Ce moine au parcours insolite est parvenu, au péril de sa vie, à persuader les Alliés de ne pas bombarder la ville normande.
Dans la nuit du 6 au 7 juin 1944, Dom Aubourg entend des bruits qu’il identifie bientôt : les Allemands quittent les lieux. L’aumônier de la Charité de Saint-Vigord-le-Grand, village limitrophe de Bayeux, va alors prendre une décision dès le lendemain.
« Au matin du 7 juin 1944, il part en direction des troupes anglaises, rencontre un jeune officier et lui explique qu’il ne reste plus que quelques Allemands à Bayeux, l’essentiel des troupes ayant évacué la ville », relate Claude Godefroy, un passionné d’histoire, sur Ouest France.
Il faut dire que le moine, né en 1887 à May-sur-Orne, est un peu une tête brûlée pour l’époque. Ordonné prêtre en 1910, Gaston Aubourg rejoindra dans un premier temps, l’abbaye bénédictine Saint-Pierre de Solesme. Mais, le jeune moine exprimera des idées qui lui valent d’être expulsé de Solesmes. C’est ainsi qu’il arrivera à Saint-Vigord-le-Grand.
« Je suis bien incapable de dire si j’ai sauvé Bayeux”
Alors, ce matin du 7 juin 1944, Dom Aubourg s’adressera ensuite à un général britannique et lui révélera l’emplacement des mines placées par les Nazis. D’abord méfiants, les Alliés vérifieront ensuite les dires du moine. C’est ainsi que les blindés des Alliés entreront dans la ville sans bombardements ni presqu’aucun tir.
Bayeux, petite ville normande si proche des plages du Débarquement, sera ainsi épargnée des bombardements, contrairement à Rouen, Caen, Le Havre qui seront détruites à près de 50 %.
Le père Soltner, archiviste de Saint-Pierre de Solesme, a retrouvé une correspondance de Dom Aubourg datant de 1959 et publiée par Ouest-France. “On m’a baptisé le sauveur de Bayeux, mais je suis bien incapable de dire si j’ai sauvé Bayeux”, racontait-il au père de Solesmes. “Je sais seulement que le matin du 7 juin 1944, durant la bataille de Normandie, j’ai risqué ma peau pour avertir les Anglais, débarqués la veille et arrêtés à cinq kilomètres de là, qu’ils pouvaient entrer dans Bayeux que les Allemands avaient quitté dans la nuit. Et de fait, les tanks alliés arrivaient une heure après.”
L’implication de Dom Aubourg ne s’arrête pas là puisque le moine a par la suite contribué à la reconstruction de nombreuses églises de Normandie. Pour ces actions, il lui sera décerné la Légion d’Honneur.
Élu conseiller municipal de Saint-Vigor-le-Grand en 1959, il est renvoyé de la congrégation des bénédictins dès 1962, pour « charges politiques incompatibles avec la vie monastique ».
Aujourd’hui, de la vie de Dom Aubourg, on ne trouve qu’une plaque commémorative près du Prieuré de Saint-Vigor-le-Grand.
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