L’État et l’interprofession des vins de Bordeaux vont financer l’arrachage « sanitaire » de vignes à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros. C’est ce que le gouvernement et les représentants de la filière ont annoncé mercredi afin de faire face à la crise de surproduction en Gironde.
Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a dévoilé une aide de l’État d’au moins 30 millions, pouvant aller jusqu’à « 38 ou 40 millions d’euros », lors du Salon de l’Agriculture à Paris. Cette enveloppe doit être complétée à hauteur de 19 millions d’euros par l’interprofession, a annoncé dans un communiqué le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), qui doit voter ce montant en assemblée générale le 11 avril.
En complément de ces sommes et d’une campagne de distillation des excédents annoncée le mois dernier par le gouvernement, le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine contribuera avec une aide à la reconversion des exploitations à hauteur de 10 millions d’euros pour accompagner « au moins 300 viticulteurs ».
Des vignes laissées à l’abandon dans un contexte de surproduction
Les aides de l’État pour cet arrachage « sanitaire », sur les deux prochaines années, portent sur environ 6000 hectares en Gironde, à hauteur de 6000 euros l’hectare, afin de lutter contre la flavescence dorée, une maladie qui menace les vignes laissées à l’abandon. Le financement du CIVB portera sur quelque 3000 hectares supplémentaires, pour atteindre une « capacité d’arracher 9500 hectares de vignes en Gironde », précise l’interprofession, qui ajoute discuter avec le conseil départemental « pour définir sa contribution » au dispositif.
Un millier de vignerons avaient manifesté à Bordeaux le 6 décembre 2022, pour réclamer l’arrachage de vignes et tenter de résoudre la crise de surproduction qui touche le premier vignoble AOC de France, avec 110.000 hectares de vignes cultivés. Le collectif « Viti 33 », à l’origine de ce rassemblement, réclamait l’arrachage d’au moins 15.000 hectares, avec une prime de 10.000 euros par hectare. « On commence à être entendus, on voit que les gens se bougent », a réagi auprès de l’AFP Didier Cousiney, porte-parole du collectif.
La détresse du vignoble bordelais
« Le problème, c’est que ce n’est pas assez (…). Tous les jours, ce sont des viticulteurs en plus, des surfaces en plus, qui s’ajoutent à celles qui sont déjà impactées », a-t-il dit. « Ce qu’on nous donne, on le prend, on ne va pas le refuser, mais on trouve que c’est « peanuts » par rapport aux demandes que l’on a faites et par rapport à la détresse du vignoble bordelais », a-t-il ajouté.
Dans le Bordelais, qui produit à 85% du vin rouge, les appellations les moins prestigieuses souffrent d’un effondrement des prix et d’une surproduction évaluée à un million d’hectolitres. Le mois dernier, le ministère de l’Agriculture avait annoncé une campagne de distillation dotée de 160 millions d’euros pour réduire les stocks, une mesure qualifiée de « poudre aux yeux » par le collectif « Viti 33 ». Un vigneron bordelais sur trois s’estime « en difficulté », selon une étude publiée fin janvier par la Chambre d’Agriculture de Gironde.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.