Sur les ordinateurs du bureau, leur téléphone ou leur tablette, ils n’ont « pas loupé beaucoup de médailles »: comme Andréa, de nombreux salariés usent de tous les moyens pour regarder au travail, en cachette ou pas, les épreuves des Jeux olympiques, en dépit des sanctions disciplinaires encourues.
Avec « cinq rendez-vous par semaine, et deux mails par jour à envoyer… à 09h30 mon travail est fini », avoue, tout sourire, ce banquier de 34 ans (souhaitant, comme toutes les personnes interrogées par l’AFP, garder l’anonymat), qui regarde un combat de Teddy Riner tout en répondant aux questions.
Le programme du jour de cet employé d’une agence bancaire française : « Plongeon, handball, athlé, boxe, basket, BMX ce soir, judo… Si tout se passe bien, on peut prendre 5 ou 6 médailles ! »
Séduits par les performances des sportifs français, 54 millions de Français ont regardé au moins une minute des Jeux sur les chaînes de France Télévisions, soit 15 millions de plus que les JO de Tokyo au même stade en 2021, a indiqué jeudi le groupe public à l’AFP.
« Comme beaucoup de Français, on était attentistes avant le début des Jeux », concède Andréa, qui depuis s’est pris d’une passion : « Je n’ai pas loupé beaucoup de médailles ! »
« On regarde discrètement »
« Les horaires des épreuves correspondent bien, les Jeux se tiennent à la maison et les sportifs sont plus qu’au niveau et nous font vibrer », justifie-t-il.
Qu’importe si sa supérieure hiérarchique « n’a pas l’‘‘esprit JO’’ et n’a pas donné son accord » à l’équipe pour regarder les épreuves dans l’agence. « On regarde discrètement sur nos téléphones et nos tablettes et on en parle au déjeuner ! »
« Ça va, les JO, c’est tous les quatre ans… », relativise Leïla, 52 ans, responsable adjointe des achats dans une entreprise moyenne en France.
Les managers ont « rembarré l’équipe quand ils nous ont vu regarder les Jeux », mais « on continue à suivre sur nos téléphones en essayant de ne pas nous faire griller », s’amuse-t-elle. « C’est encore plus facile quand on est en télétravail. »
Reste que l’employeur peut sanctionner un salarié, au bureau comme en télétravail, s’il n’est pas affairé à sa tâche.
« Cela dépend du travail qu’on fait », précise Me Diane Reboursier, interrogée par l’AFP.
« L’employeur peut prendre des sanctions disciplinaires (un avertissement par exemple) si le salarié manque aux obligations de sécurité par exemple, s’il regarde son téléphone plutôt que de vendre dans un magasin ou servir dans un restaurant, s’il rate des informations ou des choses à faire », explique l’avocate spécialisée en droit social.
Mais « si vous êtes devant votre ordinateur et que vous regardez en parallèle la télévision, on ne pourra pas savoir sauf si vous ratez quelque chose », nuance-t-elle.
Tous les managers n’ont pas pour autant envie de sévir.
Des managers qui s’y intéressent aussi !
« Je ne me pose qu’une seule question : ‘‘est-ce que le travail est fait ou pas ?’’ », confie Pauline, 40 ans, qui gère une dizaine de collaborateurs dans une entreprise française cotée en bourse et qui avoue suivre elle-même les épreuves.
Claire, 29 ans, et ses collègues d’une agence d’intérim parisienne ne se cachent pas : « Le grand patron n’est pas là en ce moment mais il y a quand même les responsables de secteur qui sont carrément d’accord. »
« On regarde les JO soit chacun de notre côté quand on a du travail, soit en groupe quand c’est plus calme », confie la chargée de clientèle, qui rappelle que « pour la Coupe du monde (de football de 2022), on avait mis les matchs sur une grande télé ».
Regarder les JO au travail « permet de générer des discussions qui rapprochent des gens de cultures différentes », plaide Yann, 25 ans, responsable d’une équipe italienne dans le secteur de l’énergie près de Milan.
Pour cet ingénieur français, « quand se produit une performance remarquable, comme celle de Léon Marchand, ça peut devenir un sujet qui relâche des tensions éventuelles au sein des équipes ».
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