Le roi Charles III a été couronné samedi à l’abbaye de Westminster à Londres lors d’une cérémonie chrétienne pleine de pompe et de solennité, huit mois après la mort d’Élizabeth II.
Point d’orgue de cette consécration, préparée sans grand enthousiasme populaire et marquée par des arrestations de manifestants anti-monarchie, l’archevêque de Canterbury a posé sur la tête du souverain de 74 ans la couronne de Saint-Édouard, en or massif et sertie de rubis.
Vêtu d’une simple chemise en lin pour réapparaître vêtu de la « supertunica »
Vêtu d’une simple chemise en lin blanc, le roi avait peu avant reçu l’onction à genoux, protégé des regards par des paravents brodés, pendant que retentissait le fameux « Zadok The Priest » d’Haendel.
Il a réapparu aux yeux de l’assistance et des centaines de millions de téléspectateurs attendus, pour revêtir la « supertunica », manteau en soie enveloppée de fines pièces d’or, puis le manteau impérial, en étoffe d’or. L’étole royale sur les épaules, le gant du couronnement en cuir blanc enfilé sur une main, un sceptre dans chaque main, le roi a ensuite reçu la couronne de plus de deux kilos, utilisée pour tous les couronnements depuis 1661.
« God Save The King ! » S’est exclamé l’archevêque de Canterbury Justin Welby, premier dignitaire de la religion anglicane. Des trompettes ont retenti et des coups de canon ont été entendus aux quatre coins du Royaume-Uni ou tirés depuis des bateaux de la Royal Navy en mer. Son héritier William, agenouillé, ensuite prêté allégeance à son père. Camilla, 75 ans, la deuxième épouse de Charles, a ensuite été bénie et couronnée.
Une cérémonie plus moderne et plus courte
Charles III est devenu roi du Royaume-Uni et de 14 pays du Commonwealth, du Canada à l’Australie en passant par la Jamaïque, en septembre à la mort de sa mère Élizabeth II, à l’âge de 96 ans. Son sacre, unique en Europe, en est la confirmation religieuse et le Royaume-Uni n’en avait plus vu depuis 1953. S’il a été modernisé avec une durée plus courte, des représentants des principales religions et du gospel chanté en plus des classiques, ce rituel millénaire a donné l’occasion à la monarchie britannique de déployer toute la pompe dont elle a le secret.
Le roi a quitté le palais de Buckingham dans un carrosse tiré par six chevaux, traversant sous la pluie le centre de Londres devant des milliers d’inconditionnels de la famille royale et quelques pancartes « Not my king » (« pas mon roi »), inimaginables sous sa mère. Il a franchi les portes de l’abbaye vêtu du manteau d’État de son grand-père George VI, notamment suivi de quatre pages, dont son petit-fils George, suivi de la reine, en robe ivoire brodée de fleurs.
Le prince William et son épouse Kate ont rejoint les autres membres de la famille royale, dont le prince Harry, relégué au troisième rang et privé de tout rôle officiel durant cette journée historique, conséquence de son départ en Californie en 2020.
2300 invités
Le roi a été accueilli comme le veut la tradition par un enfant de la Chapelle-Royale. L’archevêque de Canterbury a ensuite procédé à la « Reconnaissance », visant à entériner le roi comme le vrai souverain du Royaume-Uni et de 14 autres États. « God save King Charles », a-t-il lancé repris en chœur par l’assistance.
Le roi a ensuite prêté serment sur la bible avant que ne se déroule la cérémonie devant les 2300 invités, dignitaires étrangers comme le président français Emmanuel Macron ou la femme du président américain Jill Biden, célébrités comme l’actrice Judi Dench, représentants de la noblesse, responsables politiques et représentants de la société civile.
Dans un Royaume-Uni en pleine crise du coût de la vie, l’événement, avec ses sceptres en or, carrosses somptueux et couronnes serties de diamants parmi les plus gros au monde, a été préparé sans grand enthousiasme populaire.
Quelques arrestations de manifestants avant la cérémonie
Autre ombre au tableau : la police, engagée dans une de ses plus importantes opérations de sécurité avec plus de 11.000 agents mobilisés, a arrêté plus de 20 manifestants avant le couronnement, dont six anti-monarchistes et des militants écologistes qui souhaitaient protester sur le parcours royal. « C’est quelque chose que l’on s’attend à voir à Moscou, pas à Londres », a protesté l’organisation Human Rights Watch.
Si les antimonarchistes restent très minoritaires, leur proportion monte au sein de la population, surtout chez les jeunes. Leur présence était inimaginable sous Élizabeth II, signe des défis pour Charles III, souverain déjà âgé bien moins populaire que sa mère ou que son héritier William, 40 ans.
Une foule nombreuse, joyeuse et parée aux couleurs du Royaume-Uni a fait le déplacement de tout le pays, mais aussi de l’étranger pour assister à cet événement historique et voir passer le couple royal et la procession. Être ici c’est « faire partie de l’avenir. C’est un couronnement, c’est une chose importante », s’enthousiasme Dave Giddings, 41 ans, venu d’Écosse avec sa femme et son fils sur le Mall, pour assister au plus près à l’événement, malgré la pluie.
Après le couronnement, des repas de voisinage et un concert à Windsor sont notamment prévus dimanche, avant un jour férié lundi.
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