Le recrutement de conducteurs incapables de s’exprimer en français inquiète les parents d’élèves, qui craignent pour la sécurité des enfants.
Au printemps dernier, Transarc – une société franc-comtoise de transport de voyageurs présente dans quatorze départements et forte d’une flotte de plus de 700 autocars – a remporté un appel d’offres concernant le marché du transport scolaire dans le Bugey et l’Isère.
Faute de pouvoir recruter des chauffeurs français en nombre suffisant, l’entreprise a décidé de recourir également à des conducteurs roumains pour assurer le ramassage scolaire.
Depuis le mois de septembre, des chauffeurs venus de Roumanie sont donc présents sur quelques lignes de bus dans une partie du Bugey et de l’Isère.
Une situation qui suscite l’incompréhension et l’inquiétude des parents des élèves concernés ainsi que des syndicats de transport.
« Ce n’est pas un problème de nationalité, le problème c’est qu’ils ne parlent pas français. En cas d’accident, que se passe-t-il ? Comment le chauffeur gère les enfants ? À la rentrée, des enfants ont été déposés à des arrêts qui n’étaient pas les leurs et ils ont dû se débrouiller. Certains ne trouvaient pas leur bus et les chauffeurs étaient incapables de s’exprimer. Quand j’ai contacté le transporteur, on m’a répondu que les enfants n’avaient qu’à s’exprimer en anglais. Vous imaginez un enfant de sixième parler en anglais ? » a expliqué Nadège, mère d’un élève, dans les colonnes du Dauphiné Libéré.
« À la rentrée, les chauffeurs loupaient certains arrêts et ça a été limite au niveau de la sécurité », renchérit Valérie Brilloux – membre de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) de Morestel, dans l’Isère.
« En cas de problème, comment le chauffeur va-t-il faire pour appeler les secours et expliquer la situation ? Et si un enfant se trompe de car ? Cela arrive régulièrement », ajoute Alexandre Vuillermoz, vice-président de la FCPE de l’Ain.
« On nous a signalé des arrêts oubliés avec des enfants qui se retrouvent dans la nature », poursuit M. Vuillermoz.
« Le code du travail n’impose pas de parler français »
Contactée par les journalistes du Dauphiné Libéré, la société Transarc ne « souhaite pas communiquer sur le sujet ».
« Ce qui nous pose problème, ce n’est pas qu’ils soient Roumains, c’est leur absence de maîtrise de la langue. Quand les enfants ou parents leur posent une question, ils tendent un papier où il est écrit qu’ils ne parlent pas français ! S’ils conduisaient une bétaillère, ça ne poserait pas de problème », souligne Jean-Christophe Gautheron – secrétaire régional de l’Organisation des transporteurs routiers européens (Otre), un syndicat patronal.
Dans l’Ain, des chauffeurs de bus scolaires qui ne parlent pas français pour transporter nos enfants… totalement irresponsable ! pic.twitter.com/SKTcLCzuvw
— Philippe Olivier (@PhOlivierRN) December 3, 2019
« C’est une première, cette présence de chauffeurs roumains. C’est scandaleux. Comment font-ils pour suivre la remise à niveau obligatoire sur la sécurité ? Mais le code du travail n’impose pas de parler français. C’est aux donneurs d’ordre, les élus, d’en tirer toutes les conséquences », fulmine Alexandre Geoffroy, délégué régional de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV).
« Ce ne sont pas des travailleurs détachés pas chers »
Selon Delphine Lavocat, membre de la direction des transports du département de l’Ain, la société Transarc avait prévenu la collectivité qu’elle aurait recours à des conducteurs roumains pendant un temps.
« Le Département est au courant de la situation. Le transporteur nous avait informés que, durant quelques mois, le temps de former de nouveaux conducteurs, il emploierait des chauffeurs roumains venus de sa filiale en Roumanie. Mais ce n’est pas du dumping social. Ce ne sont pas des travailleurs détachés pas chers. Ils ont un contrat de droit français », explique-t-elle.
« On vérifie qu’il n’y a pas de dumping et aussi que l’entreprise pourra bien assurer le service demandé. Mais il y a une pénurie de chauffeurs. Il en manquerait 7000 en France. C’est une activité à temps partiel, avec des horaires compliqués. Il faut avoir 23 ans au moins, le permis poids lourd et une formation spécifique. Dans un département à faible taux de chômage, le métier n’est pas attractif », conclut Mme Lavocat.
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