ajouter : « Face à une situation pandémique compliquée, il est vital de surmonter les pensées paralysantes et la fatigue de ce combat. »
Stocker de la nourriture
Les restrictions généralisées ont ravivé les souvenirs des confinements passés, notamment celui de Shanghai. Les clôtures vertes sont réapparues à l’extérieur de certains immeubles.
« Je me prépare, je stocke du riz et des nouilles », a déclaré dimanche à Epoch Times un habitant de Shanghai répondant au nom de Wang. « Je ne sais pas exactement ce qui se passe, mais je crois que les problèmes sont de retour. »
Pour M. Wang, la politique zéro Covid est plus effrayante que le virus lui‑même.
Les autorités, selon M. Wang, désignent les habitants comme des contacts étroits sans utiliser de méthode rigoureuse, de ce fait leur code santé peur facilement virer au rouge. Un code rouge sur l’application anti‑Covid chinoise, indique un cas Covid potentiel. Avec un code rouge, on n’a plus accès à rien : plus de toilettes publiques, de magasins, de gares, etc. On risque un isolement obligatoire dans un centre de quarantaine.
« Il n’y a aucun moyen pour de prouver qu’on n’a rien », a ajouté M. Wang. « Nous sommes comme des agneaux à l’abattoir. »
Une femme vivant dans le district de Minxing, témoignant sous le nom de Xu, a déclaré que les autorités renforçaient les restrictions Covid inutilement, à la veille du XXe Congrès.
« [Les restrictions] ne sont absolument pas nécessaires, car les symptômes [du Covid‑19] sont plus faibles que ceux d’un rhume. Les fonctionnaires doivent nous contrôler à l’approche du congrès. C’est leur rôle. »
Mme Xu ne croit pas au narratif officiel. Les autorités ont renforcé la surveillance des commentaires sur Internet, a‑t‑elle précisé.
« Qui sait si [les explications des fonctionnaires] sont vraies ou non ? Nous ne pouvons pas en dire trop, car la police peut venir nous chercher immédiatement. Nous vivons comme en prison. »
Yi Ru et Lin Cenxin ont contribué à cet article.
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