Recycler ses déchets de plastique au lieu de les enfouir ou de les incinérer : au Pays basque, une trentaine d’industriels se sont unis pour assurer une revalorisation locale afin d’atteindre les objectifs européens, dont la France est encore bien éloignée.
L’expérimentation sur deux ans, lancée en mars et affichée comme inédite en France, s’inscrit dans une logique d’économie circulaire, selon ses promoteurs.
Le projet, baptisé Iparla – pour « Industriako plastikoen arraerabilera », soit « revalorisation du plastique industriel » –, veut aider les acteurs industriels de petites et moyennes tailles qui produisent chacun une quantité de déchets insuffisante pour s’équiper d’un collecteur.
« Le gisement doit être volumineux, de 10 à 15 tonnes, trié et propre », explique Thibault Hourquebie, délégué général de l’association Pays basque Industries, qui a établi une cartographie locale des déchets de plastique. La solution ? Atteindre ce tonnage à plusieurs, pour mettre en place une tournée de collecte, et réduire la part d’incinération ou d’enfouissement.
L’autre volet de ce projet expérimental vise à créer des boucles locales de réutilisation de déchets de plastiques: un fabricant de mobilier de bureau (Sokoa) s’est par exemple associé à un plasturgiste local (Somocap) qui fabrique une pièce en plastique recyclé issu des déchets d’emballages d’une société de circuits électroniques (BMS Circuits).
« Ce plastique est un petit bac dans lequel l’entreprise reçoit ses circuits et qui part directement à la poubelle, il n’a aucun autre usage », détaille Timothée Achéritogaray, directeur général de Sokoa. Selon le Secrétariat général à la planification écologique, sur les 1,3 millions de tonnes de plastiques industriels produits en France en 2021, un peu plus de 22% ont été recyclés, à l’image de l’ensemble des emballages en plastique, loin de l’objectif de 50% fixé par l’Union européenne à ses États membres pour l’an prochain.
Un projet dans sa phase d’essai
« On est prêts à y consacrer du temps et des moyens, sans savoir si on aura des résultats, mais on pense que ça doit faire partie de la solution », insiste Timothée Achéritogaray.
Le projet basque, encore dans sa phase d’essai, doit permettre de dire en 2026 « qu’on sait fabriquer des pièces industrielles en plastique recyclé, de qualité équivalente, à un prix donné et à grande échelle », résume Thibault Hourquebie. Les industriels concernés espèrent, à terme, traiter une partie des 350 tonnes de déchets de plastique produits chaque année sur le territoire.
Le plasturgiste local Somocap, engagé depuis les prémisses du projet, veut « aller plus loin ». « La montée des enjeux RSE pousse tout le monde à se faire violence et l’objectif est de pouvoir recycler en local de plus en plus de déchets, afin d’éviter qu’ils ne traversent toute la France ou l’Europe. Le circuit court est vertueux », affirme sa dirigeante Stéphanie Sorhouet.
Reste que « le plus grand frein » provient du « surcoût de l’option recyclage », selon Abdelhakim Koudil, chercheur au sein de l’IFP Energies nouvelles (IFPEN). Pour « investir dans des installations, il faut justifier d’un gisement suffisant, car plus les volumes traitées sont faibles, plus le prix de la tonne traitée est élevée ». De la même façon, le coût du recyclé reste plus élevé que celui du plastique neuf sorti d’usine.
La nécessité d’inciter au recyclage
« Pour que l’amorçage se fasse réellement, il faut des incitations au recyclage », estime le chercheur. « On ne peut pas dire que les industriels soient indifférents, leur intérêt c’est de réintégrer ce plastique dans leur production, mais dès lors qu’on en vient au coût, le problème se pose ».
À ce jour, le recyclage global du plastique, industriel ou ménager, est « très loin » des options que sont l’incinération et l’enfouissement, précise Abdelhakim Koudil. En partie, parce que le recyclage est rendu difficile par la quantité de plastiques différents, qui ne peuvent être mélangés entre eux, au risque d’avoir « une soupe inutilisable ».
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