Bien que la Corée du Nord et la Chine entretiennent traditionnellement des relations modérément cordiales, l’harmonie n’est pas toujours au rendez-vous entre ces deux états voisins.
Il est étonnant de constater que la Corée du Nord est entièrement dépendante de la Chine. Lors de la Guerre de Corée, ayant échappé de justesse à la destruction aux mains des Nations unies et des troupes sud-coréennes, la dictature nord-coréenne, héritière du communisme stalinien, doit son salut entièrement à l’intervention opportune de l’« Armée des volontaires du peuple » de la nouvelle Chine communiste alors présidée par Mao Zedong.
Comment la Chine, un demi-siècle plus tard et quelques décennies après que son idéologie ultra-gauchiste ait fait place nette au capitalisme de marché, daigne encore soutenir un régime nord-coréen hyper-militarisé et agressif ?
Cet État totalitaire qui rappelle davantage les visions dystrophiques de George Orwell qu’une nation du 21e siècle, est une catastrophe économique et humanitaire et représente un casse-tête non seulement pour ses principaux rivaux sud-coréens et américains, mais aussi pour son alliée la Chine.
Les essais nucléaires
Depuis 2006, le régime nord-coréen a mené quatre essais nucléaires dont la puissance a progressivement augmenté. Ces essais ont provoqué l’ire de la communauté internationale, en particulier du Japon et de la Corée du Sud, que la propagande officielle du Nord diabolise en permanence. Lors du dernier essai nucléaire en janvier dernier, les autorités du Nord ont affirmé avoir fait exploser une bombe à hydrogène.
Bien que l’annonce du régime nord-coréen de la construction d’une bombe à hydrogène fonctionnelle se soit avérée plus ou moins fallacieuse, le fait que le pays ait continué à consacrer des ressources démesurées dans l’amélioration de son arsenal nucléaire et de ses systèmes de lancement, inquiète Pékin, Séoul et Tokyo. Pour la Chine, qui pour des raisons économiques a cessé d’affronter d’autres pays sur le plan idéologique, contrôler son « petit frère » devient plus difficile lorsque ce dernier se montre virulent.
Une autre menace qui plane sur tous concerne l’avenir de l’arsenal nord-coréen en cas de crise du pouvoir ou d’un soulèvement populaire dans cette nation appauvrie.
L’ombre d’une crise de réfugiés (ou pire)
Une question inquiète davantage que l’armement nucléaire : qu’arriverait-il si la Corée du Nord, un pays où l’électricité est rationnée et la circulation automobile presqu’inexistante, faillit entièrement en tant qu’État ? Outre le risque de guerre civile nucléaire, les réfugiés pourraient inonder la Chine par millions.
Pays comptant parmi les plus pauvres et les plus sous-alimentés de la planète, la Corée du Nord alloue cependant pas moins d’un cinquième de son produit intérieur brut à son armée. Plus de 25 % de la population est engagée dans l’armée ou appartient à une milice.
Des coréens ethniques vivaient depuis des centaines d’années dans le nord-est de la Chine, mais la famine qui a frappé la Corée du Nord dans les années 1990 a poussé une vague contenue de réfugiés vers le nord de l’autre côté du fleuve Yalu, frontière naturelle très surveillée entre la Chine et la Corée. Les autorités chinoises ont rejeté toute considération humanitaire et renvoyé autant de Nord-Coréens qu’ils ont pu dans leur pays où ils encouraient la torture et la mise à mort.
Des relations diplomatiques tendues
Bien que la Chine soit ce qui s’apparente le plus à une véritable alliée pour la Corée du Nord et que ce soit grâce à la Chine que ses maigres réserves de pétrole arrivent à bon port, le régime nord-coréen est loin d’être une marionnette chinoise. Le plus récent couac sino-coréen s’est produit en décembre dernier lorsque les chanteuses du groupe pop nord-coréen Moranbong sont brusquement et sans explication rentrées chez elles quelques heures avant une représentation à Pékin.
Ce genre d’incident n’est pas nouveau.
Pendant la guerre froide, les Nord-Coréens sous le joug du premier dictateur communiste Kim Il-sung, ont cherché du soutien tantôt du côté de l’Union soviétique tantôt de la Chine. Plus tard, après le décès de Kim Jong-il, fils de Kim Jong-sung, le jeune dirigeant Kim Jong-un a débuté sa carrière en exécutant son puissant oncle Jang Song-taek. Selon certains spécialistes, Jang Song-taek a été mis à mort pour avoir défendu des relations plus étroites avec la Chine et conseillé des réformes économiques suivant l’exemple chinois.
Meurtres, brouillages et autres violations transfrontalières
Comme le démontre le problème des réfugiés, ce qui se passe en Corée du Nord traverse parfois les frontières. Le brouillage des ondes en Corée du Nord visant à contrôler les communications sans fil des sujets de Kim Jong-un, a régulièrement interféré – l’épisode le plus récent a eu lieu en décembre dernier – avec les téléphones portables chinois dans les villes frontalières. En 2012, les Nord-Coréens ont même exigé des autorités chinoises le payement d’une « taxe de compensation » de cinquante millions de dollars pour mettre fin au blocage.
Dans leur propre pays, les soldats nord-coréens affamés ou démunis volent ou mendient régulièrement de la nourriture. Mais ces dernières années, ce comportement a franchi la frontière chinoise. En janvier dernier, les autorités chinoises ont porté plainte après qu’un soldat nord-coréen, au cours d’un vol, avait tué quatre villageois, dont deux ressortissants coréens. Il a été abattu par la police et l’armée chinoises.
Si dans les années 1990, les fuyards nord-coréens affamés avaient été accueillis avec une certaine sympathie par les résidents chinois, aujourd’hui une impression généralement négative prédomine. Ces dernières années, la Corée du Nord est devenue un grand producteur de méthamphétamines refourguées sur les marchés internationaux en passant par la Chine.
Souvenirs du lourd (et présent) passé de la Chine
Depuis sa création, la Corée du Nord semble avoir adopté une version tragique de la politique étrangère chinoise. Idéologiquement, le Parti totalitaire des travailleurs de Corée est fondé sur les mêmes principes marxistes que le Parti communiste chinois a toujours cautionnés et dans une certaine mesure suit encore aujourd’hui.
La Corée du Nord est un portrait craché de la Chine sous Mao Zedong, le dictateur dont les politiques ont tué des dizaines de millions de Chinois. Toutes les atteintes aux droits de l’homme – répressions politiques et religieuses, lavages de cerveau, assassinats, tortures, travaux forcés, famine contrôlée par l’État – commises par la Corée du Nord ont été perpétrées en Chine et certaines continuent de l’être de nos jours. Et tout comme la Chine maoïste menaçait les Soviétiques pendant la guerre froide, la Corée du Nord de Kim Jong-il est devenu une gêne pérenne que la Chine est condamnée à soutenir par crainte de voir un climat d’instabilité s’installer en Asie du Nord.
En refusant de renoncer à son idéologie de la guerre froide et à ses intimidations fantasques, le régime de Kim Jong-il semble avoir misé sa survie sur les dangers qui menaceraient la Chine si la Corée du Nord venait à disparaître. Alors que la Chine s’éloigne de plus en plus du modèle économique et social marxiste, l’ombre de la Corée du Nord plane lourdement sur Pékin.
Version anglaise : 5 Reasons Why North Korea Is a Terrible Ally for China
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