La carrière d’une femme médecin de l’équipe olympique – qui pointait vers le succès déjà à un âge précoce – s’est arrêtée brutalement lorsqu’elle a refusé d’injecter des stéroïdes aux meilleurs gymnastes chinois. Après presque deux décennies de mauvais traitements, elle demande l’asile en Allemagne et a rompu tous les liens avec le Parti communiste chinois.
Xue Yinxian, âgée de 79 ans, est née dans une famille révolutionnaire, son enfance en tant qu’enfant privilégié « de la seconde génération rouge » – enfant de fonctionnaires vétérans – s’est déroulée exactement comme prévu.
À la fin de la vingtaine, elle est entrée à l’administration générale des sports de la Chine, le bureau des sports le plus haut placé dans le pays. Elle est, par la suite, devenue la médecin personnelle d’athlètes olympiques tels que Li Ning, connu en Chine sous le surnom de « Prince de la gymnastique », et Lou Yun, médaillé olympique ayant reçu une médaille d’or à deux reprises, en 1984 et en 1988. Elle était aussi médecin-chef responsable de la supervision des 11 équipes nationales.
Tout a basculé à la fin des années 1970, lorsqu’une vague de dopage parrainé par l’État a frappé la scène sportive chinoise. Le médecin du sport Chen Zhanghao avait été envoyé pour étudier les avantages des stimulants. Il est rentré en Chine en proclamant leur pouvoir pour combattre la fatigue.
Peu de temps après, Xue a dit qu’on demandait à tous les athlètes de prendre des drogues.
Le bureau national des sports a mis en place, par la suite, une équipe de recherche sur le dopage, dirigée par Chen.
Xue a déclaré que, souvent, les athlètes n’étaient pas au courant de ce qu’on leur injectait – on nommait les stéroïdes et les hormones de croissance « médicaments nutritionnels spéciaux » et on en faisait la promotion à travers tout le pays comme un « entraînement scientifique ».
« La campagne a ruiné les athlètes de notre pays pour la vie », a déclaré Xue.
En tant que médecin, Xue a vu le danger des drogues administrées bien plus clairement que la plupart de ses contemporains. Elle a déclaré que les effets secondaires comprenaient de sévères dommages au foie et une fragilité osseuse ainsi que des cancers du foie et du cerveau. Mais c’étaient les athlètes adolescentes qui payaient le prix le plus élevé.
« Le “puissant énergisant” les a bien menées à la porte de l’équipe professionnelle », a déclaré Xue. « J’en ai vu une comme ça, elle a battu les records provinciaux… mais, maintenant, elle n’a pas le sou et souffre de problèmes mentaux. »
C’est le manque de règlementation concernant les drogues qui a le plus dérangé Xue. « Au moins, au niveau de l’équipe nationale, il y avait des médecins pour surveiller les doses et en assumaient la responsabilité, mais qui se souciaient des équipes régionales ? »
En juillet 1988, deux mois avant les Jeux olympiques de Séoul, on a demandé à Xue d’injecter des drogues visant à améliorer les performances du gymnaste Li Ning.
Elle a refusé et les représailles ont rapidement suivi.
Alors que les médecins qui coopéraient, recevaient des récompenses lucratives et des promotions, Xue a perdu son poste. Ses emails et son téléphone ont été surveillés. Une voiture de police était stationnée en permanence devant chez elle.
« Li Ning est une célébrité », a-t-elle dit aux fonctionnaires. « Si tout cela était révélé au grand jour, ce n’est pas seulement vous, moi et Li Ning qui perdrions la face, c’est toute notre image nationale qui serait ruinée aussi. »
« Ce que le comité des sports voulait, c’était des champions, pas des athlètes », a déclaré Li Ning au Southern Weekly en 2012.
Avant les Jeux olympiques de Beijing en 2008, elle a reçu une visite du vice-directeur du bureau national des sports de l’État qui l’a avertie de ne rien dire « de défavorable contre la nation », selon Yang Weidong, le fils de Xue, un artiste contemporain.
Le mari de Xue, qui venait d’avoir une chirurgie du cerveau, a eu échauffourée avec le fonctionnaire, il est tombé par terre et s’est à nouveau fait une blessure à la tête. Il est décédé trois mois plus tard.
En 2012, Xue a accordé une entrevue au Fairfax Media d’Australie. Elle y dénonçait le dopage imposé par l’État chinois – la première fois que le régime a été impliqué directement dans cette pratique.
Demande d’asile
Xue a été victime de deux accidents cardiovasculaires et, à une occasion, elle a perdu la capacité de parler. Lorsqu’elle est allée chercher un traitement à l’Hôpital de Beijing et à l’Hôpital de l’amitié Chine-Japon, deux des plus gros hôpitaux d’État de Beijing, elle n’a rien reçu de plus que des examens.
« Pendant deux ans, ils n’ont pas traité ma mère », s’est plaint Yang Weidong. « Les hôpitaux n’ont pas spécifié de raison pour cela mais, chaque fois que nous arrivions à l’hôpital, la police était aussi là. »
Avant que Xue ne soit autorisée à quitter le pays pour solliciter une aide médicale, sa maison a été fouillée, la police cherchait les 68 journaux de travail que Xue avait écrits en tant que médecin – des journaux qui documentent ses allégations de dopage parrainé par l’État.
La police est arrivée trop tard : quelques mois auparavant, la famille de Xue avait transporté les journaux à l’étranger.
Xue s’est enfuie en Allemagne avec son fils et sa belle-fille en juin, afin d’y demander asile. Tous les trois ont été transférés dans un camp de réfugiés à Mannheim le 29 août.
Xue a déclaré à Radio Free Asia qu’elle avait cessé de payer sa carte de membre du Parti après le décès de son mari. Le 8 septembre 2017, elle s’est fait prendre en photo avec le carnet sur lequel elle avait écrit : « Xue Yinxian déclare : Je quitte le parti communiste chinois. Date : 08/09/2017. »
Avec ce geste, Xue coupe les derniers liens avec le régime communiste. En date d’aujourd’hui, environ 280 millions de Chinois ont choisi de répudier leurs connexions avec le Parti et ses organisations affiliées.
Le 28 août, l’abus contre lequel Xue s’est battue a de nouveau fait la nouvelle. Le tribunal arbitral du sport a confirmé que deux haltérophiles chinois étaient coupables de dopage et leur a retiré les médailles d’or gagnées aux Olympiques de Beijing de 2008.
Le verdict contre les deux haltérophiles est le dernier exemple de scandale relié au dopage qui a secoué les sports olympiques. En testant à nouveau des échantillons des Jeux olympiques de 2008 et de 2012, respectivement à Pékin et à Londres, environ 50 cas de dopage ont été trouvés, ce qui a eu pour résultat l’annulation d’au moins 25 médailles – la majorité des cas impliquait des athlètes de l’ex-Union soviétique, selon Associated Press.
La Chine, l’un des meilleurs pays dans le domaine de l’haltérophilie, a remporté sept médailles aux Jeux olympiques de 2016 à Rio de Janeiro, dont cinq médailles d’or.
Chang Chun et Zhang Ting ont aussi contribué à ce reportage.
Version originale : Whistleblower of China’s State-Sanctioned Doping Seeks Asylum
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.