« Aller au contact le plus directement possible »: dans l’Hérault mardi, les ministres Gabriel Attal et Stanislas Guerini ont profité du lancement d’une campagne nationale destinée à consulter les Français sur l’utilisation des impôts pour tenter de renouer le dialogue avec eux, après les tensions sur la réforme des retraites.
En ce milieu d’après-midi inhabituellement gris sur le port de la Grande-Motte, un petit attroupement se forme autour des ministres des Comptes publics et de la Fonction publique. « Vous n’aviez pas dit que vous veniez ! », leur lance Jacques Mestre, un restaurateur du front de mer. C’ « est une surprise ! », lui répond tout sourire Gabriel Attal entre deux selfies et un échange avec un jeune pêcheur de crabes muni de son épuisette.
« Je souhaite aller au contact le plus directement possible, les gens peuvent venir nous interpeller », insiste le ministre délégué aux Comptes publics. « Ici, les échanges sont libres, les gens ne sont pas triés sur le volet », l’appuie Stanislas Guerini. Un refrain martelé tout au long de la journée par les deux ministres et leurs équipes, alors que les déplacements du gouvernement et du président de la République sont actuellement émaillés, et parfois perturbés, par des concerts de casseroles de Français opposés à la récente réforme des retraites.
« Si vous pouviez augmenter un peu le pouvoir d’achat des fonctionnaires, ça serait bien »
En fin de journée, les ministres ont d’ailleurs été accueillis par une trentaine de militants de Solidaires Finances publiques et de la CGT départementale dans la petite ville de Mauguio, aux cris de « Vous êtes des fossoyeurs » ou « On ira jusqu’au retrait » (de la réforme des retraites, NDLR). À La Grande-Motte, où Stanislas Guerini et Gabriel Attal ont déambulé pendant plus d’une heure du coiffeur à la boulangerie en passant par la Maison France Services, l’accueil est majoritairement cordial. « Bon courage à vous, les temps sont durs », les encourage une passante âgée devant un magasin d’articles de plage.
Le ton de Loïc Valverde est nettement moins amical. Syndiqué chez Solidaires Finances publiques, il attendait de pied ferme les ministres à la Maison France Services de Castelnau-le-Lez, initialement envisagée pour le déplacement avant que l’exécutif ne choisisse de visiter celle de La Grande-Motte. « Si vous pouviez augmenter un peu le pouvoir d’achat des fonctionnaires, ça serait bien », lance cet agent des impôts du Gard. « Et petit détail, si vous pouviez retirer la réforme des retraites… », ajoute-t-il avec une pointe d’ironie.
« Il y a une inquiétude de beaucoup de Français »
Le gouvernement a accordé en 2022 la plus importante augmentation générale (+3,5%) depuis plus de 30 ans aux agents publics, réplique Stanislas Guerini, le ministre de la Fonction publique. « Vous augmentez » les salaires, mais « pas suffisamment » dans un contexte où l’inflation renoue elle aussi avec des niveaux inédits depuis plus de trente ans (+5,7% sur un an en mars), rétorque Loïc Valverde.
Salaires, réforme des retraites : « il y a une inquiétude de beaucoup de Français », reconnaît Gabriel Attal. D’où la grande consultation lancée mardi par l’exécutif pour tenter de retisser un lien avec les Français, en leur demandant comment ils souhaitent que leurs impôts soient utilisés. En plus d’un questionnaire en ligne adressé aux 40 millions de foyers fiscaux, « il y aura des réunions publiques dans tous les départements d’ici à l’été », de façon à nourrir le projet de budget du gouvernement pour 2024, a indiqué Gabriel Attal en introduisant la première de ces réunions publiques, à Mauguio.
Face à une quarantaine de citoyens conviés par le député Renaissance de l’Hérault Patrick Vignal, Gabriel Attal et Stanislas Guerini ont surtout défendu le bilan fiscal du gouvernement — « 50 milliards de baisses d’impôts » lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron — et présenté quelques projets : mesures d’attractivité de la fonction publique, plan de lutte contre les fraudes… Au bout d’une quarantaine de minutes, les échanges se terminent autour d’un verre et de quelques biscuits salés. De l’autre côté de la rue, les manifestants sont moins nombreux, mais on entend encore des « Macron démission ».
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