Eva, six ans, étire en arrière son corps avec aisance et son sourire satisfait se reflète dans le grand miroir du studio de danse, sous le regard admiratif d’autres enfants ukrainiens tentant de l’imiter.
Ils assistent tous à un cours de ballet gratuit pour jeunes Ukrainiens réfugiés, ouvert par le Théâtre national de Prague fin mars, un mois après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Deux douzaines d’enfants ukrainiens présents dans la salle, dont un garçon, essaient de dupliquer les gestes graciles d’Eva, mais certains finissent par s’assoir pour observer.
« Ma fille et moi sommes allées voir le ballet la Belle au bois dormant à l’opéra national. (…) Nous avons sauté sur l’occasion! », a déclaré à l’AFP Ioulia Petronchak, la mère d’Eva.
300.000 réfugiés ont atterri en République tchèque
Cette professeure d’université et sa fille ont quitté la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, pour Prague dès le premier jour de l’invasion, afin d’échapper aux « alertes aériennes constantes », tandis que le père d’Eva est resté dans son pays.
Plus de 4,5 millions de réfugiés ont quitté l’Ukraine depuis le début de l’invasion, le 24 février, et environ 300.000 ont atterri en République tchèque.
Comme beaucoup d’enfants participant au cours, Eva n’est pas une débutante: avant de partir, elle a fréquenté pendant six mois l’école chorégraphique de Lviv.
« J’ai déjà repéré quelques talents », déclare Jana Jodasova, 59 ans, ancienne danseuse du Théâtre national avec deux décennies de carrière derrière elle et qui enseigne désormais la danse classique.
Les petites ballerines ukrainiennes s’entraînent seules à faire des pirouettes
Au début du cours, elle aide les danseurs à choisir des justaucorps et des chaussures de ballet. Les parents des enfants tchèques qui suivent ses cours réguliers en ont offert trois sacs entiers.
Pendant ce temps, les petites ballerines ukrainiennes déjà habillées s’entraînent seules à faire des pirouettes ou testent la fermeté des barres du studio de danse.
« La Russie et l’Ukraine le berceau de la danse classique »
L’idée des cours est venue à Mme Jodasova peu après le début de l’invasion russe, alors qu’elle regardait « les horreurs » de la guerre à la télévision.
« La Russie et l’Ukraine sont le berceau de la danse classique, la plupart des enfants là-bas suivent des cours de ballet au moins pendant un certain temps », explique-t-elle à l’AFP. « Le ballet est l’une des choses dont ils ne peuvent pas se passer ».
Quelques instants plus tard, elle fait face à une foule d’une centaine de mères avec leurs enfants faisant la queue devant le bâtiment pour s’inscrire au cours gratuit.
Ce nouveau rôle a forcé Mme Jodasova à déterrer ses connaissances oubliées du russe, langue imposé aux Tchèques et aux autres nations sous le règne communiste de Moscou jusqu’en 1989.
« Je communique avec les enfants en utilisant mes bras et mes jambes et un russe très pauvre. Mais je sens que nous pouvons nous comprendre », dit-elle.
Lorsqu’elle a des difficultés, elle se tourne vers Alisa Kolesnikova, huit ans, née de parents russes à Prague et qui suit un cours régulier avec les enfants du quartier.
L’une des plus jeunes n’est pas non plus une débutante
Alisa, qui fréquente l’école de ballet depuis trois ans et qui souhaite devenir une ballerine, se réjouit de l’occasion qui lui est donnée de guider les petits réfugiés dans leurs exercices.
« J’aime vraiment montrer des choses aux enfants, surtout aux débutants », explique à l’AFP la danseuse aux cheveux roux et aux yeux bleus.
Son avenir reste néanmoins en Ukraine
Vasilisa Malakutska, cinq ans, l’une des plus jeunes à assister au cours gratuit, n’est pas non plus une débutante. « Je l’ai emmenée pour la première fois à un cours de danse classique lorsqu’elle avait quatre ans et elle ne l’a pas très bien pris, mais je pense que là c’est le bon moment », confie sa mère Ekaterina Malakutska, une experte en marketing de Kiev.
Elle envisage une carrière de danseuse pour sa fille, tout comme la mère de la petite Eva. « Soit une ballerine, soit un médecin », précise Mme Petronchak ajoutant que si Eva est heureuse au cours de Prague, son avenir reste néanmoins en Ukraine.
« La sécurité de l’enfant est essentielle. Mais s’il n’y a pas d’alertes (anti-aériennes) en Ukraine occidentale (…) nous espérons rentrer aussi vite que possible à la maison. »
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