David Matas : le PCC continue à bafouer les droits de l’homme alors que des fonctionnaires notoires du « Bureau 610 » sont sous enquête

Le régime chinois n'a pas « changé de vitesse » dans sa répression brutale des pratiquants de Falun Gong

Par Andrew Chen
12 octobre 2021 19:53 Mis à jour: 13 octobre 2021 21:09

Les accusations de corruption et la chute en conséquence de plusieurs hauts fonctionnaires du Bureau 610, la « Gestapo chinoise », ne signifient en aucun cas que le Parti communiste chinois (PCC) ait décidé de changer ses habitudes en ce qui concerne son mépris des droits de l’homme, déclare David Matas, le célèbre avocat spécialisé dans les droits de l’homme.

Fu Zhenghua, un fonctionnaire de longue date de la sécurité publique chinoise, a récemment été placé sous enquête pour des soupçons de « violations graves de la discipline et de la loi », selon un communiqué publié le 2 octobre dernier, par la Commission centrale d’inspection de la discipline, le département du PCC servant de police anti-corruption.

Avant d’être ministre de la Justice de 2018 à 2020, Fu Zhenghua a dirigé le Bureau 610, l’agence secrète créée par l’ancien dirigeant du PCC, Jiang Zemin, servant à persécuter les pratiquants de Falun Gong, à partir de 1999.

Me Matas, avocat international spécialisé dans les droits de l’homme, basé à Winnipeg, estime que la chute de M. Fu et d’autres membres de haut rang du Bureau 610 ces dernières années, résulte des violentes querelles politiques au sein du régime, il ne s’agit en aucun cas d’un changement d’attitude du PCC à l’égard du Falun Gong.

« Tout le monde, du moins au niveau supérieur du Parti, œuvre pour obtenir une position et tout le monde veut monter d’un échelon. (…) Beaucoup d’entre eux ont utilisé la persécution du Falun Gong pour élever leur position au sein du Parti, y compris Bo Xilai et Zhou Yongkang », explique Me Matas pour Epoch Times.

« Mais je n’attribuerais pas cela au fait que le Parti a en quelque sorte changé de vitesse en ce qui concerne la persécution du Falun Gong. (…) La persécution du Falun Gong est juste un prétexte dans une lutte de pouvoir interne au Parti (…) et l’utilisation de la corruption par le comité disciplinaire n’est fondamentalement qu’un outil politique de manipulation dans une lutte pour le pouvoir. »

En 2013, le procès et la condamnation de Bo Xilai l’ancien secrétaire du Parti de Chongqing, ont donné le coup d’envoi à la campagne anticorruption de Pékin, qui a vu en quelques années l’arrestation et le procès de multiples membres de haut rang du PCC, dont Zhou Yongkang, un ancien dirigeant d’envergure de l’appareil de sécurité intérieure.

Parmi les hauts responsables évincés ces derniers mois dans le cadre des luttes intestines au sein du PCC figurent Peng Bo, un ancien directeur adjoint du Bureau 610 exclu du Parti le 17 août après des mois d’enquête, et Deng Huilin, un ancien responsable de la sécurité, jugé pour corruption le 10 septembre.

Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une pratique spirituelle qui comprend des exercices de méditation et des enseignements fondés sur les principes d’authenticité, de compassion et de tolérance. Cette pratique traditionnelle s’est rapidement répandue en Chine dans les années 1990, et, selon des données officielles, elle comptait entre 70 et 100 millions d’adeptes en 1999.

Jiang Zemin a perçu la popularité du Falun Gong comme une menace pour le règne totalitaire du régime communiste, rigoureusement athée. Il a donc lancé, en juillet 1999, une violente campagne de répression visant à éradiquer cette pratique spirituelle.

Selon Me Matas, cette campagne de persécution constitue ce que l’on appelle un « génocide froid ».

« Le concept de génocide froid est qu’il s’agit d’un génocide qui ne se produit pas de manière brève, rapide, visible, mais qui se produit lentement, et qui n’est pas du tout visible. Et le nombre [de personnes tuées] s’accumule au fil du temps plutôt que de se produire en une seule fois. »

Il estime que la communauté internationale devrait « faire tout ce qui est possible » pour que le PCC soit traduit en justice pour ses violations des droits de l’homme.

Il avertit également que la diplomatie des otages de la Chine n’a pas pris fin avec la récente libération de Michael Kovrig et Michael Spavor, les deux Canadiens détenus par les autorités chinoises en décembre 2018, peu après que le Canada a arrêté la haute dirigeante de Huawei, Meng Wanzhou, en vertu d’un mandat américain visant à l’extrader suite à des accusations de fraude bancaire.

MM. Kovrig et Spavor sont arrivés au Canada le 25 septembre. Pékin les a libérés dans le cadre d’un accord qui garantissait le retour de Meng Wangzhou en Chine le même jour.

« Ce n’est pas parce que les [deux] Michael ont été libérés que la menace de la diplomatie des otages de la Chine est terminée. Au contraire, cet épisode montre que si cela s’est produit une fois, cela peut évidemment se reproduire », déclare Me Matas, ajoutant qu’il y a encore plus de 100 Canadiens détenus en Chine, dont Sun Qian, emprisonnée pour avoir pratiqué le Falun Gong.

« Ce n’est pas comme si les Chinois disaient ‘OK, nous sommes désolés, nous n’aurions pas dû agir ainsi, nous nous excusons’. Ils disent que cela n’a pas eu lieu, que ce n’était pas de la diplomatie d’otage, ce qui signifie évidemment qu’ils peuvent le refaire parce qu’ils nient simplement ce qui s’est produit, alors que dans les faits, c’est bien ce qui s’est passé. »

Frank Fang a contribué à cet article.


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