« Cela donne envie de rester en forme pour les voir grandir », sourit Margaux Bichot, 91 ans, en allant retrouver Jacinthe, Côme ou Charlotte, pas encore 2 ans. Les crèches intergénérationnelles, à l’intérieur ou à côté d’une maison de retraite, ont le vent en poupe.
À Laval (Mayenne), les 12 enfants de la micro-crèche Tom & Josette partagent depuis un an des moments privilégiés avec les habitants de la résidence senior Le Logis, réunis au sein de l’espace intergénérationnel Saint-Julien.
« Les interactions sont constantes car on se promène beaucoup dans la résidence », explique Julie Peslier, directrice de cette micro-crèche qui emploie quatre salariées et une alternante. « On a aussi des résidents âgés qui ont choisi leur logement juste au-dessus pour entendre les enfants. »
Des ateliers organisés deux fois par semaine s’appuient sur des jeux partagés à la crèche (construction, poupées), des séances de médiation animale ou d’éveil musical. Autour d’une intervenante munie d’une guitare, d’un accordéon et d’une boîte remplie d’instruments, enfants et personnes âgées partagent des ritournelles qui ont résisté à l’épreuve du temps, allant de Savez-vous planter les choux à Sur le pont d’Avignon.
« Plus de patience, de compassion, de respect et d’empathie »
Margaux n’hésite pas à tournoyer dans le grand salon du Logis, entraînée par la musique et l’enthousiasme des petits. « C’est ma bouffée d’air de les voir, confie-t-elle. Cela donne envie de rester en forme pour les voir grandir… » Même cure de Jouvence pour sa voisine Raymonde Leroux, 91 ans : « Ils me rappellent ma jeunesse. »
Pour le psychologue clinicien parisien Jean-Luc Noël, spécialisé en gérontologie, ces rendez-vous n’ont rien d’anodin, à condition qu’ils soient réguliers. « Ces rencontres permettent aux personnes âgées de se remettre dans le tissu social, là où la vieillesse a tendance à casser les relations, explique-t-il. Cela mobilise leurs capacités d’attention, de concentration et favorise un mieux-être physique ».
Du côté des enfants, la professeure de psychologie clinique à l’université Paris Cité Jacqueline Wenland, qui étudie ces échanges intergénérationnels, observe « une plus grande confiance et estime de soi, plus de patience, de compassion, de respect et d’empathie ».
Établissements pionniers
Alors que certains établissements ont été pointés du doigt pour leur priorité accordée à la logique financière, Pauline Faivre, co-fondatrice de Tom&Josette, entend au contraire « réenchanter les métiers de la petite enfance » en permettant aux équipes de se concentrer sur l’éducatif tandis que les fonctions financières sont gérées par un « camp de base » à Paris. « Je ne trouvais plus de sens à mon métier ces dernières années, reconnaît Julie Peslier, à Laval. Ici, je n’ai pas de pression à faire du ‘‘remplissage’’… » Les parents, qui n’ont pas une aide financée par la mairie ou leur entreprise, déboursent en moyenne 700 euros par mois pour une place à temps plein dans cette crèche, une fois les aides à l’accueil du jeune enfant déduites.
Fondé en 2019 alors qu’il existait une vingtaine d’établissements pionniers dans le secteur public ou privé, le réseau de crèches intergénérationnelles Tom&Josette est le premier à en faire un axe de développement. Cette startup espère passer de 10 crèches cette année 2023 à une centaine d’ici 2026 grâce à une levée de fonds de 4,3 millions d’euros.
Ces crèches d’un nouveau genre, privées ou publiques, restent toutefois un phénomène émergent en France, souligne la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) qui ne dispose pas de chiffre au niveau national. « Cela se développe de plus en plus avec des projets pédagogiques qui dépassent largement les simples relations de voisinage », constate de son côté Elsa Hervy, déléguée générale de la fédération française des entreprises de crèches (FFEC).
À la crèche de Laval, après la séance d’éveil musical, Margaux Bichot reprend sa canne pour regagner son logement. En présence des enfants, elle l’avait complètement oubliée…
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