Prix Nobel de la paix 2008, l’ancien Président finlandais Martti Ahtisaari décédé lundi, a mené avec succès de nombreuses et difficiles missions de paix dans le monde.
Ahtisaari est mort lundi à Helsinki à l’âge de 86 ans après s’être retiré de la vie publique en 2021 en raison de la maladie d’Alzheimer. L’ancien diplomate de l’Onu, qui fut président de la Finlande de 1994 à 2000, a contribué à éteindre des conflits très anciens et apparemment inextricables aux quatre coins de la planète.
« C’est avec une grande tristesse que nous avons appris la mort du président Martti Ahtisaari », a dit l’actuel Président Sauli Niinisto dans un communiqué.
Olemme syvää surua tuntien ottaneet vastaan tiedon presidentti Martti Ahtisaaren kuolemasta. Martti Ahtisaari uskoi ihmiseen, sivistykseen ja hyvyyteen, ja hän eli suuren, merkittävän elämän. https://t.co/gwijglVZXK
— Sauli Niinistö (@niinisto) October 16, 2023
Président de 1994 à 2000, Ahtisaari a joué le rôle de médiateur dans un grand nombre de conflit, de l’Indonésie au Kosovo et à la Namibie, obtenant de nombreuses distinctions jusqu’au prix Nobel de la paix en 2008.
Un infatigable soldat de la paix
Ahtisaari a ainsi mené à bien en 2005 les pourparlers entre le gouvernement indonésien et les séparatistes du Mouvement Aceh Libre (GAM), après une guerre d’une trentaine d’années qui fit environ 15.000 morts. Lancées en janvier 2005 à Helsinki, les discussions se concluent six mois plus tard par un accord de paix auquel peu d’observateurs croyaient.
Les deux parties ont décrit M. Ahtisaari comme un homme intransigeant pendant les pourparlers, mais doté d’un sens de l’humour et d’une grande chaleur humaine en dehors des réunions. « J’ai énormément de patience. Je n’ai pas l’habitude de me mettre en colère, mais je peux être dur », a-t-il déclaré plus tard, ajoutant qu’il pensait que la clé de son succès était sa capacité à comprendre les gens.
Le dossier kosovar reste cependant un échec pour cet infatigable soldat de la paix qui avait cru pouvoir rapprocher Serbes et Albanais du Kosovo et surmonter les affres du conflit de 1998-1999. Fin 2005, il est chargé par le Conseil de sécurité de l’Onu de superviser les pourparlers entre Serbes et Kosovars sur le futur statut de la province. En mars 2007, il met fin aux discussions, recommande l’indépendance et rend son tablier. Les dernières négociations, menées sans lui, échouent, et le Kosovo déclare unilatéralement son indépendance le 17 février 2008.
En 1999, c’est lui, déjà, qui est envoyé à Belgrade avec l’ancien Premier ministre russe Viktor Tchernomyrdine pour convaincre – avec succès – le Président yougoslave Slobodan Milosevic de mettre fin à ses opérations militaires au Kosovo en échange de l’arrêt des bombardements de l’Otan. « J’ai réalisé plus tard qu’à Belgrade, mon rôle a été un peu identique à celui du pasteur qui dirige les classes avant la confirmation », confiera l’ancien instituteur au journal Le Monde. En mai 2000, il est sollicité par Londres pour superviser le désarmement de l’Armée républicaine irlandaise (IRA) après l’annonce par l’organisation clandestine de sa volonté de renoncer à la violence.
Après l’annonce de son Nobel en 2008, il estimait que son action la plus déterminante avait été d’accompagner la Namibie dans sa marche vers l’indépendance. « Bien sûr, la Namibie est l’œuvre la plus importante car elle a pris énormément de temps », expliquait-il.
Commissaire des Nations unies pour la Namibie, puis représentant spécial du secrétaire général, il n’aura de cesse, entre 1975 et 1990, de préparer ce pays d’Afrique australe et ancienne colonie allemande à s’affranchir, en douceur, de l’Afrique du sud qui l’occupait bien après un protectorat dont elle avait été chargée après la Première guerre mondiale.
Le premier président finlandais élu au suffrage universel
Provincial dissimulé derrière d’épaisses lunettes, parfois gaussé pour sa démarche claudicante due à des problèmes de hanche, M. Ahtisaari est né le 23 juin 1937 à Viipuri (aujourd’hui Vyborg en Russie), alors en Carélie finlandaise. Il connaît le sort de tous les réfugiés lorsque ses parents sont évacués de la province, annexée au sortir de la Seconde guerre mondiale par l’Union soviétique. En 1994, il devient le premier président finlandais élu au suffrage universel, mais ne se représente pas après son mandat de six ans. La politique finlandaise fut « une aventure extra-conjugale », dira-t-il.
Polyglotte (outre le finnois il parle le suédois, le français, l’anglais et l’allemand), il était marié à Eeva avec qui il a eu un fils, Marko.
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