La Shanghai Electric Power Co. Ltd. a décidé d’interrompre le chantier d’une centrale qui devait fournir de l’énergie « verte » dans la région chinoise du Xinjiang, car celle-ci produit avant tout des effluents pollués.
Dans un rapport déposé le 28 décembre à la Bourse de Shanghai, la société a déclaré qu’en raison du dysfonctionnement d’un système de purification des gaz, les manœuvres sur le chantier de la centrale au gaz Hami Xuanli avait abouti au déversement d’une quantité considérable d’eaux usées contenant du phénol (aussi appelé acide carbolique).
L’entreprise publique a donc fait part de sa décision de fermer le chantier et de se débarrasser des équipements mis en cause.
La centrale Hami Xuanli devait « exploiter les gaz liés au traitement du goudron de houille d’un parc industriel et produire de l’électricité au moyen de turbines à gaz et à vapeur combinées », selon la présentation officielle du projet datant de 2014.
La compagnie d’électricité a déclaré qu’après une inspection des lieux en 2021, une équipe d’experts indépendants a établi que les installations d’épuration nécessitaient d’importantes rénovations pour ne plus nuire à l’environnement. « Cela est coûteux et l’effet reste incertain », auraient déclaré les experts.
Plus concrètement, l’équipe d’experts a annoncé à la Shanghai Electric Power Co. qu’elle épongerait des pertes totales de 91 millions de dollars en raison de la dépréciation de sa filiale Hami Xuanli Gas Power Generation Co. de 47 millions de dollars, cumulée à la dépréciation de sa filiale Luojing Gas Turbine Power Plant de 44 millions de dollars.
La centrale électrique de Luojing a loué diverses installations pour le chantier. Elles seront démantelées, car elles ne répondent pas aux normes et sont inutilisables dans des centrales électriques du même type dans le pays.
Au 29 décembre, dernier jour de cotation pour 2021, l’action de la société cotée à Shanghai a fortement baissé.
C’est en 2014 que le chantier a été approuvé par le Corps de production et de construction du Xinjiang (XPCC), un organe du gouvernement économique et semi-militaire souvent appelé de manière simplifiée « Bingtuan » en chinois (le « corps militaire »).
En mai 2020, selon le site bingtuan.com, le responsable du chantier, Xu Jihui, a déclaré :« L’objectif majeur du projet est d’utiliser au maximum les gaz émis par les industries du parc, tout en purifiant ces gaz pour respecter les réglementations en matière de protection de l’environnement. »
Le site précise que c’est dans le cadre de la cérémonie de pose de la première pierre de la centrale à gaz, organisée par Bingtuan, que ces paroles ont été prononcées. On nous informe également que la centrale vise à « réduire davantage la pollution du parc industriel pour l’orienter vers un développement de haute qualité en préservant son efficacité et l’environnement en même temps. »
La Chine est le plus grand émetteur de CO2 au monde. Le régime a annoncé que les émissions carbone du pays atteindraient un pic en 2030, puis commenceraient à diminuer, l’objectif étant d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060. Pour retarder ses efforts de réductions jusqu’à 2030, le régime a fait valoir que la Chine est toujours une économie en développement et qu’on ne peut pas lui imposer les mêmes exigences que les pays développés.
Le Bingtuan ou XPCC est une entité économique et paramilitaire singulière de la région autonome ouïghoure du Xinjiang subordonnée au Parti communiste chinois (PCC). En 2020, le département du Trésor américain a dénoncé certaines de ses activités et sanctionné ses pratiques de violations des droits de l’homme à l’encontre des Ouïghours et d’autres minorités ethniques.
Le 23 décembre, le président américain Joe Biden a promulgué une loi interdisant toutes les importations en provenance de la région du Xinjiang en raison des inquiétudes liées au travail forcé.
La loi sur la prévention du travail forcé des Ouïghours s’inscrit dans le cadre des mesures prises par les États-Unis face au traitement réservé par Pékin à la minorité ouïghoure de Chine, que Washington a qualifié de génocide.
Selon le média local Time-Weekly.com, la dépréciation du chantier de Hami Xuanli en raison de ses effluents pollués a déjà coûté 66 millions de dollars à la Shanghai Electric Power Co. en 2020.
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