Les forces du régime syrien, appuyées par la Russie, ont brisé le plus récent cessez-le-feu et ont bombardé les rebelles dans l’est d’Alep. Les bombardements aériens auraient été menés sans égard pour les non-combattants, avec l’utilisation de bombes incendiaires et des bombes anti-bunker qui ont détruit des hôpitaux souterrains.
De leur côté, les forces de la coalition menées par les États-Unis semblent suivre les règles lorsqu’elles viennent à terrasser le groupe terroriste Daesh (ou État islamique en Syrie et au Levant). Il est toutefois difficile pour elles de confirmer des cibles dans le territoire de Daesh, faute d’avoir beaucoup d’yeux sur le terrain pouvant guider les tirs et éviter les civils.
Je pense, d’emblée, que la Russie nous manipule à souhait.
– Drew Berquist
Ces deux approches mettent en évidence certains des aspects les plus importants de la guerre contre Daesh et la guerre entre le régime syrien et les rebelles. Tandis que la coalition s’efforce de suivre les règles, les autres acteurs font à leur guise.
Alors que les tactiques utilisées par la Russie et la Syrie, en particulier, sont dévastatrices mais efficaces, les États-Unis n’arrivent pas à garder le rythme.
« Je pense, d’emblée, que la Russie nous manipule à souhait », affirme Drew Berquist, un expert en antiterrorisme pour la communauté du renseignement américain et fondateur d’OpsLens, un site web commentant les questions de sécurité nationale. « [Vladimir] Poutine appuie sur les boutons, sachant que nous n’allons pas répliquer. »
M. Berquist affirme que durant son récent déploiement au Kurdistan, dans son ancien rôle de contractuel en renseignement auprès des États-Unis, il a manqué un souper de l’Action de grâce parce que la Russie avait lancé des missiles au-dessus d’un aéroport irakien, ce qui avait causé l’annulation des vols par mesure de sécurité.
« Ils ont répété le geste il y a quelques semaines », fait-il remarquer.
Beaucoup des problèmes auxquels font face les États-Unis dans la lutte contre Daesh sont reliés à la stratégie de guerre aérienne plutôt que l’envoi des troupes sur le terrain.
Un des problèmes les plus épineux de cette stratégie, c’est qu’il faut avoir des yeux sur le terrain pour confirmer si une cible est en effet hostile afin de frapper des cibles en territoire ennemi. Par exemple, s’agit-il vraiment d’un hôpital ou est-ce un centre de commandement terroriste ?
Or, n’entre pas ou ne sort pas qui veut du territoire contrôlé par Daesh. Les gens sur le terrain qui voudraient coopérer avec les forces de la coalition le font à leurs risques et périls, ils peuvent être exécutés pour avoir utilisé un téléphone intelligent, par exemple.
Il n’y a donc pas beaucoup d’informations qui sortent du territoire de Daesh. Ainsi, il est difficile pour la coalition de mener des frappes aériennes, car elle doit s’efforcer d’éviter les dommages collatéraux. M. Berquist affirme que des frappes sont souvent annulées pour éviter de causer du tort à des civils, « même si la cible est très attrayante ».
Il y a des répercussions à cette approche mesurée et relativement délicate. « Non seulement nous leur donnons plus de temps pour inspirer, former et développer des opérations, mais nous laissons aussi cette crise des réfugiés s’envenimer », estime M. Berquist. « Cela fait boule de neige et beaucoup d’autres problèmes apparaissent. Lorsque les réfugiés s’enfuient, ils passent par la Turquie et il y a des pochettes de Daesh partout à travers le pays » qui, selon lui, peuvent radicaliser ou infiltrer les groupes de réfugiés.
Entre-temps, les protocoles rigoureux suivis par la coalition ne sont pas suivis par les autres groupes impliqués dans le conflit. M. Berquist affirme que l’Irak, par exemple, qui est soutenu par les États-Unis, « fait encore moins attention dans ses sorties aériennes ».
Il y a eu des fois où les forces américaines ont alerté les forces irakiennes quant à la présence d’endroits potentiellement contrôlés par Daesh et elles ont appris par la suite que les Irakiens avaient bombardé la zone sans confirmer l’information.
Quant aux récents bombardements à Alep par le régime syrien, M. Berquist affirme qu’il est possible que la Russie – bien que n’appliquant pas vraiment autant de discernement que les États-Unis – se trouve dans une position similaire, où l’allié local est souvent irréfléchi.
Tandis que la Russie ne veut probablement pas trop de mauvaise presse, M. Berquist fait remarquer qu’elle « apprécie aussi être sous les projecteurs » afin d’être perçue comme une puissance mondiale. De l’autre côté, « je pense qu’elle a du plaisir à mettre au défi les États-Unis en ce moment, à voir à quel point elle peut nous pousser », ajoute-t-il.
Version originale : The Unintended Consequences of Restrictions on War
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