Une forte mobilisation de Tibétains venus de toute l’Europe a rendu hommage à Tsultrim Nomjour Tsang à Paris ce dimanche 17 juillet 2022. Quelques jours plus tôt, le jeune homme de 32 ans, né au Tibet, a été tué devant le restaurant chinois où il travaillait à Saint‑Léonard près de Fécamp en Normandie. Le rassemblement et la marche blanche se sont déroulés dans le calme.
Des milliers de Tibétains venus de toute l’Europe (Belgique, Espagne, Suisse, etc.) se sont rassemblés place de la Bastille ce dimanche 17 juillet pour marcher jusqu’à la place de la République, rapporte Le Monde. Selon les différentes sources, ils étaient entre 3000 et 10.000.
Ce grand rassemblement était organisé en hommage à Tsultrim Nomjour Tsang, un jeune Tibétain de 32 ans qui était un nouvel employé du restaurant Les Délices d’Asie à Saint‑Léonard près de Fécamp. Alors qu’il serait arrivé 15 minutes en retard pour prendre son service le 11 juillet, il a reçu un coup de couteau qui lui a coûté la vie sur le parking de l’établissement. Trois Chinois – les deux gérants de l’établissement ainsi qu’un employé – ont été mis en examen pour homicide volontaire.
« Nous voulons la vérité sur la mort de Tsultrim », a déclaré Xavier Karma, le président de la communauté tibétaine de France, à Paris‑Normandie. « Nous demandons que justice soit faite pour notre compatriote. C’est la première fois qu’un tel acte arrive en France. »
3000 Tibétains ont manifesté dans le calme ce 17/07 à Paris pour le meurtre de Tsultrim, jeune tibétain employé d’un restaurant chinois près de Fécamp. La victime avait été poignardée lors d’1 rixe devant son lieu de travail. Source vidéo: Communité Tibétaine de France pic.twitter.com/OfnfRFxsm2
— lescahiersdunem (@lescahiersdunem) July 17, 2022
« Que des Chinois fassent cela, c’est un coup directement porté à notre cœur »
Même si on ne sait pas encore s’il s’agit d’un crime raciste ou d’un conflit lié au travail, les Tibétains sont choqués du sort qu’a subi leur compatriote. « Que les Chinois tuent des Tibétains au Tibet, territoire occupé, c’est courant. En France, en Europe, c’est une première », explique Ugen‑Tenzing Nubpa, représentant tibétain pour la Suisse, qui reconnaît qu’il est difficile de dire s’il s’agit d’un acte raciste.
La communauté tibétaine en France ressent « une grosse colère » face au sort connu par le jeune Tibétain, arrivé en France en 2014. « Nous avons fui le Tibet pour des raisons politiques, pour rejoindre, ici, un pays libre », assure Tsering, un jeune homme de 32 ans participant à la marche blanche. « Que des Chinois fassent cela, c’est un coup directement porté à notre cœur. »
Céline Menguy, attachée de presse du bureau du Tibet à Paris, explique une réalité que vivent les jeunes Tibétains dans l’Hexagone : « Le problème des jeunes qui arrivent en France est qu’ils ne parlent pas notre langue et n’ont souvent pour seule solution que de travailler dans des restaurants chinois où ils ne sont pas toujours bien traités. »
Un sentiment d’insécurité a gagné les Tibétains installés en France. « Tous ceux qui travaillent dans les restaurants chinois se disent concernés et ne se sentent plus en sécurité », assure Thupten Gyatso, député du parlement tibétain en exil.
Deux autres manifestations à Saint‑Léonard
Quelques jours plus tôt, jeudi 14 juillet, une première manifestation a mal tourné. Une centaine de personnes de la communauté tibétaine se sont rendue à Saint‑Léonard dans le but de rendre hommage à Tsultrim. L’événement s’est terminé par le saccage du restaurant où travaillait le jeune homme lorsque les manifestants ont découvert des traces de sang et appris que le corps de leur « frère » avait été placé dans un sac poubelle par les agresseurs.
Une autre manifestation en souvenir du jeune homme s’est tenue à Saint‑Léonard ce lundi 18 juillet, réunissant quelques centaines de personnes. Elle s’est déroulée dans le calme. À Paris comme à Saint‑Léonard, les manifestants ont chanté l’hymne tibétain ainsi que la Marseillaise.
« Nous sommes un peuple pacifique », rappelle Xavier Karma.
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