Derrière la couverture de la Chine par le New York Times, des décennies de distorsion

Comment le New York Times induit ses lecteurs en erreur sur la Chine communiste, notamment sur la persécution du Falun Gong par le régime

Par Petr Svab
1 septembre 2024 18:10 Mis à jour: 2 septembre 2024 13:06

Au cours des 25 dernières années, à des moments critiques, le New York Times a privilégié les intérêts d’une faction au pouvoir au sein du Parti communiste chinois, responsable d’atrocités commises à l’encontre de pratiquants de la discipline spirituelle Falun Gong.

En plus de se mettre en cause sur le plan éthique, le journal a, de ce fait, également déformé sa couverture de la Chine et induit ses lecteurs en erreur, comme le révèlent une analyse de la couverture de la Chine par le New York Times et des entretiens avec une demi-douzaine d’analystes de la politique et géopolitique du Parti communiste chinois (PCC).

En raison de l’influence disproportionnée du journal sur les mesures politiques, sa couverture biaisée a probablement conduit à des pertes de vies humaines et de trésors difficilement quantifiables, selon certains spécialistes.

Pendant des décennies, le New York Times s’est positionné comme un journal à portée internationale, insistant sur la nécessité de maintenir un accès à la Chine, selon d’anciens collaborateurs. Par conséquent, cela signifiait qu’il fallait convaincre le régime communiste que la présence du New York Times lui serait bénéfique.

Le journal n’a jamais révélé le prix qu’il a payé pour avoir accès à la Chine.

« Il y a toujours la question de savoir, si l’on veut être un journal mondial, que faut-il faire pour satisfaire la Chine et y rester en activité », a déclaré à Epoch Times Tom Kuntz, ancien rédacteur en chef du journal.

« Il y a toujours eu des tensions, et je sais qu’ils ont, comme beaucoup d’entreprises, essayé de maintenir l’accès à la Chine. »

Bradley Thayer, ancien chercheur au Center for Security Policy, spécialiste en évaluation stratégique de la Chine et collaborateur d’Epoch Times, a été plus direct.

« S’ils ne couvrent pas le régime de la manière dont celui-ci veut être couvert, ils seront éjectés. Ils ne pourront plus revenir », a-t-il déclaré à Epoch Times.

« Tous ces individus ont donc un intérêt direct, si vous voulez, à obéir au Parti. »

Couvrant la politique chinoise, le New York Times a attribué de la sincérité là où l’on s’attendrait à de la tromperie et a passé sous silence ce qu’il aurait dû approfondir, le tout en affinité avec les intérêts d’une clique du PCC alignée sur l’ancien chef du Parti communiste chinois, Jiang Zemin, ont affirmé de nombreux analystes.

Le New York Times n’a pas répondu à une liste exhaustive de questions envoyée par courriel.

Une position privilégiée

Le New York Times a développé un lien particulier avec Jiang Zemin en 2001, lorsque son directeur de publication de l’époque, Arthur Sulzberger Jr., et plusieurs rédacteurs et journalistes ont obtenu une rare audience avec le dictateur.

Le New York Times a publié une interview exclusive de Jiang Zemin, intitulée « Dans les mots de Jiang : ‘J’espère que l’Occident pourra mieux comprendre la Chine.’ »

En l’espace de quelques jours, le PCC a débloqué l’accès au site web du New York Times en Chine.

Un mois plus tard, le PCC a débloqué plusieurs autres sites d’information occidentaux, dont ceux du Washington Post, du Los Angeles Times, du San Francisco Chronicle et de la BBC. Ces sites ont été à nouveau bloqués dans la semaine qui a suivi.

Le site du New York Times, en revanche, est resté accessible. Les utilisateurs ont alors signalé que le contenu du site était bloqué de manière sélective.

L’interview a eu lieu à un moment délicat pour Jiang Zemin. Il ne lui restait qu’un peu plus d’un an (à la tête du Parti), puisqu’il était supposé céder ensuite le contrôle du Parti à Hu Jintao, conformément à la ligne de succession définie par Deng Xiaoping, son prédécesseur.

Or, les choses n’allaient pas bien pour Jiang. La persécution de la pratique spirituelle Falun Gong qu’il avait personnellement lancée, une campagne politique censée amener le Parti et la nation à se conformer sous son contrôle, n’atteignait pas ses objectifs. Pire encore, les médias étrangers, dont le Wall Street Journal et le Washington Post, démontaient la propagande anti-Falun Gong du PCC et mettaient en lumière des cas de détention abusive et de torture.

Le New York Times, en revanche, a semblé très utile à la campagne de Jiang Zemin. Au moment de l’interview de 2001, le journal avait publié plusieurs dizaines d’articles sur le Falun Gong, presque tous reprenant la propagande du PCC, étiquetant la pratique de « culte » ou de « secte ».

Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une discipline spirituelle composée d’exercices physiques doux et d’enseignements basés sur les valeurs d’authenticité, de compassion et de tolérance. Après sa présentation au public en Chine en 1992, on estimait qu’il était pratiqué par 70 à 100 millions de personnes à la fin de la décennie.

En 2001, le New York Times avait publié plusieurs dizaines d’articles reprenant la propagande du PCC décrivant le Falun Gong comme un « culte » ou une « secte ». (Captures d’écran via Epoch Times, New York Times)

Lorsqu’en janvier 2001, les médias d’État du régime ont affirmé que plusieurs personnes qui s’étaient immolées sur la place Tiananmen à Pékin étaient des pratiquants du Falun Gong, le Washington Post a dépêché un journaliste pour vérifier les faits. Le New York Times, quant à lui, a immédiatement pris la version du PCC pour argent comptant.

Si le New York Times avait fait preuve du sens de l’investigation dont il se targue, il aurait découvert, comme d’autres l’ont fait, que l’incident était une mise en scène. Après que le premier homme se soit prétendument enflammé au milieu de la place Tiananmen, quatre policiers ont réussi à instantanément se procurer plusieurs extincteurs, se précipiter sur les lieux et à éteindre le feu – le tout en moins d’une minute.

Compte tenu des distances à parcourir sur cette place gigantesque, cela n’aurait pas été physiquement possible, à moins que les policiers aient déjà préparé les extincteurs et qu’ils aient su à l’avance à quel endroit de la place ils seraient nécessaires ce jour-là, ont conclu plusieurs enquêtes indépendantes, qui ont mis en évidence des dizaines d’autres incohérences.

Même sans enquête, l’incident n’avait guère de sens. D’après le CCP, les victimes étaient censées croire que le fait de se brûler vives les conduirait au paradis. Or, le Falun Gong n’inclut aucunement une telle croyance. Selon ses écrits, le suicide revient à tuer une vie humaine, ce qu’il interdit explicitement. En fait, sur les dizaines de millions de personnes qui pratiquent le Falun Gong, aucune ne s’était immolée publiquement jusque-là et aucune ne l’a fait depuis.

Même après que l’enquête du Washington Post a permis de retrouver plusieurs des victimes présumées dans leur ville d’origine et de constater qu’aucune d’entre elles n’avait jamais été vue en train de pratiquer le Falun Gong, le New York Times a continué à répéter la propagande du PCC.

Traduction de la page du New York Times :

Titre : Pour lutter contre la secte, la Chine crie sur les toits un événement d’immolation en public

Une semaine après que cinq personnes décrites comme des membres du Falun Gong se sont immolées par le feu sur la place Tiananmen, la Chine a finalement informé son propre peuple ce soir. Elle a diffusé des vidéos de police macabres montrant les croyants en flammes, dans le cadre d’une campagne nouvellement intensifiée visant à discréditer le groupe spirituel interdit.

Mardi dernier, les services d’information en langues étrangères du gouvernement, lus par les journalistes étrangers et les personnes se trouvant à l’étranger, ont brièvement annoncé qu’un homme et quatre femmes, qu’ils décrivent comme des adeptes du Falun Gong de la ville de Kaifeng, s’étaient immolés par le feu sur la place du centre de Pékin ce jour-là et qu’une femme était décédée.

Vidéo d’analyse de « l’incident de l’auto-immolation » : falsefire.com

INVESTIGATIVE REPORT ON THE TIANANMEN SQUARE SELF-IMMOLATION HOAX from WOIPFG on Vimeo.

Jiang Zemin était apparemment satisfait des publications du New York Times, qu’il a qualifié de « très bon journal » lors de l’interview de 2001.

S’attirer les bonnes grâces de Jiang sur la question du Falun Gong aurait été particulièrement critique, car cela touche à un principe fondamental de la politique du PCC, ont affirmé plusieurs spécialistes.

Renforcer l’héritage d’un dictateur

En 2002, le New York Times était en mode pro-Jiang Zemin. Citant des sources du PCC, le journal a déclaré que le Falun Gong avait été « écrasé » avec succès. Il a laissé entendre que le Falun Gong était déjà dépassé et qu’il n’avait jamais compté que 2 millions de pratiquants. Il est même allé jusqu’à affirmer que le chiffre de 100 millions cité par les sources du Falun Gong était sans fondement.

Pourtant, quelques années plus tôt, avant le début de la persécution, de nombreux médias occidentaux et chinois, dont l’Associated Press et le New York Times, avançaient des chiffres de 70 ou 100 millions de pratiquants, les attribuant généralement aux estimations de l’Administration nationale chinoise des sports, qui disposait des meilleures informations grâce à une enquête exhaustive sur les pratiquants de Falun Gong qu’elle avait menée à la fin des années 1990.

Le New York Times, citant des sources du PCC, a rapporté que le Falun Gong n’a jamais compté que 2 millions de pratiquants. Toutefois, de nombreux médias occidentaux et chinois avaient avancé le chiffre de 70 ou 100 millions avant le début de la persécution contre le Falun Gong en 1999. En 1998, la chaîne de télévision chinoise Shanghai TV, contrôlée par l’État, a fait la promotion du Falun Gong en déclarant que « 100 millions de personnes dans le monde apprennent le Falun Dafa ». (Captures d’écran via Epoch Times, New York Times, Falun Dafa Information Center)

Traduction de l’image :

Titre de l’article du New York Times : Les adeptes d’une secte chinoise défendent ses objectifs spirituels

Titre d’une vidéo de Shanghai TV : « 100 millions de personnes dans le monde apprennent le Falun Dafa »

Extrait de l’article du New York Times : La taille exacte du mouvement est une question ouverte. M. Zhai et d’autres adeptes du Falun Gong insistent sur le fait qu’ils sont au moins 100 millions, bien que les spécialistes estiment qu’un chiffre plus juste se situe probablement entre 20 et 60 millions. Les autorités, qui ne sont pas connues pour leur image fidèle des adeptes du groupe, affirment qu’ils ne sont que deux millions.

Pendant ce temps, le journal évoquait l’héritage de Jiang Zemin en tant que réformateur amical qui a propulsé la Chine sur la scène internationale.

« M. Jiang est, en termes chinois, profondément pro-américain », déclarait un article d’opinion publié en 2002 par l’un des collaborateurs réguliers du journal.

Malgré ses transgressions passées, la Chine « devient plus ouverte, plus tolérante et plus importante », pouvait-on lire. La décision de Jiang de conserver le poste le plus élevé de l’armée du PCC après son départ à la retraite en 2002 a été décrite par le journal comme un signe de force quelque peu controversé.

Le journal a même publié un article sur les Chinois qui se rendent en pèlerinage dans la ville natale de Jiang Zemin pour étudier comment le milieu local a « nourri » le futur dirigeant de la nation. Creusant le sujet de l’histoire de sa famille, l’article a omis un fait très sensible pour Jiang : son père était un fonctionnaire chargé de la propagande au sein du gouvernement fantoche installé par les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, et donc un traître aux yeux des Chinois.

Un État sécuritaire hypertrophié

Dans sa couverture, le New York Times n’a pas saisi toute l’importance de l’élargissement par Jiang Zemin du comité permanent du Politburo – l’organe dirigeant officiellement le pays – qui est passé de sept à neuf membres. Cette mesure lui a permis d’ajouter son chef de la propagande, Li Changchun, ainsi que son chef de la commission des Affaires politiques et juridiques (Political and Legal Affairs Commission, PLAC), Luo Gan.

Sous Jiang, la PLAC est devenue un mastodonte tout-puissant contrôlant l’ensemble de l’appareil de sécurité nationale. La campagne de persécution du Falun Gong y est pour beaucoup. Le Falun Gong n’ayant jamais été officiellement interdit en Chine, Jiang Zemin a mis en place une organisation policière extralégale, appelée le Bureau 610, pour mener à bien la persécution. Il en a confié la responsabilité à Luo Gan, lui donnant carte blanche pour utiliser toutes les ressources de l’appareil de sécurité nécessaires à l’« éradication » du Falun Gong.

Or, le Falun Gong ne ressemblait à aucun autre groupe que le régime avait cherché à écraser. La tactique habituelle consistant à capturer les dirigeants s’est avérée inefficace. À l’exception de son fondateur, déjà exilé aux États-Unis, le Falun Gong n’avait pas de dirigeants officiels ni de hiérarchie. Ses « coordinateurs » locaux facilitaient des activités simples comme la pratique des exercices en groupe. Lorsqu’ils étaient arrêtés, d’autres reprenaient facilement leur rôle.

Au fur et à mesure que la persécution s’intensifiait, les pratiquants de Falun Gong ont cessé d’organiser des activités publiques en Chine et se sont concentrés sur la « clarification de la vérité », c’est-à-dire sur l’explication des faits concernant le Falun Gong et la persécution, d’une personne à l’autre. Pour interrompre leurs activités, l’appareil de sécurité du PCC a dû les identifier, les surveiller et les arrêter un par un, nécessitant des ressources considérables.

La persécution a nécessité une expansion massive de l’appareil policier et de surveillance du pays, qui a été entreprise par Luo Gan et son successeur, Zhou Yongkang, qui était également un proche associé de Jiang Zemin, selon plusieurs analystes.

[Le PCC] a dû faire une exception : toute loi établie doit être [appliquée] ‘sauf [dans le cas du] Falun Gong’.
— Heng He, Analyste expert de la Chine

Le système juridique chinois, qui en est encore à ses balbutiements, a été étranglé au berceau par la persécution du Falun Gong, selon Heng He, analyste expert de la Chine.

« [Le PCC] a dû faire une exception : toute loi établie doit être [appliquée] ‘sauf [dans le cas du] Falun Gong’ », a déclaré M. Heng.

En règle générale, les pratiquants de Falun Gong étaient jugés pour « atteinte à l’application de la loi », la loi étant interprétée de manière si large qu’elle englobait tout ce que le régime jugeait digne d’être supprimé.

« Le système juridique s’y est habitué. Et ils ne s’arrêtaient pas là. Ils utilisaient cette technique pour étendre leur pouvoir à d’autres personnes », a déclaré M. Heng.

« C’est pourquoi la Chine n’a jamais été en mesure d’établir un véritable système juridique. »

Des pratiquants de Falun Gong participent à un défilé pour célébrer la Journée mondiale du Falun Dafa et appeler à la fin de la persécution en Chine, à New York, le 10 mai 2024. (Samira Bouaou/Epoch Times)

De plus en plus, les militants des droits de l’homme, les bouddhistes tibétains, les musulmans ouïghours et les chrétiens d’église de maison ont été persécutés en utilisant les stratégies et l’appareil créés à l’origine contre le Falun Gong.

Aucune de ces informations n’a été publiée dans les pages du New York Times.

Lorsque le journaliste du New York Times Joseph Kahn a produit une série d’articles sur le système judiciaire chinois qui mettaient en évidence ses résultats politiquement prédéterminés et les aveux obtenus sous la torture, mais qui mentionnaient à peine le Falun Gong, il a reçu un Pulitzer. M. Kahn a ensuite pris la tête de la couverture internationale du journal et, en 2022, il en est devenu le rédacteur en chef.

Mise à l’écart de Bo Xilai

Bo Xilai était autrefois considéré comme une étoile montante du PCC. L’un des « princelings », fils des premiers révolutionnaires communistes, il avait été préparé à la direction du PCC. En 1993, il a été nommé maire de Dalian, une grande ville portuaire de la province de Liaoning, au nord-est du pays.

Selon le chauffeur de Bo, qui a vendu la mèche à un journaliste chinois, Jiang Zemin a très tôt incité Bo Xilai à utiliser la persécution du Falun Gong comme tremplin pour sa carrière.

Le New York Times n’a jamais exploré ces questions, ignorant systématiquement l’implication de Bo Xilai dans la persécution du Falun Gong. En 2009, les pratiquants de Falun Gong avaient intenté plus de 70 actions en justice dans plus de 30 tribunaux à travers le monde contre Jiang et d’autres responsables de la persécution, dont une douzaine contre Bo.

Documents judiciaires relatifs aux poursuites engagées contre Jiang Zemin et ses associés dans le cadre de la campagne de persécution du PCC contre le Falun Gong. Tribunal de district des États-Unis pour le district de Columbia, tribunal de district des États-Unis pour le district nord de l’Illinois, cour d’appel des États-Unis pour le septième circuit.

Plusieurs tribunaux américains ont rendu des jugements par défaut contre des personnes personnellement impliquées dans des actes de torture. En 2009, un tribunal espagnol a inculpé cinq responsables actuels et anciens du PCC pour torture, dont Jiang Zemin, Luo Gan, Bo Xilai et Jia Qinglin. La même année, un tribunal argentin a émis des mandats d’arrêt internationaux contre Jiang Zemin et Luo Gan.

Le New York Times a ignoré tous ces développements. En 2014, il a rapporté que le Parlement espagnol se préparait à limiter la compétence internationale des tribunaux parce qu’elle « compliquait la diplomatie de manière imprévisible ».

L’article décrivait les juges comme « trop zélés » et « provocateurs ».

Le New York Times a mentionné un mandat d’arrêt émis par un juge espagnol à l’encontre de Jiang Zemin et de l’ancien premier ministre chinois Li Peng, mais uniquement pour des violations des droits de l’homme au Tibet. Il a également fait mention d’affaires concernant des fonctionnaires américains et israéliens.

Tuer pour des organes

En 2006, des informations en provenance de Chine ont commencé à émerger concernant une nouvelle forme de criminalité soutenue par l’État chinois : l’assassinat de prisonniers de conscience pour des organes obtenus sur demande.

D’abord, l’ex-femme d’un chirurgien chinois a pris contact avec Epoch Times, affirmant que la plupart des prisonniers étaient des pratiquants de Falun Gong et qu’ils étaient encore en vie lorsque leurs organes avaient été prélevés. Peu après, un ancien officier militaire a fait part d’allégations similaires.

L’affaire a éclaté au grand jour lorsque des chercheurs de la diaspora chinoise ont commencé à téléphoner à des hôpitaux chinois en se faisant passer pour des patients ou des proches de patients ayant besoin d’une greffe. Dans les conversations enregistrées, les médecins ont ouvertement confirmé que les organes étaient disponibles pratiquement sur demande, en l’espace d’une semaine ou deux. Certains médecins chinois ont même affirmé pouvoir fournir des organes « [de pratiquants] de Falun Gong » lorsque les enquêteurs ont dit avoir entendu dire que ces organes étaient les plus sains.

Au fil des ans, cependant, le New York Times a aidé le PCC à balayer la question du meurtre pour des organes sous le tapis.

En 2014, le PCC a annoncé qu’il mettrait fin à l’utilisation de condamnés à mort pour des transplantations. Lorsqu’une journaliste du New York Times, Didi Kirsten Tatlow, a été mise sur une piste indiquant que la pratique n’avait pas cessé et que des prisonniers de conscience étaient toujours utilisés, le New York Times a bloqué son enquête, a-t-elle déclaré. Elle a quitté le journal peu de temps après.

« J’ai eu l’impression que le New York Times, mon employeur à l’époque, n’était pas satisfait que je poursuive ces articles [sur les violations en matière de transplantation d’organes] et, après avoir initialement toléré ma démarche, m’a empêchée de continuer », a-t-elle déclaré en 2019 lors d’un témoignage devant le « China Tribunal », un groupe d’experts indépendants établi à Londres qui a examiné les preuves des prélèvements forcés d’organes.

L’impact du reportage déformé du New York Times et la manière irresponsable dont il traite les pratiquants de Falun Gong, les considérant comme des ‘victimes indignes’, ont contribué à l’impunité dont jouissent les auteurs de ces actes et ont privé leurs victimes d’un soutien international vital.
— Centre d'information sur le Falun Dafa

Le tribunal a conclu que le régime chinois avait effectivement prélevé des organes sur des pratiquants de Falun Gong et d’autres prisonniers de conscience et ce, à grande échelle. Le New York Times a ignoré à la fois le jugement du China Tribunal et les nombreuses preuves sous-jacentes que le tribunal avait examinées, y compris la déclaration de la journaliste Didi Kirsten Tatlow.

Récemment, lorsqu’il a été interrogé sur son bilan en la matière, un porte-parole du New York Times a déclaré à Epoch Times que le journal avait bien couvert la question des « dons d’organes forcés » en Chine, se référant à un seul article de 2016 de Mme Tatlow qui évoquait les allégations, mais n’abordait pas les preuves sous-jacentes.

Le 16 août dernier, le New York Times a publié un article qui, une fois de plus, ne tient pas compte des nombreuses preuves concernant les meurtres de pratiquants de Falun Gong par le PCC dans sa pratique de prélèvements forcés d’organes. Au lieu de cela, il a appuyé son article sur la base de propos d’un seul chercheur chinois nommé, qui a déclaré que les preuves n’existaient pas.

Le Centre d’information sur le Falun Dafa (Falun Dafa Information Center, FDIC), une organisation à but non lucratif qui exerce une veille sur la persécution du Falun Gong, s’est montré plutôt en désaccord avec l’expression « don d’organes forcé » utilisé par le New York Times. Il est oxymorique et « bizarre » d’utiliser « les mots ‘forcé’ et ‘don’ dans la même phrase », a déclaré le centre.

Dans un rapport de mars détaillant la couverture « honteuse » du Falun Gong par le New York Times, le Centre d’information sur le Falun Dafa a réfléchi au coût humain de la débâcle journalistique.

« L’impact du reportage déformé du New York Times et la manière irresponsable dont il traite les pratiquants de Falun Gong, les considérant comme des ‘victimes indignes’, ont contribué à l’impunité dont jouissent les auteurs de ces actes et ont privé leurs victimes d’un soutien international vital. Le résultat est sans aucun doute une augmentation des souffrances et des pertes humaines dans toute la Chine continentale », a déclaré l’organisation.

Cela ne veut pas dire que le New York Times a totalement ignoré les violations des droits de l’homme en Chine. Au lieu de cela, selon certains, il a adopté une approche aseptisée.

Critique sans risque

Comme l’a montré le Centre d’information sur le Falun Dafa, entre 2009 et 2023, le New York Times n’a publié que 17 articles sur le Falun Gong, mais plus de 200 sur la question ouïghoure et plus de 300 sur le Tibet.

Selon Trevor Loudon, spécialiste des régimes communistes et collaborateur d’Epoch Times, du point de vue des intérêts du journal en Chine, critiquer les violations des droits de l’homme dans les régions lointaines du Tibet ou du Xinjiang est considéré comme relativement « sûr ».

«Il s’agit d’un signe de vertu : ‘Vous voyez, nous défendons les droits de l’homme.’ Mais ils ne feraient jamais cela avec le Falun Gong parce que cela offenserait vraiment le PCC. Le PCC piquerait une crise dans ce cas », a-t-il déclaré à Epoch Times.

Si la dénonciation des violations commises à l’encontre des Tibétains ou des Ouïghours suscite l’indignation à l’étranger, elle ne provoque que peu d’instabilité à l’intérieur du pays, explique M. Loudon, car ces minorités ethniques n’ont qu’une influence limitée au cœur de la Chine.

Le Falun Gong, en revanche, est « enraciné dans la culture chinoise », ce qui lui confère un attrait immédiat.

« Les Chinois ne vont pas se convertir à l’islam demain. Les Chinois ne vont pas adopter le bouddhisme tibétain. Or, des millions de Chinois éprouvent une certaine sympathie envers le Falun Gong », a-t-il déclaré.

Il est également plus facile pour le PCC de coller des étiquettes politiques sur les minorités ethniques – « séparatistes » pour les Tibétains et « terroristes » pour les Ouïghours.

Les Chinois ne peuvent pas dire que les [pratiquants de] Falun Gong sont des séparatistes. Ils ne peuvent pas dire qu’ils sont des terroristes. Ils ne peuvent pas dire qu’ils sont politiques, vraiment. Ils peuvent seulement dire qu’ils sont bizarres ou fous.
— Trevor Loudon, spécialiste des régimes communistes

Les pratiquants de Falun Gong, cependant, sont pour la plupart des Chinois ordinaires, provenant de toutes les couches de la société. Leur seule revendication politique est que le régime mette fin à leur persécution, a déclaré M. Loudon.

« Les Chinois ne peuvent pas dire que les [pratiquants de] Falun Gong sont des séparatistes. Ils ne peuvent pas dire qu’ils sont des terroristes. Ils ne peuvent pas dire qu’ils sont politiques, vraiment. Ils peuvent seulement dire qu’ils sont bizarres ou fous », ajoute-t-il.

Voilà exactement la ligne d’attaque que soutien le New York Times, selon le rapport du Centre d’information sur le Falun Dafa.

Le New York Times a ignoré, minimisé ou déformé les violations des droits de l’homme en Chine, selon un rapport du Centre d’information sur le Falun Dafa, une organisation à but non lucratif qui se consacre à la surveillance de la persécution en Chine. (Centre d’information sur le Falun Dafa)

La doctrine de l’engagement

Les États-Unis ont été lents à réagir à l’escalade des violences commises par le PCC à l’encontre des pratiquants de Falun Gong, et le New York Times n’a pas été d’un grand secours.

« Ils savent qu’ils doivent être intellectuellement honnêtes à un certain point, mais ce qu’ils ne peuvent jamais faire, c’est de relier les points pour révéler des tendances stratégiques », a déclaré à Epoch Times James Fanell, ancien officier de renseignement de la marine et de la Chine, et coauteur, avec Bradley Thayer, du récent ouvrage intitulé « Embracing Communist China : America’s Greatest Strategic Failure » (Embrasser la Chine communiste : le plus grand échec stratégique de l’Amérique).

Le PCC a intentionnellement gardé le flou sur ses objectifs ultimes, les présentant comme une « montée en puissance pacifique » d’un pouvoir « responsable ». Or, la trajectoire du développement n’était pas difficile à tracer, selon les auteurs.

Plutôt qu’une quête d’émancipation, l’objectif du Parti communiste chinois de surpasser les États-Unis sur le plan économique et militaire reflète une quête de domination, expliquent-ils.

Le discours du PCC sur une « ascension pacifique » et un monde « multipolaire », où les États-Unis, la Chine et d’autres pays se partageraient la responsabilité du maintien de l’ordre, n’est guère plus que de la « poudre aux yeux », a déclaré M. Fanell.

« Ils savent qu’il n’y aura qu’un seul chef », a-t-il ajouté. « Ils veulent être la première puissance du monde. Ils l’ont dit de multiples façons. »

En détrônant les États-Unis en tant que première puissance mondiale, le PCC serait en mesure de dicter les règles politiques et commerciales à l’échelle mondiale, affirment les auteurs. La Pax Americana (Longue Paix établie entre les grandes puissances après la Seconde Guerre mondiale, ndlr), malgré tous ses défauts, a permis une certaine mesure des valeurs universelles, de la liberté de la presse, de la liberté religieuse et de la liberté économique. La Pax Sinica du PCC n’en promet pas tant », ont-ils averti.

« Nous savons à quoi cela va ressembler », a déclaré M. Fanell. « Nous le voyons tous les jours en Chine. Contrôle total. Système de crédit social. L’État contrôle tous les aspects de votre vie. Voilà ce que c’est. »

Selon M. Thayer, le PCC ne peut pas se défaire de ses ambitions hégémoniques.

L’individu qui remplacera [le chef du PCC] maintiendra les mêmes politiques, la même agressivité, parce que l’individu, en fin de compte, est bien moins important que l’idéologie du communisme.
— Bradley Thayer, chercheur principal, Center for Security Policy

« Xi Jinping pourrait mourir demain. Il pourrait mourir cet après-midi, et la personne qui le remplacera ne reviendra pas à l’époque heureuse », a-t-il déclaré.

« L’individu qui le remplacera maintiendra les mêmes politiques, la même agressivité, parce que l’individu, en fin de compte, est bien moins important que l’idéologie du communisme et le fait que leur pouvoir s’est accru. Et cette idéologie liée au pouvoir explique leur comportement de plus en plus agressif sur le plan international. »

Depuis la pandémie de Covid-19 en particulier, un important consensus bipartisan s’est dégagé aux États-Unis sur la nécessité de s’attaquer de front aux ambitions du PCC – une stratégie que MM. Thayer et Fanell soutiennent.

Le New York Times a toutefois déconseillé de traiter le PCC comme un ennemi. Il a plutôt plaidé en faveur d’un engagement continu.

L’année dernière, son comité éditorial a rédigé un article d’opinion intitulé « Who Benefits From Confrontation With China ? » (Qui profite de la confrontation avec la Chine ?). Il a déclaré que « les intérêts des Américains sont mieux servis en mettant l’accent sur la concurrence avec la Chine tout en minimisant la confrontation » et que « les invocations désinvoltes de la guerre froide sont malavisées ».

La politique de l’engagement, qui a dépouillé les États-Unis de ses emplois manufacturiers et contribué à faire de la Chine un adversaire militaire redoutable, « n’a pas donné les résultats espérés et prophétisés par ses partisans », a écrit le comité. Ce dernier a toutefois affirmé qu’une relation avec la Chine « continue d’apporter des avantages économiques substantiels aux habitants des deux pays et au reste du monde ».

M. Thayer a qualifié ce raisonnement d’« épouvantable ».

Selon lui, la doctrine de l’engagement a permis au régime de traverser des moments de crise et a bloqué les efforts visant à le faire s’effondrer.

« Ce que les partisans de l’engagement ont fait, c’est nous empêcher de nous débarrasser de ce régime odieux », a-t-il déclaré.

Le New York Times a publié une section intitulée « China Rules » dans son édition du 25 novembre 2018. La section comprenait des idéogrammes chinois géants sur fond rouge et un rapport élogieux sur le Parti communiste chinois, tout en critiquant dans un même temps les États-Unis. Samira (Bouaou/Epoch Times)

Intérêts et nostalgie

L’adhésion du New York Times à la doctrine de l’engagement peut avoir plusieurs origines.

Bradley Thayer a reproché au journal son « obtusité idéologique qui l’amène à refuser de voir la nature des régimes communistes tels qu’ils sont ».

« Ils n’ont aucune difficulté à condamner les régimes odieux. Ce n’est que pour les régimes communistes odieux qu’ils font preuve de cécité idéologique », a-t-il ajouté.

James Fannell a souligné que le New York Times avait tout intérêt à éviter la confrontation avec la Chine, car il souhaite conserver l’accès à son marché.

« Je pense que c’est évident », a-t-il affirmé.

Après une dévotion prolongée à la doctrine de l’engagement, il est également difficile pour ses partisans d’admettre qu’ils se sont trompés, a-t-il ajouté.

« Ils semblent tellement obsédés par la recherche de tout ce qui peut étayer leur thèse. »

Certains ont également la nostalgie de la Chine sous le règne de Jiang Zemin, une époque où le New York Times était autorisé à faire des affaires en Chine et même à critiquer le régime dans une certaine mesure, tant qu’il suivait la ligne du Parti, en particulier en ce qui concerne le Falun Gong.

« La nostalgie était poignante » l’année dernière lors du déjeuner de travail sur la Chine organisé par le Council on Foreign Relations à New York, a commenté Farah Stockman, membre du comité éditorial du New York Times, dans un article intitulé “Farewell to the U.S.-China Golden Age” (Adieu à l’âge d’or des États-Unis et de la Chine).

« Nous avons eu le privilège de vivre en Chine à une époque remarquablement libre et ouverte, d’apprendre la langue, de nous faire des amis, de trouver des conjoints et, pendant un certain temps, de pouvoir même posséder des biens », a déclaré Ian Johnson, qui a remporté un Pulitzer en 2001 pour une série incisive sur la persécution du Falun Gong pour le Wall Street Journal – une orientation qu’il n’a pas reproduite dans ses contributions ultérieures au New York Times.

Mme Stockman a tacitement admis que le supposé « groupe de réflexion de l’establishment de la politique étrangère du pays » avait été pris de court par l’évolution de la Chine, qui « se transformait en quelque chose qu’ils n’avaient pas prévu » et leur avait fait perdre « visibilité, accès et perspicacité ».

Mais le prétendu âge d’or de l’ouverture de la Chine n’a jamais été qu’une illusion, selon de nombreux experts.

L’apparente main tendue de Jiang Zemin aux capitalistes, vantée dans les pages du New York Times, s’est révélée être un tour de passe-passe, a écrit M. Shum, un ancien homme d’affaires chinois, dans son livre de mémoires Red Roulette.

« J’en ai conclu que la lune de miel du Parti avec les entrepreneurs […] n’était guère plus qu’une tactique léniniste, née dans la révolution bolchevique, consistant à diviser l’ennemi pour l’anéantir », écrit-il.

« Les alliances avec les hommes d’affaires étaient temporaires et s’inscrivaient dans l’objectif du Parti de contrôler totalement la société. Une fois qu’on n’aurait plus besoin de nous, nous deviendrions nous aussi l’ennemi. »

Selon James Fanell, la rhétorique de l’« âge d’or » remonte à la propre propagande du PCC, qui manquait de « sens de la réalité ». Les atrocités commises par le régime n’ont jamais cessé et sa direction n’a jamais changé.

« Il n’est pas surprenant dans ces conditions que l’ouverture ait été très large et que le régime, le PCC, ait invité et récompensé amplement les individus qui interagissaient, parce que le régime voulait, si vous voulez, profiter d’eux, les utiliser, utiliser leurs compétences, utiliser leurs capacités, utiliser leurs relations afin de projeter une image positive de la [République populaire de Chine] et […] que le transfert de connaissances puisse avoir lieu », a déclaré M. Thayer.

« Il n’est pas du tout surprenant qu’au fur et à mesure que l’on avait moins besoin d’eux, l’ouverture s’est refermée. La convivialité, la réciprocité, la bonhomie qu’ils pouvaient avoir se sont réduites. »

Doubler la mise

Au lieu d’affronter la réalité, il apparaît que le New York Times a tenté de recréer l’illusion de « relations chaleureuses » dont il bénéficiait auparavant.

À la mort de Jiang en 2022, le journal a publié un éloge funèbre le décrivant comme un homme politique « volubile » et « désarmant » qui « a présidé à une décennie de croissance économique fulgurante ».

Fait inhabituel, le rédacteur en chef du journal, M. Kahn, a personnellement contribué à l’article, ce qu’il n’avait jamais fait depuis qu’il avait pris la tête du journal au début de l’année.

Selon M. Thayer, cette nécrologie de près de 3000 mots est un exercice d’« ignorance délibérée », qui blanchit l’héritage de sang et de tromperie du dictateur communiste.

Selon lui, l’article a omis des aspects essentiels de l’histoire de Jiang Zemin qui « permettraient de le considérer comme le voyou qu’il était ».

À la mort de Jiang en 2022, le rédacteur en chef du New York Times, Joseph Kahn, a personnellement contribué à une nécrologie sirupeuse. Capture d’écran via Epoch Times, New York Times, Minghui

Traduction de la page du New York Times :

Jiang Zemin, leader qui a mené la Chine vers le marché mondial, meurt à 96 ans.
M. Jiang, un politicien rusé et volubile, a présidé à une décennie de croissance économique fulgurante dans l’ère post-Tiananmen.

M. Jiang a été président de la Chine pendant dix ans, à partir de 1993. Aux yeux de nombreux hommes politiques étrangers, il était l’exception loquace et désarmante au moule de la rigidité habituelle et de l’absence de sourire des dirigeants chinois. Il était le communiste qui citait Lincoln, proclamait son amour pour les films hollywoodiens et se lançait dans des chansons comme « Love Me Tender ».

Ses détracteurs, en Chine et à l’étranger, considéraient que ces mesures n’étaient rien d’autre qu’un virage au gré des vents politiques. Et en vérité, les tendances pro-marché de M. Jiang, se mêlaient à une intolérance à l’égard de la dissidence. Après que les membres de la secte spirituelle Falun Gong ont encerclé le siège du parti communiste en signe de protestation en avril 1999, il a fait pression pour que des détentions massives aient lieu, marquant le lancement d’un modèle d’opérations de répression dans le pays et d’un État sécuritaire de plus en plus puissant.

Dans l’article, la responsabilité de Jiang dans la persécution du Falun Gong a été réduite  à une simple « intolérance à la dissidence » et présentée en une seule phrase :

« Après que les membres de la secte spirituelle Falun Gong ont encerclé le siège du parti communiste en signe de protestation en avril 1999, il a fait pression pour que des détentions massives aient lieu, marquant le lancement d’un modèle d’opérations de répression dans le pays et d’un État sécuritaire de plus en plus puissant. »

Le dépoussiérage de l’étiquette « secte » revêtait une grande importance aux yeux du centre d’information sur le Falun Dafa. Il y a plus de vingt ans, le centre avait imploré le New York Times de cesser d’utiliser ce terme, non seulement en raison de ses implications péjoratives, mais aussi pour des raisons d’inexactitude technique. Le Falun Gong ne se présentait pas comme une ramification d’une autre religion, mais tire plutôt ses origines d’une pratique transmise par une lignée privée, une trajectoire similaire à celle de nombreuses pratiques qui ont été popularisées à partir des années 1970 sous le nom de « qigong ».

En outre, la description faite par le journal de la manifestation de 1999 dans l’enceinte de la direction du PCC est inexacte. S’il s’était renseigné auprès des participants à la manifestation, il aurait appris qu’ils cherchaient à rejoindre le bureau des appels du gouvernement et que c’est la police qui avait conduit la foule dans les rues entourant Zhongnanhai.

Pourtant, d’une manière ou d’une autre, cela allait de soi pour le New York Times qui, depuis 2019, a ouvertement ciblé la diaspora du Falun Gong aux États-Unis avec une série d’articles qui ont mis au jour certains des pires excès de ses reportages du passé, selon le Centre d’information sur le Falun Dafa.

« Des termes comme ‘secret’ ou ‘dangereux’ reviennent à de multiples reprises. […] Les croyances du Falun Gong sont qualifiées d’« extrêmes » », peut-on lire dans le rapport du centre.

La persécution du Falun Gong par le PCC est généralement présentée dans les articles comme de simples « accusations » ou des « affirmations teintées d’hystérie ».

Les millions de personnes jetées dans les prisons et les camps de travail en Chine au cours du dernier quart de siècle sont soudain devenues « des dizaines de milliers […] dans les premières années de la répression ».

Reproduisant la propagande du PCC, les articles assimilent les entreprises créées par des pratiquants de Falun Gong, comme Epoch Times, au Falun Gong lui-même, même après que les représentants d’Epoch Times ont expliqué que l’entreprise ne peut pas représenter et ne représente pas la pratique.

La distinction aurait été facile à saisir pour le New York Times. La famille Sulzberger qui le dirige est juive, mais cela ne signifie pas que le journal parle au nom de la religion du judaïsme.

Malgré tous les efforts du journal pour s’aligner sur les intérêts du PCC, ce dernier n’a guère apprécié le New York Times.

En février 2020, le Wall Street Journal a publié un article d’opinion de Walter Russell Mead intitulé « China Is the Real Sick Man of Asia » (La Chine est le véritable homme malade de l’Asie). Il y critiquait la Chine pour sa mauvaise gestion de l’épidémie de Covid-19 et remettait en question le pouvoir et la stabilité de Pékin.

Le PCC a protesté contre ce titre qu’il a qualifié de « raciste » et a réagi en expulsant trois des correspondants du journal en Chine.

Le mois suivant, l’administration Trump a plafonné le personnel basé aux États-Unis pour les médias d’État chinois, expulsant de facto 60 personnes.

Le PCC a ensuite expulsé la plupart des correspondants du Wall Street Journal, du Washington Post et du New York Times.

Fin 2021, l’administration Biden a assoupli les restrictions imposées aux médias chinois aux États-Unis en échange de la restitution par le PCC des visas au New York Times et à d’autres. Mais le PCC a tardé à le faire. Le 3 mai, le journal semblait n’avoir que deux correspondants en Chine.

Il semble toutefois que le New York Times redouble d’efforts. Le 16 août, il a publié un article sur Shen Yun Performing Arts, une compagnie de danse classique chinoise extrêmement populaire, créée par des pratiquants de Falun Gong aux États-Unis.

Shen Yun a été une cible privilégiée du PCC, subissant diverses formes d’ingérence et de sabotage. Ses spectacles, dont le slogan est « La Chine avant le communisme », cherchent à dépeindre la culture chinoise authentique. Certaines de ses pièces de danse illustrent également la persécution du Falun Gong.

Il n’est pas certain que les pressions exercées contre Shen Yun permettent au journal de bénéficier d’un traitement plus favorable de la part du PCC.

« C’est la nature même d’un régime communiste. Au fur et à mesure de sa montée en puissance, il va devenir beaucoup plus froid, beaucoup plus répressif et traiter les étrangers, même les personnes qui étaient de vieux amis de la Chine, d’une manière très différente », a déclaré M. Thayer.

Confronté à des vents contraires sur le plan économique en raison des mauvais traitements infligés aux entreprises étrangères et de l’impact dévastateur de la pandémie de Covid-19, le régime de Xi tente une fois de plus de courtiser les investissements étrangers.

Mais le New York Times est déjà un partenaire consentant dans ce domaine, ce qui n’incite guère Xi à accorder au journal une plus grande liberté d’action, ont convenu MM. Fanell et Thayer.

« Xi Jinping n’a que faire du New York Times. Il connaît leurs motivations. », a déclaré M. Fanell.

« Il n’a même pas besoin de les payer. »

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