Suite à l’arrivée massive de 11.000 migrants en 3 jours sur l’île de Lampedusa, le Premier ministre italien Giorgia Meloni est pointé du doigt pour sa gestion de la crise migratoire. Alors que l’Europe vient de signer un accord passé inaperçu avec la Tunisie, de puissantes forces économiques cherchent à favoriser ces migrations vers l’Europe. Alexandre Del Valle, spécialiste des questions géopolitiques et auteur de La mondialisation dangereuse, vers le déclassement de l’occident ? aux éditions de l’Artilleur, a répondu à nos questions.
EPOCH TIMES: L’île de Lampedusa est dépassée par l’arrivée des migrants, Giorgia Meloni avait pourtant fait de la politique migratoire un axe fort de sa campagne présidentielle. Quels sont les freins à la réalisation de ses projets?
Alexandre DEL VALLE: Il y a un paradoxe dans le traitement de l’information sur l’Italie à l’étranger. Dans un premier temps, que ce soit Giorgia Meloni ou Matteo Salvini, on les accuse d’être contre l’immigration, xénophobe et conspirationiste. Et quand Giorgia Meloni n’arrive pas à appliquer son programme, on lui reproche de ne pas faire assez contre l’immigration tant légale qu’illégale.
J’étais à Rome il y a quelques jours et j’ai parlé avec des responsables qui ne sont pas forcément des partisans du gouvernement italien actuel. Un haut fonctionnaire européen qui a travaillé sous la présidence M. Draghi et qui connaît très bien les questions de migration, me disait qu’il y a un problème structurel et que la stratégie de Meloni sur la migration est habile. Giorgia Meloni n’est pas quelqu’un qui va tout casser, qui va faire la révolution, c’est quelqu’un de pragmatique. Cela fait très longtemps qu’elle a été associée à la droite classique et qu’elle n’est plus associée aux extrêmes. Elle a été ministre de M. Berlusconi, il y a presque 20 ans. Ce n’est pas quelqu’un qui vient du fascisme ou du populisme d’extrême droite.
C’est beaucoup plus complexe que ce que l’on dit en Europe. Meloni s’est associée à plusieurs partis, dont Forza Italia qui est presque de centre droit au sens français du terme. Deuxièmement, son gouvernement est un gouvernement de centre-droite, qu’on le veuille ou non. En Italie, elle n’est pas perçue comme étant d’extrême droite et elle l’a prouvée puisqu’elle a de très bonnes relations avec M. Draghi, dont elle a accepté les conseils pour choisir plusieurs ministres. Il y a un très grand pragmatisme chez Meloni depuis qu’elle est arrivée au pouvoir.
Draghi l’a introduit auprès des milieux européens et elle a tout de suite tenu à avoir de très bons rapports avec Bruxelles, avec la Commission et avec madame Von der Leyen, qu’elle a amené deux fois à Tunis pour sceller des accords importants avec la Tunisie. La stratégie de madame Meloni ne peut pas donner des effets immédiats puisqu’elle veut réussir à contrôler les flux migratoires. Elle ne veut pas faire comme Salvini qui était plus populiste et qui voulait des résultats médiatiques concrets et rapides.
Meloni veut construire des rapports avec les pays d’origine d’où partent les migrants, clandestins ou non clandestins, dans le cadre d’un plan qui n’est pas le ‘plan migrants’, comme l’a dit la presse française, mais le ‘plan Mattei’. Mattei était un très grand responsable économique italien, président de la plus grande firme de gaz et de pétrole, qui avait un côté tiers-mondiste. Il a été assassiné au début des années 60, parce qu’il voulait justement des rapports gagnant-gagnant avec les pays producteurs de pétrole qui, à l’époque, étaient des pays du tiers-monde.
Bien qu’étant du bord opposé, elle est plutôt de droite et lui plutôt de gauche, elle a repris le nom de Mattei pour le plan qu’elle veut mettre en place. C’est un plan de longue haleine qui ne peut pas donner des résultats tout de suite. Le plan Mattei vise à développer l’Afrique le plus possible. Ce n’est donc pas un plan visant les arrivées de migrants, c’est quelque chose d’extrêmement ambitieux et elle a convaincu Ursula von der Leyen de l’intelligence de son plan.
Le plan consiste à avoir non seulement une ambition de développement de l’Afrique qui donne une vraie possibilité de fixer les populations sur place, de développer l’électrification, les projets agricoles, les projets culturels, les projets d’éducation, mais aussi des accords pragmatiques avec chaque pays pour s’entendre sur le fait de réadmettre des bateaux lorsque les bateaux interceptés sont proches de Tunis ou d’autres villes d’autres pays du Maghreb.
Il y a eu un grand succès de l’accord avec la Tunisie, qui commence à collaborer. Et c’est avec madame Von der Leyen que Meloni a réussi à sceller cet accord. Meloni veut faire la même chose avec la Côte d’Ivoire, mais cela prend du temps. On ne va pas faire en quelques mois, un accord avec une quinzaine de pays d’Afrique noire et du Maghreb, dont certains sont peu coopérants. Il va falloir les motiver, alterner la carotte et le bâton, les dissuasions et les promesses pour réussir à les faire plier. Parce que beaucoup de pays, c’est horrible à dire, se débarrassent d’une partie de leur population parce qu’il y a une surnatalité et ils n’ont pas envie de réadmettre des gens à qui ils ne peuvent pas donner du travail.
Le plan Mattéi est un plan de longue haleine qui prendra plusieurs années. Je trouve qu’il est assez malhonnête de juger Giorgia Meloni sur une année d’exercice avec les nombreux obstacles qui existent. L’Agence de la sécurité extérieure (AISE) est un service des services secrets italiens qui n’est pas à la solde de Meloni et qui a commencé son travail avant son arrivée au pouvoir. L’AISE a indiqué que la plupart des migrants n’échouent pas sur les côtes italiennes mais sont recherchés en mer par des bateaux extrêmement sophistiqués. Cela permet aux trafiquants de migrants de faire payer le même prix de traversée de la Méditerranée aux clandestins alors que le trajet est financé par des ONG qui affrètent des bâteaux grâce à l’argent de philanthropes milliardaires.
On appelle cela du secours alors que l’agence Frontex a reconnu elle-même qu’il s’agissait dans ce cas d’une collaboration avec les trafiquants des migrants. Madame Meloni voudrait mettre hors la loi les ONG qui ne respectent pas un carnet de route qui a été élaboré depuis des années par Frontex et par l’Italie et que ces ONG ne respectent pas. Par contre, pour montrer qu’elle n’est pas une populiste extrémiste, elle a commencé à collaborer avec certaines ONG qui ont accepté le code de conduite, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas de contacts directs avec les trafiquants d’êtres humains et qui ne vont jamais être en situation volontaire ou involontaire, directe ou indirecte, d’aider ces trafiquants.
Giorgia Meloni arrive peu à peu à obtenir certains résultats. Et elle a régularisé 400 migrants réguliers parce qu’elle préfère la migration régulière à la migration illégale, c’est ce qu’elle voudrait obtenir. Contrairement à ce que disent ses détracteurs, elle ne veut pas une immigration zéro ou laisser tout le monde mourir en mer. Elle veut empêcher que les gens meurent en mer justement grâce à des collaborations avec les pays d’où viennent ces migrants clandestins et lutter contre les mafias de trafiquants de migrants. Elle veut une immigration contrôlée et choisie plutôt qu’une immigration massive, chaotique, subie, avec souvent son lot d’insécurité. Les flux de migrants clandestins ne sont par définition pas contrôlés et peuvent permettre aux trafiquants, aux mafieux, aux passeurs, aux trafiquants de drogue mais aussi aux terroristes de passer.
Donc c’est un travail énorme. Ce sont douze travaux d’Hercule extrêmement difficiles à mener par Melloni, et le rapport des services secrets italiens montre que des forces très puissantes font tout pour essayer de favoriser des arrivées massives de migrants, pour démontrer à l’opinion publique que Meloni n’y arrivera jamais.
Des journalistes ont enquêté sur les trajets des bateaux de migrants en Méditerranée. Ils se sont aperçus que les bateaux ne faisaient parfois qu’une centaine de mètres au large des côtes tunisiennes ou libyennes avant d’être récupérés par des navires d’ONG comme SOS Méditerranée. Est-ce que cela est généralisé ? Est-ce que l’on peut parler d’une immigration aux mains des ONG et de milliardaires philanthropes ?
Il y a aussi des migrants qui arrivent avec des petites barques de fortune et pas seulement à Lampedusa. Mais une grande partie des migrants clandestins arrivent par ces bateaux d’ONG qui coûtent extrêmement cher. Ce ne sont pas des barques de fortune, ce sont des bateaux payés par des grands milliardaires.
Il est vrai que Frontex, les gardes côtes et les services secrets italiens, ainsi que d’autres services de sécurité des pays européens, concordent tous à reconnaître que des bateaux affrétés par des ONG comme SOS Méditerranée ou Save the Children vont trop souvent au devant des passeurs et des migrants. Les bateaux affrétés par ces ONG sont non seulement financés par l’Open Society, par les réseaux de George Soros, mais aussi par d’autres réseaux de philanthropes ou des multinationales. Il n’y a pas que George Soros qui finance, plusieurs autres réseaux de philanthropes ou des multinationales communiquent sur le fait qu’ils aident ces ONG qui vont sauver les enfants.
Mais en réalité Save the Children, SOS Méditerranée et d’autres organisations vont parfois à quelques centaines de mètres des côtes libyennes et des côtes tunisiennes. C’est pour ça qu’il y a un accord de Meloni et l’Union européenne avec la Tunisie, parce que depuis quelque temps en Libye, il y a une plus grande difficulté à faire partir des bateaux à cause des problématiques sécuritaires.
On a des cas extrêmement nombreux d’ONG qui vont au devant, qui vont même communiquer avec des passeurs clandestins. Il faut quand même savoir que Bel Haj, le gouverneur militaire de Tripoli, est très lié à Erdogan et au mouvement islamiste de Misrata et de Tripoli. Ce trafiquant est un ancien d’Al-Qaïda qui, tenez vous bien, a été mis en place après le renversement de Kadhafi par les Occidentaux. Ce trafiquant ex-djihadiste s’est créé une fortune de 2,5 millions d’euros uniquement sur le trafic de migrants à partir de la Libye vers l’Italie.
Donc imaginez les enjeux quand des ONG vont au devant de ces passeurs pour les aider à recueillir des gens à quelques centaines de mètres des côtes libyennes pour ensuite les amener en Italie sous prétexte que l’Italie est le port le plus proche. On a affaire avec une complicité. Et ce n’est pas moi qui vous le dit, c’est Frontex.
D’ailleurs, Fabrice Leggeri, l’ancien patron de Frontex, a écrit là-dessus et s’est plaint. Il a dû quitter ses fonctions à cause des pressions des milieux d’extrême gauche et immigrationnistes, mais aussi des multinationales. Les milieux pro-migrants ou immigrationnistes fanatiques ne sont pas que des milieux de gauche ou d’extrême gauche, il y a aussi, et c’est très étonnant, des intérêts capitalistes des multinationales qui ont des principes transnationaux et anti-frontières. Ce sont donc des forces assez puissantes qui sont derrière et c’est pour ça qu’ils ont les moyens pour affréter des bateaux dont les pilotes sont parfois payés de 10 à 15.000 € par mois. On est loin de la philanthropie pure. Il y a beaucoup de gens qui y gagnent.
On pourrait parler aussi des réseaux d’argent en Italie. Il y a des enquêtes en cours sur l’ancien maire de Palerme, Leoluca Orlando, qui est accusé d’avoir fait de l’argent avec les migrants qui arrivent en Sicile, en les logeant ensuite dans des centaines d’hôtels avec des fonds européens et italiens. Il y a toute une économie qui gagne de l’argent sur l’immigration clandestine.
Meloni voudrait maintenant faire appliquer la loi et criminaliser tous ceux qui, de loin ou de près, aident les passeurs tunisiens et libyens à faire ces trafics en Méditerranée.
Le Premier ministre de Grande-Bretagne veut faire passer une loi pour lutter contre l’immigration illégale. Il y a eu une très forte réaction des institutions européennes et de l’Agence des réfugiés de l’ONU contre cette loi. Est-ce qu’il est possible aujourd’hui de faire des réformes sur l’immigration sans se confronter à ces forces européennes et internationales ?
Cette question est cruciale. C’est même l’une des raisons qui a motivé le Brexit parce que des organisations internationales, onusiennes ou européennes, comme le Conseil de l’Europe, empêchaient le pays de rester souverain. Mais toutes ces contraintes, ces réglementations, ces dispositifs soi-disant non-contraignants sont incorporés dans la logique des droits de l’homme. Et comme vous le savez, les droits de l’homme aujourd’hui figurent dans les préambules des constitutions et peuvent être invoqués par les législateurs, les Conseils d’État, les conseils constitutionnels et les cours suprêmes de tous les pays occidentaux. Les juges peuvent invoquer les droits de l’homme comme préambule à la Constitution pour passer, en fait, au-dessus des lois. C’est ce qu’on appelle le préambule constitutionnel. Il y a quelque chose de supra-législatif dans les constitutions, il y a des références aux droits de l’homme qui permettent aux juges finalement de rendre des traités non-contraignants comme le Pacte de Marrakech, en traités contraignants parce qu’on va dire que les droits de l’homme nous imposent de le faire.
Cela veut dire qu’aujourd’hui il y a deux batailles si on veut être souverain et si on veut permettre aux pays de contrôler leurs flux migratoires sans que l’immigration soit subie mais choisie et non-nuisible pour la sécurité et l’harmonie des pays. On est obligé de se battre juridiquement. De Gaulle l’a fait et il n’y a pas eu de drame, il a pratiqué la politique de la chaise vide.
Pour d’autres questions, il va falloir aller dans des rapports de force avec le Conseil de l’Europe, la Cour européenne des droits de l’homme et avec bien entendu la Cour de justice internationale de l’ONU. Il va falloir que les États fassent comprendre à ces organisations internationales qu’elles ne sont pas au-dessus des lois d’un État. La souveraineté, cela veut dire que rien n’est au-dessus de l’État. Même un traité international, en droit, n’est contraignant que parce que l’État s’est lui-même rendu dépendant de ce traité, parce que l’État a accepté volontairement de laisser une partie de sa souveraineté, de la déléguer à une structure supranationale.
Mais tout État peut toujours se retirer d’une organisation internationale. Il n’y a aucune fédération qui puisse empêcher un État de se retirer, même dans l’Union européenne, il y a un droit de retrait. On nous dit que le droit international prime tant qu’un État en est signataire, tant qu’un traité est ratifié et qu’il en est toujours signataire. Mais cela tient tant qu’il n’y a pas de retrait, et c’est quelque chose que nos dirigeants, apeurés par les normes ou le politiquement correct, n’osent pas faire.
Le Brexit était la preuve qu’il y a un problème parce qu’il est quand même dommage de presque sortir de l’Union européenne pour redevenir souverain et maître de ses frontières. Je pense que l’Union européenne commet une erreur en introduisant des règles qui empêchent de contrôler les migrations. La règle la plus dramatique pour le contrôle des frontières a été la jurisprudence européenne non-communautaire qui a dépénalisé la migration clandestine et qui fait que nous n’avons plus d’instruments contraignants pour dissuader un clandestin d’arriver et l’obliger à repartir. On ne peut plus le criminaliser, il n’y a plus d’emprisonnement, il y a des centres dont on peut s’évader ou simplement sortir.
Il est dommage qu’il faille arriver au Brexit pour contrôler ses flux migratoires. Malheureusement, tant que l’Europe n’aura pas compris qu’elle doit laisser les pays choisir leur destin – parce que choisir qui arrive chez nous, c’est choisir son destin – cela donnera des tentations de sortie de l’Union européenne.
Concernant le pacte de Marrakech qui entend sécuriser et organiser les flux migratoires, à quel point est-il représentatif de la façon dont l’Union européenne traite aujourd’hui la question migratoire ?
Il est dommage que l’Union européenne cède sur plusieurs mesures proposées par des agences transnationales qui ne sont pas communautaires: le Conseil de l’Europe qui représente les droits de l’homme, l’ONU, le Pacte onusien et les agences onusiennes. Alors qu’en fait c’est un sujet extrêmement grave qui est une source de division à l’intérieur de toutes les sociétés occidentales.
On pourrait traiter la chose de manière assez raisonnable, malheureusement, il y a des logiques de parti, c’est ce que j’explique dans mon livre La mondialisation dangereuse, vers le déclassement de l’occident ? . Il y a aujourd’hui une fracture totale entre ceux qui voient l’Occident comme une aventure mondialiste globaliste et ceux qui veulent que les pays gardent leur souveraineté. Il y a des gens qui voient l’Occident comme quelque chose où il n’y a plus d’identités et de frontières, un laboratoire du globalisme et du mondialisme. Ils utilisent la migration, le migrant, comme une figure presque christique pour dé-légitimer les frontières.
On est face à quelque chose d’idéologique car tout le monde sait que pour diriger un État, il faut des lois et des limites. Le droit est fondé sur des lois et des limites, des limitations à la liberté individuelle pour le bien collectif. C’est l’essence même du droit et de l’État-nation qui est remis en question par ces organisations et ces idéologies. Il est temps que nos hommes politiques aient le courage de ne pas céder à toutes ces organisations, ces ONG qui souvent n’ont pas de prérogatives, qui n’ont pas de mandat électoral, mais qui font la pluie et le beau temps.
Regardez, quand on vote des lois en Italie ou en France sur l’immigration, même quand c’est Macron ou Draghi qui sont des gens très centristes, qui parlent d’humanisme et de la nécessité d’accueillir des gens, etc… vous avez toujours les médias qui donnent la parole à des ONG, dont on ne connaît parfois même pas l’existence, le financement et la raison d’être, et qui vous disent qu’elles sont absolument choquées par ces lois. Ces associations sont pratiquement toutes liées à une idéologie immigrationniste radicale – nous le savons pour avoir lu un certain nombre de manuels et d’écrits de ces associations. Beaucoup appellent à la désobéissance, au refus des lois en place. Certaines donnent des kits et des modes d’emploi aux clandestins pour tromper les autorités publiques et pour bénéficier de tous les avantages dès qu’ils arrivent.
Ça, ce n’est pas normal. Les gouvernements devraient avoir le courage de dire: « Vous n’êtes pas élu, ce n’est pas vous qui faites les amendements des lois, c’est le Sénat et le Parlement, ce ne sont pas les associations ». Car les associations, c’est comme les migrants, c’est un mot générique qui ne veut rien dire, dans lequel on peut mettre tout et n’importe quoi, et surtout dans lesquelles peuvent s’insérer des projets subversifs.
Comment est-ce que la présidence Macron traite la question migratoire selon vous? Peut-on espérer des avancées avec une nouvelle loi?
C’est là tout le problème de la Macronie. C’était aussi le cas de l’ancien ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui était centriste et humaniste, mais qui avait dit en quittant son poste: «Aujourd’hui on vit côte à côte… Je crains que demain on vive face à face». Il pensait qu’on ne pouvait plus rien faire, non seulement parce qu’il y a une violence extrême dans les banlieues, mais aussi parce qu’il y a des forces nationales et internationales subversives, qui diabolisent toute idée de contrôle des frontières.
On voit mal Macron, même avec les meilleures intentions du monde, se positionner pour un véritable contrôle des flux migratoires. Il est travaillé par ces forces subversives au sein même de son parti. On a actuellement une majorité qui veut voter une loi sur l’immigration qui est assez équilibrée – même si à mon avis elle reste encore assez laxiste, mais quand même moins laxiste que ce qui était toléré jusque-là. Elle veut remettre un peu d’ordre dans la nation française et dans la façon de gérer les flux migratoires. Au même moment, on a une partie de l’aile de gauche de la majorité de Macron qui a co-signé une tribune avec un parti populiste extrémiste, qui appelle à la violence contre les forces régaliennes. Donc signer avec un parti subversif qui prône la violence contre les institutions, c’est tout le problème de la Macronie.
Macron est arrivé au pouvoir grâce à un charisme personnel indéniable, un génie aussi et des forces qui l’ont aidé certes, mais il a rassemblé tout et n’importe quoi. Des gens de la société civile, des braves personnes, parfois des infirmières, des postiers, des gens qui ont eu la chance de rentrer dans cette classe politique. C’était pas mal et assez transpartisan. Il y avait aussi des anciens comme Darmanin qui viennent de la droite classique et des membres du PS voir à tendance plus à gauche. Il a réuni un patchwork et en fait il est maintenant prisonnier d’extrêmes contradictions. On a des gens qui ont une volonté sécuritaire qui se rapprochent de celles de Ciotti et d’autres qui sont cosignataire d’une tribune avec la Nupes. On voit bien qu’avec une telle dysharmonie, il est impossible d’arriver à une loi qui va vraiment changer les choses.
Ce n’est pas pour critiquer Macron qu’on accuse toujours d’être un adepte du « en même temps », mais c’est de l’équilibrisme permanent parce qu’il ne peut pas se permettre de perdre la partie de la gauche et de l’extrême gauche qui est globaliste et sans-frontiériste. Le sans-frontiérisme, il faut le savoir, ne vient pas que d’extrême gauche. On le retrouve dans les grandes multinationales comme Benetton, on le retrouve chez beaucoup de capitalistes supposés être de centre droit. Le sans-frontiériste, ce n’est pas spécialement un marxiste, ça peut être un homme qui est un grand financier et qui a combattu la Russie soviétique, puis la Russie. Donc les forces sont extrêmement puissantes pour essayer d’empêcher Emmanuel Macron d’aboutir à des résultats pour son projet de réguler l’immigration.
Les mêmes forces qui veulent empêcher Giorgia Meloni vont empêcher Macron et sa majorité d’aboutir à une loi qui ressemblera à quelque chose. Elle sera tellement amendée avec des pressions psychologiques des fameuses associations « choquées » relayées par les médias que cette loi ne changera pas grand chose. J’en veux pour preuve le grand problème du regroupement familial qui permet de faire venir en France, en dehors de l’immigration incontrôlée et clandestine, une immigration que j’appelle « incontrôlée légale ». L’immigration incontrôlée légale, c’est un regroupement familial qui n’arrête pas de faire venir la famille de la famille et qui est un appel d’air.
Avant d’être productive, l’immigration issue du regroupement familial est une immigration de peuplement qui coûte extrêmement cher en termes de sécurité, d’éducation, d’écoles et d’universités. Quelqu’un qui arrive avec plusieurs enfants d’un pays africain – parce que l’immigration vient essentiellement d’Afrique, avant que ces personnes soient rentables pour l’économie, il faut beaucoup de temps. Ce n’est pas cette immigration-là que demandent les employeurs. Les employeurs demandent des adultes qualifiés, soit qualifiés intellectuellement, soit qualifiés professionnellement. Ils ne demandent pas des familles avec des femmes et des enfants et parfois beaucoup de phénomènes de polygamie qui sont une colonisation ou une immigration de peuplement.
C’est quelque chose qui est un grand tabou. Regardez, même à Mayotte, les populations pourtant musulmanes et africaines en sont à voter en majorité pour Marine Le Pen car elles ne supportent plus cette immigration de peuplement qui est liée au regroupement familial ou au droit du sol. Il permet à quelqu’un de naître illégalement, mais puisqu’il est né sur le territoire français, lui et ses parents ne pourront plus être expulsés. On a le même problème en Guyane, à la frontière du Brésil. Dans des endroits comme la Guyane ou Mayotte, le regroupement familial est un problème extrêmement dangereux qui remet en cause même l’identité et l’harmonie des populations autochtones. Même dans ces cas-là, on n’a pas réussi à changer les lois existantes, on n’est pas revenu sur le droit du sol, on n’est pas revenu sur le regroupement familial.
Le profil des émeutiers suite à la mort de Nahel a été dévoilé récemment, il s’agit de Français issus de la deuxième ou troisième génération des migrants venus d’Afrique, qu’est-ce que cela dit ?
La Catalogne a dévoilé les chiffres d’occupation dans ses prisons: il y a plus d’étrangers en prison que de résidents locaux. Est-ce qu’aujourd’hui, on peut faire un lien ou établir un lien raisonnable entre une immigration incontrôlée ou contrôlée et une forme de criminalité ou de délinquance, oui bien sûr.
Ce qui est intéressant, c’est que selon moi la question n’est absolument pas raciale comme le pensent certains racialistes ou ethno-différentialiste. Le problème n’est pas racial, il est culturel. Je m’explique. Vous n’avez, par exemple, aucun problème avec les Philippins et quand ils sont victimes de racisme, personne ne les défend. On les traite comme les Vietnamiens ou les Chinois, qui sont pourtant des immigrations, même clandestines, qui ne sont en général pas fauteur de trouble. Même les Sri Lankais, les musulmans pakistanais ou turcs ne font en général pas de problème de délinquance. On a d’autres problèmes comme l’intégration, l’islamisme, le révisionnisme du génocide arménien, mais pas en matière de délinquance. Ce ne sont même pas tous les peuples musulmans qui sont concernés par la délinquance, ce sont uniquement certaines populations de confession musulmane issues du Sahel et du Maghreb. Il y a avec ces populations une forme de violence gratuite, une forme de violence sans raison prête à exploser pour n’importe quel prétexte, pour un regard, une cigarette refusée, etc.
Ce sont des gens qui ont déjà une haine envers la France, du Français, du bourgeois, du chrétien, du blanc, etc. C’est un énorme problème, cela montre que si ce n’est pas racial, c’est culturel. Cela veut dire qu’on pourrait favoriser une immigration en provenance de pays qui n’ont pas de contentieux avec nous et qui n’ont pas des idéologies d’État anti-française. L’Algérie, pour ne pas la nommer, est un pays dont les dirigeants, pour faire oublier leurs propres fautes, font une propagande constante, médiatique et étatique visant constamment à accuser la France de tous les maux.
Quand vous arrivez d’un pays dans lequel, depuis le jeune âge, on vous apprend que le Français est une ordure, qu’il faut se venger de lui parce qu’il vous a colonisé et que tous les problèmes de l’Afrique sont à cause des Français, vous êtes amenés à faire preuve de cette violence gratuite. C’est une idéologie qui est aussi très à la mode dans le Sahel, où il y a des coups d’État pro-russes et anti-français. Pourquoi tous ces coups d’État francophobes, avec une demande de départ des Français alors que les Français alimentent souvent ces pays en aides humanitaires ? Parce qu’il y a une idéologie, des dirigeants en place, incompétents et corrompus qui, pour faire oublier leurs fautes, vont systématiquement alimenter une haine envers la France.
Je soutiens que la question de la délinquance et de la violence n’est absolument pas raciale. Regardez les Sénégalais, on n’a pas de problème avec les Sénégalais parce qu’au Sénégal il y a un Islam beaucoup plus tolérant, le soufisme, qui est un obstacle à l’islamisme radical. On a aussi une tradition francophile et pacifique dans la société sénégalaise qui est très différente des autres sociétés de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel. Par contre, au Maghreb, au Burkina Faso ou au Mali, ce sont les pays principaux qui transportent cette haine dans l’immigration, cela est le plus problématique en France. On n’a jamais osé soulever le problème de la question des origines. On ne devrait faire venir en France que les populations qui aiment la France. On a les moyens de ne faire venir que ceux qui aiment ou respectent la France et l’Occident. On sait très bien quels sont les pays dans lesquels il y a une haine structurelle envers la France, le christianisme, la laïcité et les valeurs de l’Occident.
On a de plus en plus de gens, des banlieusards qui font des enquêtes dans la rue, dans les banlieues et ils interrogent au hasard des gens qui vous disent qu’ils détestent la France, qu’ils sont depuis trois générations en France mais qu’ils haïssent la France, que c’est un pays horrible, etc. On a fait venir en France des gens qui nous détestent.
Pour conclure, l’un des volets de la loi que propose Monsieur Macron sur l’immigration s’appelle faciliter l’intégration, et il a raison. Quand des gens arrivent de pays qui nous détestent, il faut redoubler de vigilance et d’investissement pour transmettre aux nouvelles générations un amour du pays et une acceptation de nos valeurs, ne pas les dé-responsabiliser en leur faisant croire qu’ils ont le droit de venir nous piller.
Malheureusement, l’éducation nationale regorge de professeurs imbibés d’idées d’extrême gauche ou tiers-mondistes, malheureusement payés avec les impôts des Français depuis 40 ans à 50 ans. Il y a toute une idéologie « néo-tiers-mondiste » qui alimente cette dé-responsabilisation et qui éduque nos jeunes dans l’idée que les Français sont des ordures. On a bien vu la polémique sur la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de rugby. Maintenant ressembler d’une certaine manière à des aspects traditionnels de la France, c’est devenu raciste ou xénophobe, ringard, pétiniste, etc. C’est absolument incroyable. On est peut-être le seul pays au monde qui a totalement diabolisé son identité nationale.
Je terminerai par les Vietnamiens. J’admire leur façon de faire. Vous allez au Vietnam, vous ne ressentez aucune haine envers la France. Les dirigeants vietnamiens, même marxistes, ne passent pas leur temps à insulter la France. Et pourtant, la France, comme les États-Unis, ont bombardé le Vietnam comme aucun autre pays. C’est atroce ce qui a été fait aux Vietnamiens. Qu’ils soient anti-communistes venus en France en boat-people ou des communistes restés au Vietnam, les Vietnamiens n’ont jamais entretenu cette haine envers la France qui les a traités d’une façon pire que la France a traité l’Algérie.
Deuxième argument pour dépasser les rancunes, l’Algérie pendant quatre siècles a été la base des pirates barbaresques qui ont pillé toute l’Europe. Toute l’Europe de Sud avait des fortifications et parfois les razzias allaient jusqu’en Islande ou en Angleterre. Les pirates barbaresques rendaient la vie impossible dans toute la Méditerranée et tous les villages du sud de l’Europe étaient fortifiés car ils étaient régulièrement assaillis. Les gens étaient kidnappés et ils finissaient en esclavage à Alger. C’est l’une des raisons pour laquelle l’Algérie a été colonisée.
Ça ne justifie pas un siècle et demi de colonisation ici ou là, mais je veux montrer par là qu’on devrait tous se pardonner. Il faudrait que le gouvernement algérien demande pardon pour les pirateries barbaresques puisqu’il dit que l’Algérie existait déjà à l’époque et que ce n’est pas une construction française. Et là, peut-être que la France pourrait demander pardon. Mais tant que l’Algérie et les pays musulmans ne demanderont jamais pardon pour avoir pillé l’Europe, pratiqué les razzias et l’esclavage d’Européens pendant des siècles pour le compte de l’empire ottoman, tant que ces pays nous culpabiliseront, ne demanderont pas pardon pour ce qu’ils ont fait avant la colonisation, il n’y a pas de raison que le pardon soit à sens unique.
Pour être plus positif, pardonnons-nous mutuellement et dépassons ces choses-là, parce que de toute façon, l’Afrique ne va pas se développer autour de la haine anti-française. L’Afrique devrait faire comme les Asiatiques. Les Asiatiques ont subi l’humiliation, la guerre de l’opium, la colonisation du Cambodge, du Laos et du Vietnam. Mais ils sont passés à autre chose. Ils ont encore des rancunes, mais ils ne passent pas leur temps à déresponsabiliser leurs peuples en disant qu’ils ne pourront jamais se développer parce que la France les empêche structurellement de décoller.
Je pense que pour leur propre bien, ces dirigeants, intellectuels et rebelles africains et nord-africains devraient passer à autre chose. C’est dans leur intérêt et pas uniquement dans le nôtre.
Propos recueillis par David Vives, NTD
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