Un haut responsable onusien a décrit, mardi, une « expérience véritablement terrifiante » après le passage du cyclone Mocha, qui s’est abattu dimanche entre Sittwe, capitale de l’État Rakhine, et Cox’s Bazar au Bangladesh voisin, avec des vents soufflant jusqu’à 195 km/h.
« Ce fut une expérience véritablement terrifiante pour ceux qui se trouvaient sur la trajectoire du cyclone, dont plusieurs milliers s’étaient réfugiés dans des abris d’évacuation et qui doivent maintenant faire face à un nettoyage massif et à un énorme effort de reconstruction », a déclaré depuis Yangon, le Coordinateur résident et humanitaire par intérim de l’ONU au Myanmar, Ramanathan Balakrishnan, lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève.
Mocha est l’un des cyclones les plus violents à avoir jamais frappé le pays et a laissé des traces dévastatrices, en particulier dans la capitale de l’État, Sittwe. « Les premiers rapports de nos collègues décrivent des scènes de dévastation à Sittwe, où aucune maison n’a été épargnée et où les camps de déplacés sont en ruines », a détaillé M. Balakrishnan.
Sur le terrain, les humanitaires n’ont pas encore une vision complète des dégâts ailleurs sur la trajectoire du cyclone, mais craignent le pire. Etant donné que la majorité des abris dans cette partie très pauvre du pays sont principalement construits en bambou et qu’ils n’avaient que peu de chances face à ces vents.
Priorités : santé, abris, eau, assainissement et hygiène
Pour vous donner une idée de l’ampleur probable de l’urgence à laquelle sont confrontées les autorités et les agences humanitaires, alors que le cyclone a traversé Rakhine et le Nord-Ouest, 5,4 millions de personnes devraient s’être trouvées sur la trajectoire du cyclone, face à des vents dépassant les 190 km par heure. Parmi elles, l’ONU estime que 3,1 millions de personnes sont les plus vulnérables aux effets du cyclone, si l’on tient compte des indicateurs de la qualité des abris, de l’insécurité alimentaire et, bien sûr, de la faible capacité à faire face à la situation.
Plus généralement, la santé, les secours, les abris, l’eau, l’assainissement et l’hygiène apparaissent déjà comme des priorités, avec un risque élevé de maladies d’origine hydrique et de maladies transmissibles, car les personnes évacuées vivent en grand nombre dans des espaces restreints.
« C’est vraiment un scénario cauchemardesque que ce cyclone frappe des zones où les besoins préexistants sont si importants », a fait valoir le responsable de l’ONU, relevant qu’il s’agit de certaines des régions les plus pauvres du pays, où les habitants sont encore sous le choc de la crise cumulée de la Covid-19, du conflit et des bouleversements politiques et économiques. Elles sont également en première ligne de la crise climatique.
Plus de 17 millions de personnes avaient déjà besoin d’une aide humanitaire au Myanmar, avant même cette catastrophe. « Pour mettre les choses en perspective, c’est le même nombre de personnes en situation de besoin humanitaire qu’en Ukraine, et ce chiffre ne fera qu’augmenter une fois que nous aurons pleinement évalué l’impact du cyclone », a affirmé M. Balakrishnan.
Camps de réfugiés rohingyas sévèrement touchés au Bangladesh
Sur le terrain, les équipes humanitaires se tiennent prêtes à commencer les évaluations. De plus, les agences ont passé la semaine dernière à se préparer en prépositionnant du personnel et des produits dans la zone touchée.
Mais pour pouvoir intervenir, elles estiment avoir besoin d’accéder aux personnes touchées, d’un assouplissement des autorisations de voyage par les autorités, et d’un dédouanement accéléré des marchandises. « Bien entendu, nous aurons également besoin d’une énorme injection de fonds pour répondre à ce besoin massif », a insisté M. Balakrishnan.
Au Bangladesh voisin, bien que l’impact du cyclone aurait pu être bien pire, les camps de réfugiés ont été sévèrement touchés et des milliers de personnes ont désespérément besoin d’aide, selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Les réfugiés rohingyas des camps de Teknaf et des communautés bangladaises voisines ont été les plus touchés, des milliers d’abris et d’installations de services ayant été détruits, ce qui expose les familles à des risques accrus pour la prochaine saison de la mousson.
Malgré tous les efforts déployés pour réduire l’impact du cyclone, un certain nombre d’abris temporaires, faits de bambou et de bâches, mais aussi des infrastructures ont été inondés et gravement endommagés par les vents et les pluies. Des glissements de terrain se sont également produits dans les camps.
Aide alimentaire aux réfugiés
« Les premiers rapports du gouvernement indiquent qu’il n’y a pas eu de pertes humaines », a précisé Olga Sarrado, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Les premières données recueillies par les acteurs humanitaires font état de plus de 21.000 réfugiés rohingyas au Bangladesh, de plus de 4.400 ménages touchés, de 16 blessés, de 716 ménages déplacés et plus de 3.500 personnes déplacées.
Selon l’agence onusienne, des milliers de familles ont été touchées. Des maisons et des installations essentielles ont été détruites, en particulier dans les camps rohingyas de la région de Teknaf et dans les communautés bangladaises voisines. « Les maisons et les installations essentielles ayant été détruites, les priorités immédiates sont la fourniture d’abris d’urgence, d’eau potable, de nourriture et l’accès aux installations sanitaires et d’assainissement », a fait observer Mme Sarrado.
Les dégâts du cyclone viennent s’ajouter à une année particulièrement difficile pour les réfugiés rohingyas au Bangladesh. L’aide alimentaire générale aux réfugiés a été réduite de 17% au début de l’année.
Le HCR s’attend d’ailleurs à une nouvelle réduction dans les mois à venir. Des fonds d’urgence ont été utilisés pour aider 16.000 réfugiés qui ont perdu leur maison dans un incendie en mars. « La capacité à répondre maintenant et à se préparer pour la prochaine saison de la mousson est fortement mise à l’épreuve étant donné les niveaux de financement actuels de l’appel 2023 pour la réponse aux réfugiés rohingyas au Bangladesh, qui n’est financé qu’à hauteur de 16% », a conclu la porte-parole du HCR.
L’article publié avec l’aimable autorisation de l’ONU.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.