« Il m’a tuée » : le 3 mars 2019, Julie Douib prononçait ses derniers mots, tuée par balles par son ex-compagnon, le père de leurs deux enfants. Condamné à la perpétuité, celui-ci a fait appel et son second procès s’ouvre vendredi, à Ajaccio.
Réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans, privation de l’autorité parentale : dans son verdict, le 16 juin 2021, la cour d’assises de Bastia avait été particulièrement sévère envers Bruno Garcia-Cruciani, 46 ans.
Une « violence ultime »: il avait tiré à trois reprises
Reconnaissant que cette peine de perpétuité était « inhabituelle », la présidente de la cour d’assises l’avait motivée par « la violence ultime » de l’assassinat, l’absence de regret de l’accusé et « le risque de réitération des faits » en raison de sa « personnalité impulsive et vindicative ».
Ce jour de mars 2019, comme il l’a reconnu auprès des gendarmes, M. Garcia-Cruciani s’était présenté chez Julie Douib, son ex-compagne, à l’Île-Rousse (Haute-Corse), armé d’un pistolet Glock 17, équipé d’un silencieux. En garde partagée, leurs deux fils, alors âgés de 8 et 10 ans, étaient à son domicile.
Il avait tiré à trois reprises : une première fois dans la chambre des enfants, blessant la jeune femme au coude gauche. Une deuxième fois sans l’atteindre sur le balcon, où elle s’était enfuie. Et une troisième fois, alors que la victime était au sol, la touchant mortellement au thorax et à nouveau au bras gauche.
« Elle m’a simplement dit, il m’a tuée », avait confié à l’AFP Maryse Santini, une voisine de Julie Douib qui l’avait découverte gisant dans son sang sur son balcon. « Ça faisait déjà un mois qu’elle me disait : il va me tuer, il va me tuer, et voilà… », avait-elle ajouté lors d’une marche blanche quelques jours après les faits.
Si l’accusé a toujours maintenu que son acte n’était pas prémédité, l’accusation avait assuré le contraire : il avait mis en vente ses deux véhicules et avait fait des recherches sur internet avec les mots clés « peine pour homicide avec arme » et « partir vivre en Thaïlande ».
Pour Lucien, le père de Julie Douib, partie civile avec sa femme Violette, « il y a eu défaillance dans le système, dans le manque d’écoute », avait-il accusé lors de la marche blanche.
« Elle n’a pas été suffisamment protégée »
« La famille de Julie Douib aborde ce second procès le cœur serré à l’idée de revivre cette tragédie qui l’a plongée dans un deuil qui ne finira jamais », a indiqué à l’AFP Me Jean-Sébastien De Casalta, conseil des parents et du frère de Julie. Pour la famille de la jeune femme, « justice a été rendue à son martyr » en première instance, a insisté l’avocat.
Également parties civiles, les deux fils du couple seront représentés par Me Francesca Seatelli. « La seule chose qu’on peut vouloir pour ces enfants, c’est qu’ils soient protégés », a-t-elle déclaré à l’AFP.
« Nous réservons nos observations et questionnements pour la cour d’assises d’appel », a de son côté indiqué à l’AFP Me Gilles Antomarchi, qui assurera la défense de l’accusé avec Me Jean-Paul Eon pendant ce procès qui doit durer une semaine.
30e féminicide sur les 146 dénombrés en 2019, ce meurtre avait suscité une vive émotion en Corse et hors de l’Île de Beauté: « Elle n’a pas été suffisamment protégée », s’était emportée Marlène Schiappa, alors secrétaire d’État à l’Égalité hommes-femmes. Quatre mois plus tard, elle recevait des associations et proches de victimes de féminicides, qui lui réclamaient un « Grenelle » contre les violences conjugales.
Organisé le 3 septembre 2019, ce Grenelle a débouché sur 46 mesures, dont le déploiement de bracelets anti-rapprochement.
En 2020, 102 féminicides ont été recensés par le ministère de l’Intérieur, contre 122 en 2021. Selon le collectif « féminicides par compagnons ou ex », ils ont encore été 110 en 2022.
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