« Jour de la libération » : Donald Trump renforce sa politique de hausse des droits de douane

Par Epoch Times avec AFP
2 avril 2025 16:15 Mis à jour: 3 avril 2025 15:33

Donald Trump doit lancer mercredi la mère de toutes les batailles commerciales, celle qu’il ne cesse de promettre depuis sa campagne, avec de nouveaux droits de douanes censés inaugurer un « âge d’or » de l’Amérique mais qui pourraient faire chavirer l’économie mondiale.

L’imprévisible président américain était encore occupé mardi, selon sa porte-parole, à « peaufiner » son projet, dont la teneur autant que l’ampleur restent mystérieuses.

« Demain, c’en sera fini de dépouiller l’Amérique »

« Demain, c’en sera fini de dépouiller l’Amérique », a déclaré Karoline Leavitt, indiquant que les nouvelles taxes entreraient en vigueur « immédiatement ».

Elles doivent être exposées mercredi, « jour de la libération », selon Donald Trump, à 16h00 heure locale (20h00 GMT) à la Maison Blanche. Donc juste après la fermeture de la Bourse de New York, qui a déjà commencé à tanguer comme d’autres places à travers le monde.

Mercredi matin, les marchés retenaient leur souffle avant les annonces du président américain. À la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a clôturé en petite hausse de 0,28%. La Bourse de Séoul a, elle, lâché 0,62%.

Même ambivalence sur les places chinoises : vers 07h15 GMT, l’indice hongkongais Hang Seng reculait de 0,02%, l’indice composite de Shanghai grignotait quelque 0,05% et celui de Shenzhen 0,09%.

De leur côté, les marchés européens étaient en repli dans les premiers échanges. La Bourse de Paris perdait 0,63%, Francfort 0,74%, Londres 0,23% et Milan 0,62%.

Des traders travaillent sur le parquet de la Bourse de New York pendant les échanges du matin à New York City le 28 janvier 2025. (Photo Michael M. Santiago/Getty Images)

Diverses options possibles

L’exécutif américain n’a pas commenté les diverses options circulant dans la presse à moins de 24 heures de l’annonce.

Les États-Unis imposeront-ils une taxe unique de 20% sur toutes les importations ? Des droits de douanes taillés sur mesure selon les pays d’où proviennent les marchandises ? Ou opteront-ils pour un prélèvement plus modéré concentré sur un groupe restreint d’États, hypothèse révélée par le Wall Street Journal ?

Les « Dirty 15 »,  ensemble des pays avec lesquels les États-Unis enregistrent un déficit commercial, risquent d’être frappés en premier lieu, rapporte Europe 1. Parmi eux, la Chine, l’Union européenne, l’Inde, le Vietnam, le Japon, la Suisse ou l’Afrique du Sud.

Un autre volet du plan de Donald Trump porterait sur la mise en place de droits de douane réciproques. Dans ce cas, les États-Unis aligneraient la taxation des produits qui entrent aux États-Unis au niveau des taxes des pays expéditeurs, précise Europe 1.

L’impact sur l’économie mondiale pourrait être phénoménal.

La Chine luttera à tout prix, ont annoncé les autorités chinoises après que le Président américain, Donald Trump, eut demandé au représentant américain du Commerce d’examiner 100 milliards de dollars de droits de douane supplémentaires sur la Chine. (Photo de VCG / VCG via Getty Images)

En 2024, les importations des États-Unis ont atteint quelque 3300 milliards de dollars, un montant supérieur au Produit intérieur brut annuel de la France.

Le républicain de 78 ans a semé le doute en assurant lundi qu’il serait « très gentil » avec les partenaires commerciaux des États-Unis. Lesquels tentent de se préparer en mêlant discours de fermeté, ouverture au dialogue et gestes d’apaisement.

En réponse, les pays se préparent leur stratégie

Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney a dit que son pays serait « très réfléchi » quand il s’agira de répliquer aux « mesures injustifiées du gouvernement américain ».

« Nous ne voulons pas nécessairement prendre des mesures de représailles », mais « nous disposons d’un plan solide pour le faire si nécessaire », a de son côté prévenu la cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’exprime au Parlement européen, à Strasbourg, le 11 mars 2025. (FREDERICK FLORIN/AFP via Getty Images)

Certains espèrent un traitement indulgent, comme le Vietnam qui a annoncé réduire ses droits de douane sur une série de biens.

Londres travaille aussi « d’arrache-pied » pour arriver à un traité commercial bilatéral avec Washington, permettant d’éviter un matraquage douanier, « mais il est probable qu’il y aura des droits de douane », a dit le Premier ministre britannique Keir Starmer.

D’autres grands exportateurs tentent de forger des alliances afin de peser face à Washington. Pékin, Tokyo et Séoul veulent par exemple « accélérer » leurs négociations en vue d’un accord de libre-échange.

Dangers économiques

Politiquement, le président américain ne peut se permettre une reculade complète. Il a vendu les droits de douane – en anglais « tariffs », « le plus beau mot du dictionnaire » selon lui – comme une baguette magique capable de réindustrialiser l’Amérique, de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire.

Fasciné par le protectionnisme en vigueur aux États-Unis à la fin du XIXème siècle et au début du XXème, Donald Trump, élu sur une promesse de faire baisser le coût de la vie, a jusqu’ici globalement balayé les risques d’inflation et de déroute boursière.

Les analystes de Goldman Sachs ont exposé, dans une note, les dangers économiques liés à une avalanche de droits de douane, qui aurait le même impact négatif qu’une hausse d’impôts sur la consommation et le pouvoir d’achat.

Depuis son retour à la Maison Blanche, le milliardaire républicain a déjà augmenté les droits de douane sur les produits venant de Chine, sur une partie des marchandises en provenance des voisins mexicain et canadien, de même que sur tout l’acier et l’aluminium entrant aux Etats-Unis.

Dès mardi, le gouvernement mexicain a abaissé sa prévision de croissance pour 2025, invoquant les incertitudes liées aux « tensions commerciales » avec son principal partenaire économique. Le PIB mexicain est attendu dans une fourchette de 1,5% à 2,3%, contre 2% à 3% précédemment.

Jeudi, à 04H01 GMT, Washington prévoit également d’imposer 25% de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l’étranger, ainsi que les pièces détachées.

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