Débats artificiels, promesses d’anonymat non respectées, intimidations et insultes… Après des mois d’investigations sous pression, France 2 dévoile jeudi soir un Complément d’enquête consacré à Cyril Hanouna, animateur star mais controversé, décrit comme « le nouveau parrain du PAF ».
Pour décrypter la mécanique à l’œuvre dans les coulisses de Touche pas à mon poste (TPMP), l’émission phare de l’animateur, la journaliste Virginie Vilar a interrogé une trentaine de collaborateurs directs, dont 15 ont dénoncé « un climat difficile », la plupart sous couvert d’anonymat.
Cyril Hanouna est notamment présenté par une source anonyme comme un « gourou » qui « vous fait comprendre que vous êtes une merde » et qui a le pouvoir de retirer ses chroniqueurs de l’antenne « comme ça, d’un coup ». L’homme fort de C8 y est également accusé d’avoir « briefé » ses troupes avant une émission sur un fait divers visant une enfant pour qu’au moins « deux d’entre eux » prétendent être pour la peine de mort.
Entre réalité et mise en scène
Le documentaire revient sans surprise sur le style « sanguin et fleuri » de l’animateur, comme sur plusieurs des polémiques qui ont valu une pluie de mises en garde et sanctions de l’Arcom à C8 – pour un total de 7,5 millions d’euros – dont celle impliquant des invités présentés à tort comme des policiers de la Brav-M.
On y découvre notamment que leurs prénom, coordonnées et carte professionnelle ont été transmis par la production sur « réquisition judiciaire », alors qu’elle leur avait promis l’anonymat. « On n’est pas journaliste, on n’est pas une agence de presse », répond Lionel Stan, bras droit de Cyril Hanouna et directeur général de sa société de production H20, dans le documentaire.
Cyril Hanouna « voulait être considéré comme journaliste au sens noble du terme », témoigne pourtant son défenseur Arnaud Lagardère, dont le groupe éponyme vient d’être racheté par Vivendi, la maison mère de C8, contrôlée par le milliardaire Vincent Bolloré.
Refus de l’intéressé d’être interviewé
Le but du documentaire n’est pas de « dézinguer, faire chuter » Cyril Hanouna, a assuré mercredi Virginie Vilar à une poignée de journalistes, dont l’AFP. Mais plutôt de « décortiquer la mécanique de l’émission », a abondé le présentateur de « Complément d’Enquête », Tristan Waleckx.
Cette diffusion jeudi à 23h00 est l’aboutissement d’une longue polémique entre le magazine de France 2 et le puissant animateur-producteur de 49 ans, qui a refusé d’être interviewé, à l’inverse du rappeur Booba, détracteur de Cyril Hanouna, qui interviendra en fin d’émission.
En mai, dans TPMP, Hanouna avait promis que ce numéro marquerait « la fin » de « Complément d’enquête », avant de plaider, par la suite, « une vanne ». Lundi dans TPMP, il a diffusé, goguenard, la bande-annonce de l’émission, lisant le communiqué de France Télé, qui lui attribue une fortune « estimée à 85 millions d’euros ». Un « chiffre pas correct », selon lui. « Sinon le reste on n’est pas mal », a-t-il commenté.
Pourtant chevronnée, Virginie Vilar a assuré à Télérama qu’il s’agissait de « l’enquête la plus compliquée de toute (s)a carrière », entre manœuvres d’intimidations et accusations de payer de faux témoins. Télérama a lui-même mené une enquête sur l’animateur et évoqué la « peur de représailles » de ses sources anonymes.
Omerta pour une émission lucrative
L’hebdomadaire pointe une forme d’omerta au sein des médias de l’empire Bolloré sur Cyril Hanouna, dont l’émission rapporte la moitié des revenus publicitaires de C8 (« 7,5 millions en septembre »), selon Complément d’Enquête.
Lancée en 2010 sur France 4 et transférée en 2012 sur D8, devenue C8, TPMP, en direct chaque avant-soirée en semaine, a réuni le mois dernier 1,8 million de téléspectateurs en moyenne sur sa tranche principale.
L’émission, qui mélange divertissement et débats d’actualité, est régulièrement accusée de privilégier les clashs voire de véhiculer de fausses informations. Ses défenseurs font toutefois valoir que TPMP attire un public plus populaire que les émissions équivalentes.
Chroniqueur de TPMP depuis la rentrée et lui-même ancien présentateur de Complément d’enquête, Jacques Cardoze a récemment annoncé qu’il préparait pour début 2024 un contre-documentaire pour C8 sur le magazine de France 2. Il l’accuse de « dérive » et d’être devenu « politisé » à gauche.
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