Les responsables de la sécurité et de la défense d’Asie et d’autres régions du monde se sont réunis à Singapour pour la conférence Shangri-La Dialogue, tenue du 31 mai au 2 juin. Ce forum annuel, au cours duquel les responsables échangent leurs points de vue et discutent de questions de sécurité urgentes, peut également laisser entendre des opinions les plus directes sur la vision du monde par la Chine.
Comment la Chine perçoit-elle l’état de la sécurité globale et qu’est-ce que cela signifie pour le monde ?
Alors que la plupart des forums diplomatiques sont remplis de subtilités destinées à gommer les désaccords, le forum Shangri-La Dialogue est connu pour ses discussions ouvertes et honnêtes. Bien que le régime chinois fasse visiblement des efforts pour ne plus être considéré comme un « loup combattant », ses représentants aux réunions internationales continuent de lancer des avertissements directs et de s’appuyer sur une rhétorique fougueuse pour exprimer leurs points de vue. Même si on n’apprécie pas cette rhétorique, elle ne laisse que peu de doutes sur la position de Pékin.
Les principaux représentants de la Chine à la réunion Shangri-La Dialogue ont adressé des avertissements fermes et directs aux Philippines et à Taïwan, proférant des menaces et des propos grandiloquents sur la destruction qui les attendrait s’ils n’acceptaient pas la position chinoise. Les propagandistes de Pékin ont essayé d’utiliser ce langage en insistant sur le fait que le droit international reconnaissait que la mer de Chine méridionale et Taïwan relevaient de la souveraineté de la Chine. Et ce, malgré la perte d’un procès contre les Philippines sur cette question à la cour internationale de La Haye et l’absence de toute déclaration internationale sur le statut de Taïwan.
Les acolytes du Parti communiste chinois (PCC) ont menacé tous les pays de la région et les pays éloignés tels que les États-Unis et l’Europe s’ils n’adoptent pas un comportement qui soutient la position de Pékin. Les menaces de « destruction » semblaient claires pour tous.
Une telle rhétorique n’est pas surprenante de la part du régime chinois. Que ce soit dans les briefings de son ministère des Affaires étrangères ou dans les déclarations à la presse concernant différents événements et exercices militaires, Pékin s’engage régulièrement dans une rhétorique grandiloquente qui menace et met en garde les États directement concernés, tels que les Philippines ou Taïwan, ainsi que les pays qui leur sont liés, comme les États-Unis, l’Europe ou le Japon.
Toutefois, le fait que cette rhétorique nous est familière ne veut pas dire que nous devrions nous immuniser contre les menaces proférées par Pékin et le risque bien réel qu’un jour cette rhétorique soit mise à exécution. Le régime chinois crée activement des conflits mineurs avec des navires philippins, notamment en les éperonnant et en les visant avec des canons à eau à l’intérieur de la zone économique exclusive des Philippines. La Chine mène des exercices militaires de plus en plus importants autour de Taïwan. La ligne de démarcation entre un conflit mineur et un grand conflit armé initié par Pékin n’est pas très large.
Le plus important, cependant, est la manière dont le régime chinois aborde la politique étrangère et la projection de sa puissance dans le monde. Pékin a clairement exprimé sa vision des relations avec d’autres États, qu’il s’agisse des Philippines, de Taïwan, des États-Unis ou de l’Europe, à la fois directement et indirectement, en laissant connaître sa vision du monde.
Bien que le nom « Chine » soit littéralement traduit du chinois par « pays du milieu » ou, plus généralement, par « empire du Milieu », le mot chinois pour « milieu » n’a pas le même sens que pour les Occidentaux – le siège du milieu d’une rangée, par exemple. Il désigne plutôt quelque chose de plus proche du centre ou du milieu autour duquel les autres tournent, comme les différentes planètes tournant autour du soleil.
Un autre point de vue déterminant la manière dont la Chine d’aujourd’hui perçoit les autres nations a été exprimé dans une déclaration faite en 2010 par son ministre des Affaires étrangères : « La Chine est un grand pays, et les autres pays sont petits, et c’est un fait. »
Cela témoigne que l’État-parti chinois ne considère pas les autres pays comme égaux, capables de mener leurs propres politiques et d’adopter des points de vue différents, mais plutôt comme des entités à contrôler et à dominer qui se soumettent à la volonté de Pékin, indépendamment de tout accord ou de toute loi.
Pékin est furieux que Taïwan n’envisage pas de renoncer à la démocratie et à la liberté pour devenir son vassal. Le régime chinois se moque de la décision de la cour internationale de La Haye, dont elle est signataire, selon laquelle la mer de Chine méridionale n’est pas une zone souveraine de la Chine ou que les Philippines restent souveraines dans leurs zones côtières. La Chine communiste se considère comme le centre souverain, et tous les autres pays, aussi petits soient-ils, doivent se plier aux exigences de Pékin sous peine d’encourir sa colère.
Il est bien préoccupant de voir à quel point les gens et les institutions deviennent aveugles face aux risques auxquels ils sont confrontés, jusqu’à ce que ces derniers se concrétisent. Pendant des années, le PCC nous a expliqué comment il voyait le monde et comment les autres devaient se comporter. Nous devons nous préparer en prenant au sérieux les menaces rhétoriques du régime chinois, en considérant qu’elles nous montrent la manière dont il agira à l’avenir, tout en espérant que ce ne soit pas le cas.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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