Professionnelle de la santé chevronnée, Nathalie Delachapelle estime qu’elle ne dispose pas des moyens nécessaires pour bien se protéger au contact de ses patients.
Infirmière libérale dans l’Oise, Nathalie Delachapelle s’est confiée aux journalistes de Public Sénat à propos de son quotidien depuis l’apparition du virus de Wuhan dans le département, qui a constitué l’un des tout premiers foyers de contagion en France.
Depuis le début de l’épidémie, cette professionnelle chevronnée partage son temps entre différents patients qu’elle visite à domicile, notamment des personnes âgées.
« Les gens ont peur, très peur. Les gens m’appellent pour me demander de passer les voir, de passer les rassurer dès qu’ils pensent avoir des symptômes », explique-t-elle.
« Je dois d’abord assurer la continuité des soins pour mes patients âgés qui ont besoin de moi au quotidien », poursuit Mme Delachapelle.
Si l’infirmière continue de prodiguer les soins habituels à ses patients âgés, la propagation du coronavirus dans le département a créé un climat anxiogène.
« Je reçois des appels des enfants de patients âgés et qui nous demandent de prendre toutes les précautions avec leurs parents, ce qu’on fait déjà. Mais certains prétextent parfois une recommandation particulière d’un médecin suite à des analyses – qui, on le sait, n’ont jamais été faites – pour nous demander encore plus de prudence concernant leurs proches, ils voudraient qu’on vienne avec des costumes de cosmonautes », confie Nathalie Delachapelle.
« Faute de protection, on nous envoie à l’abattoir » le cri d’alarme de cette infirmière face à l’épidémie de coronavirushttps://t.co/4FdmlJLldv
— Public Sénat (@publicsenat) March 18, 2020
Selon elle, la « Sécu » l’aurait d’ores et déjà prévenu que des patients atteints du coronavirus devraient être hospitalisés à domicile. Une perspective qui, si elle n’effraie pas l’infirmière, lui pose toutefois question au vu des moyens dont elle dispose.
« Encore faut-il en avoir les moyens. Aujourd’hui, l’État nous a donné 50 masques de chirurgiens qui ne servent à rien et qui sont périmés en plus ! On a été les chercher il y a quelques jours dans les pharmacies, sur présentation de notre carte professionnelle. Mais il nous faudrait des vrais masques FFP2, j’ai l’impression qu’on bricole. Par exemple, on n’a pas de solution hydroalcoolique, je suis obligée de changer de gants en permanence. Normalement, on ne devrait pas avoir de problèmes comme ça. Pourquoi y en avait-il dans les bureaux de vote dimanche, et rien pour les professionnels de santé ? On soigne beaucoup de personnes âgées, on ne doit pas être des vecteurs de transmission de la maladie », souligne Mme Delachapelle.
« On nous envoie à l’abattoir », ajoute-t-elle, un peu accablée. Mais malgré les difficultés rencontrées pour exercer son métier, elle n’envisage toutefois pas une seconde d’arrêter de travailler.
« Le Samu est débordé, alors on nous demande aussi d’assurer une permanence téléphonique. S’ils chauffent un peu, on leur dit que ça va passer, mais on prévient immédiatement le médecin pour qu’il passe. Face à la bestiole, les gens s’inquiètent vite. Oui, on l’appelle la bestiole entre nous », raconte Nathalie Delachapelle.
« On passe beaucoup de temps à rassurer les gens », conclut l’infirmière.
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