Lorsque le roi Louis XVI de France a été déchu de ses titres et fonctions, le 21 septembre 1792, et qu’une République française a été proclamée, il semblait que la dynastie des Bourbons touchait à sa fin. Après l’exécution de Louis XVI et de sa femme Marie-Antoinette l’année suivante, ainsi que la mort en prison de leur héritier âgé de 10 ans (appelé Louis XVII par les royalistes), peu de gens s’attendaient à un retour au pouvoir de la famille qui avait régné sur la France depuis 1589.
Lorsque le conquérant Napoléon Bonaparte se débarrasse de la République et se couronne empereur en 1804, il n’y a guère de raison de penser que, dix ans plus tard, un invalide obèse et atteint de goutte – vivant en exil dans la pauvreté – rétablirait les Bourbons sur le trône.
Louis Stanislas Xavier, comte de Provence, était le frère cadet de Louis XVI et le second dans la ligne de succession lorsque la Révolution française a éclaté en juillet 1789. Il ne fait pas bonne figure : il est dépensier et toujours endetté, remarquablement gros, incapable d’engendrer un héritier avec une épouse qu’il méprise, et politiquement maladroit. En 1791, il fuit la France et entame une vie d’exil qui durera 23 ans, passant des Pays-Bas à l’Italie, à l’Allemagne, à la Pologne, à la Russie et enfin à l’Angleterre, tantôt logé dans un lieu étranger, tantôt vivant dans un petit appartement au-dessus d’une boutique. Après la mort de son neveu en 1795, il se fait appeler Louis XVIII et est au centre de plans et de complots visant à raviver les prétentions de la maison de Bourbon sur la France.
Les espoirs de Louis sont illusoires tant que Napoléon règne, mais lorsque Bonaparte se surmène dans une tentative désastreuse de conquête de la Russie en 1812 et se retrouve face à une formidable coalition d’ennemis européens qui repousse ses armées vers Paris, la cause des Bourbons reprend vie. Depuis son exil anglais, Louis publie des proclamations qui promettent une constitution libérale pour son pays et aucune rétribution pour les ennemis de sa famille. En avril 1814, les armées alliées entrent dans la capitale française, Napoléon abdique et Louis XVIII est proclamé roi de France.
Le pays que Louis XVIII dirige désormais a beaucoup changé depuis l’époque de sa fuite. Les anciennes provinces, avec leur myriade de privilèges et de coutumes uniques, ont été remplacées par des départements uniformes, l’Église catholique est plus pauvre et plus faible, le système féodal a été aboli, les paysans ont été libérés de leurs anciennes obligations et les habitants sont désormais habitués à se considérer comme des citoyens dotés de droits. Il était impossible de restaurer l’ancienne monarchie absolutiste à laquelle les ancêtres de Louis étaient habitués.
Au lieu de cela, Louis s’est vu imposer une constitution qui maintenait le système juridique du Code Napoléon, le roi gouvernant par l’intermédiaire d’un corps législatif bicaméral – une chambre haute composée d’aristocrates et une chambre basse élue par les votes des hommes prospères (environ 1 % de la population). Le roi a largement laissé la fonction publique intacte et a libéré les prisonniers politiques.

Ce compromis ne semblait satisfaire personne. Les monarchistes de longue date regrettaient de ne pas pouvoir se venger des révolutionnaires qui les avaient chassés et s’étaient emparés de leurs terres, le clergé déplorait la perte des terres et des bâtiments de l’Église, les détenteurs de biens saisis pendant la révolution craignaient d’être contraints de les restituer, les libéraux s’indignaient du remplacement du drapeau tricolore national par la bannière blanche des Bourbons, et l’armée protestait contre les réductions massives de son budget et de ses effectifs, après des années de guerre. L’enthousiasme mitigé pour le retour de Louis s’amenuise à mesure que les campagnes s’enfoncent dans le marasme économique.
La première Restauration des Bourbons prend fin avec l’évasion de Napoléon de son exil sur l’île méditerranéenne d’Elbe en mars 1815. Les troupes envoyées pour l’arrêter désertent rapidement aux côtés de l’empereur qui marche sur Paris. L’accueil réservé à Napoléon peut être jugé à l’aune de cette série comique d’annonces parues dans les journaux au fur et à mesure de sa progression :
• 9 mars : « Le Cannibale a quitté son repaire »
• 10 mars : « L’Ogre corse débarque au Cap Juan »
• 11 mars : « Le Tigre est arrivé à Gap »
• 12 mars : « Le Monstre a dormi à Grenoble »
• 13 mars : « Le Tyran passe à Lyon »
• 14 mars : « L’Usurpateur dirige ses pas vers Dijon, mais les braves et loyaux Bourguignons se sont levés en masse et l’entourent de toutes parts »
• 18 mars : « Bonaparte n’est plus qu’à soixante lieues de la capitale ; il a eu la chance d’échapper à ses poursuivants »
• 19 mars : « Bonaparte avance à pas rapides, mais il n’entrera jamais dans Paris »
• 20 mars : « Napoléon sera, demain, sous nos remparts »
• 21 mars : « L’Empereur est à Fontainebleau »
• 22 mars : « Sa Majesté Impériale et Royale est arrivée hier soir aux Tuileries, au milieu des acclamations joyeuses de ses sujets dévoués et fidèles »
Juste avant l’arrivée de Napoléon, Louis XVIII prend ses jambes à son cou et s’enfuit en Angleterre. La première Restauration des Bourbons prend fin.
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