Des années de pratiques commerciales déloyales de Pékin au cœur des tarifs douaniers de Donald Trump sur l’acier et l’aluminium

Les administrations Trump et Biden ont toutes deux accusé la Chine d’inonder le marché mondial par leur acier bon marché subventionné

Par Emel Akan et Andrew Moran
12 mars 2025 14:49 Mis à jour: 12 mars 2025 19:03

Avant que les droits de douane sur l’acier et l’aluminium imposés par Donald Trump à tous les pays ne soient entrés en vigueur le 12 mars, la plupart des discussions portaient sur l’efficacité de cette mesure pour lutter contre les pratiques commerciales agressives de la Chine.

Ces droits de douane visent spécifiquement la surproduction persistante par Pékin de métaux bon marché, ce qui nuit depuis longtemps aux entreprises du monde entier et provoque des tensions commerciales.

Le 10 février, M. Trump a annoncé la réintroduction des droits de douane de 25 % sur les importations d’acier en Amérique et a augmenté les tarifs douaniers sur les importations d’aluminium de 10 % à 25 %. Le 11 mars, la Maison-Blanche a confirmé que ces droits de douane s’appliqueraient à tous les pays « sans exception ni exemption ».

Depuis des décennies, la Chine inonde le marché mondial d’exportations bon marché et fortement subventionnées, ce qui désavantageait considérablement les producteurs des États-Unis et d’autres pays.

La Chine est de loin le premier producteur mondial d’acier. Au cours des deux dernières décennies, la part de la Chine dans la production mondiale d’acier a connu une augmentation spectaculaire, passant de 23 % à 53 %. Cette évolution a entraîné un déséquilibre des prix, avec l’acier chinois dominant le marché et poussant les prix à la baisse dans le monde entier.

En 2024, la Chine a produit plus d’un milliard de tonnes d’acier pour la cinquième année consécutive, ce qui représente environ dix fois la demande annuelle aux États-Unis, selon l’American Iron and Steel Institute (AISI).

La Chine joue également un rôle dominant dans la production d’aluminium. Au cours des 20 dernières années, la part de la Chine dans la production mondiale d’aluminium est passée de 8 % à 58 %.

La croissance de la Chine dans les secteurs de l’acier et de l’aluminium a été alimentée par d’importantes subventions d’État. Le pays produit bien plus que ce que demande le marché mondial, ce qui entraîne un problème de surcapacité massive. Cela a permis à Pékin d’inonder le marché avec de l’acier et de l’aluminium bon marché, au détriment des producteurs d’autres pays.

L’État-parti chinois subventionne un large éventail d’industries qu’il juge stratégiquement importantes – et ce, dans le but de dominer les marchés mondiaux et d’évincer ses concurrents. Outre l’acier et l’aluminium, le régime communiste a fortement subventionné des secteurs tels que les voitures électriques et le matériel pour la production d’énergies renouvelables.

Le dumping chinois a contraint d’autres pays à imposer des droits de douane et des taxes antidumping à la Chine. Bien que Pékin ait promis de réduire la production nationale par des restrictions à la production, elle n’a jamais respecté ses engagements.

En 2024, la Chine a exporté près de 111 millions de tonnes d’acier, soit 22 % de plus que l’année précédente.

En outre, après avoir lancé son titanesque programme « Initiative Ceinture et Route » qui vise à renforcer l’influence géopolitique de la Chine dans le monde, le régime du Parti communiste chinois a commencé à subventionner les producteurs d’acier pour qu’ils construisent des capacités supplémentaires en dehors de la Chine, notamment dans des pays d’Asie du Sud-Est comme l’Indonésie. Ceci a perturbé davantage le marché mondial.

La réponse américaine

Les administrations Trump et Biden ont toutes deux accusé la Chine de pratiquer du dumping d’acier bon marché sur le marché mondial. Ces administrations se sont appuyées sur l’article 232 du Trade Expansion Act, qui permet aux États-Unis de mettre en œuvre des restrictions commerciales si les importations sont considérées comme des menaces pour la sécurité nationale.

En 2018, lors de son premier mandat, Donald Trump a imposé des droits de douane de 25 % sur les importations d’acier et de 10 % sur les importations d’aluminium en vertu de l’article 232.

Toutefois, au cours des sept dernières années, les droits de douane de 2018 ont été progressivement réduits. Donald Trump a accordé des exemptions aux pays alliés tels que le Mexique et le Canada, tandis que Joe Biden a offert d’autres avantages – exceptions, quotas et contingents tarifaires – à divers partenaires commerciaux.

Cette fois-ci, M. Trump cherche à élargir les droits de douane au titre de l’article 232 en supprimant toutes les exemptions, en incluant davantage de produits en acier et en aluminium dans la couverture tarifaire et en « éliminant progressivement le processus d’exclusion de produits spécifiques ».

En raison des droits de douane existants, l’acier chinois représente moins de 2 % des importations américaines. Cependant, certaines sociétés chinoises contournent les droits de douane américains par le biais de transbordements, c’est-à-dire en faisant transiter les marchandises par d’autres pays.

Christopher Tang, professeur de gestion de la chaîne d’approvisionnement à l’université de Californie-Los Angeles, a expliqué que la Chine utilise des pays tels que le Vietnam pour éviter les droits de douane américains.

« Elle expédie des produits sidérurgiques au Vietnam, où des opérations à valeur ajoutée mineure sont effectuées avant de les réexpédier aux États-Unis », a précisé M. Tang dans une interview accordée à Epoch Times.

La Chine augmente également ses exportations de métaux vers les pays du Sud et d’Amérique latine, a-t-il ajouté.

L’impact économique

Les secteurs américains les plus touchés par les droits de douane seront ceux qui dépendent des métaux, tels que les fabricants d’appareils électroménagers, les constructeurs automobiles et le secteur de la construction. L’aluminium est un matériau essentiel utilisé dans une large gamme de produits, des canettes de bière aux pièces d’avion en passant par les feuilles d’aluminium, les ustensiles et le câblage électrique.

La construction, par exemple, est le secteur de la plus forte demande, devançant les distributeurs d’acier, les secteurs de l’automobile et des machines.

En ce qui concerne la main-d’œuvre, l’augmentation des droits de douane protégera les emplois dans l’industrie sidérurgique. Dans le même temps, les observateurs économiques estiment que les pertes dans d’autres secteurs pourraient compenser ces gains.

L’Amérique dépend davantage des importations d’aluminium que de celles d’acier. En 2023, les États-Unis ont produit 74 % de leur consommation d’acier et n’en ont importé que 26 %. À l’inverse, les entreprises américaines ont produit 56 % des besoins en aluminium du pays et en ont importé 44 %.

Le Canada, qui est le plus grand fournisseur d’acier et d’aluminium aux États-Unis, est sur le point de subir le poids des droits de douane américains. Plus de la moitié des importations américaines d’aluminium proviennent du Canada.

D’autres pays, en particulier le Brésil, le Mexique et la Corée du Sud, pourraient souffrir de la suppression des exemptions et des exceptions sur leurs exportations en Amérique.

Les droits de douane sur l’acier et l’aluminium imposés par la Maison-Blanche ont suscité des réactions mitigées de la part de l’industrie américaine.

David McCall, président de l’United Steelworkers International, a salué les efforts de l’administration pour contenir la surcapacité mondiale, mais s’est opposé aux droits de douane sur les expéditions canadiennes entrant aux États-Unis.

Dans une lettre adressée à Donald Trump, cinq organisations associées à l’industrie sidérurgique américaine, dont l’American Iron and Steel Institute (AISI), ont félicité l’administration d’avoir mis fin au processus d’exclusion tarifaire et d’avoir rétabli des droits de douane de 25 %.

Kevin Dempsey, PDG de l’AISI, a salué les nouveaux droits de douane comme un pas en avant dans la lutte contre les pratiques de distorsion du marché.

« La Chine perturbe les marchés mondiaux en subventionnant la production d’acier et d’autres produits et en pratiquant le dumping sur ces produits aux États-Unis et sur d’autres marchés », a-t-il déclaré dans un communiqué.

« En outre, les exportations d’acier chinoises vers les marchés des pays tiers sont souvent transformées en d’autres produits sidérurgiques ou en produits manufacturés en aval qui sont par la suite exportés vers le marché américain. »

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