Après avoir passé fin 2013 une résolution qui condamnait les prélèvements forcés d’organes en Chine, le Parlement européen est récemment revenu sur la question, avec un examen détaillé des pratiques et des promesses de réforme de la Chine, et des idées sur ce que les États membres peuvent faire pour lutter contre ces pratiques.
Parmi tous les pays, la Chine est la seule à diriger un système de prélèvements d’organes sur des individus non consentants. Les autorités de la transplantation prétendent utiliser avant tout les organes de prisonniers condamnés à mort, ce qui selon les standards internationaux est une grave violation. Mais bien des chercheurs contestent cette déclaration, disant que la principale source des organes provient des prisonniers d’opinion qui sont expressément tués pour les organes.
Dans les autres pays, les abus de greffes se produisent habituellement à une échelle individuelle. Par exemple, une personne vend son propre rein contre une somme d’argent.
Défis
L’implication de l’État chinois dans la pratique et la difficulté de déterminer si les abus ont été véritablement stoppés ou simplement masqués, pose des défis pour les décideurs dans les pays occidentaux, qui cherchent à prévenir les abus et obtenir des réponses sur ce qui se passe réellement.
«Nous devons rester justes, mais critiques, à la fois en termes des antécédents de la Chine en la matière, des allégations et des preuves», a déclaré Miroslav Mikolasik, un membre slovaque du Parlement européen et membre du sous-comité sur les droits humains.
Mikolasik s’est exprimé au séminaire intitulé «Prélèvement d’organes en Chine» organisé par le Comité du Parlement européen sur l’environnement, la sécurité publique et la sécurité alimentaire. Tenu à Bruxelles le 21 avril, ce séminaire réunissait des fonctionnaires européens, des chercheurs médicaux, des médecins et des experts.
«Nous devons également être responsables, constructifs et trouver des mesures législatives opportunes qui empêcheraient les patients européens de se rendre complices, de quelque façon que ce soit, d’une telle pratique», a déclaré Mikolasik.
La «pratique», telle qu’elle a lieu en Chine, a deux composants problématiques, d’après Joëlle Hivonnet, une fonctionnaire chargée de la Chine au Service européen d’action externe, le département diplomatique et des communications de l’Union européenne.
La première est «la politique de prélever des organes sur des prisonniers exécutés sans leur consentement», a-t-elle dit. «Il est tout à fait clair que quelqu’un attendant d’être exécuté pourrait ne pas être en position de donner un réel consentement.»
Deuxièmement, «les meurtres extrajudiciaires et prélèvements sur des prisonniers non condamnés à la peine de mort».
«Les meurtres extrajudiciaires résultent de mauvais traitements et de la torture des prisonniers. Les prisonniers peuvent avoir disparu et se trouver dans le système carcéral régulier, sans même que les membres de leur famille en soient au courant», a-t-elle dit.
Elle a ajouté que les pratiquants de Falun Gong, une pratique spirituelle, «sont clairement visés en tant que groupe et jusqu’à la soi-disant abolition du système de rééducation par le travail forcé, ils constituaient le plus grand groupe dans le système de rééducation par le travail. Le système a été remplacé par un système encore moins transparent: les prisons noires.»
Joëlle Hivonnet a dit avoir une fois demandé à une délégation chinoise: «Que faites-vous avec les pratiquants de Falun Gong maintenant que le système des camps a été aboli?» Elle a poursuivi: «Inutile de mentionner que nous n’avons obtenu aucune réponse à cette question».
«Plusieurs milliers sont morts»
Huige Li, un représentant du groupe de pression médicale DAFOH (Doctors Against Forced Organ Harvesting), s’est exprimé en détail au séminaire à propos de la façon dont ces transactions ont eu lieu, fournissant un cas d’étude d’un ancien responsable de la police d’une ville du nord de la Chine.
Wang Lijun, le chef de la police de Jinzhou, dans la province du Liaoning, a tenu un centre de recherche attaché au Bureau de la Sécurité de la ville. Sa recherche se focalisait sur les transplantations d’organes. Un de ses articles, par exemple, était intitulé «Recherche sur la transplantation d’organes provenant de donneurs soumis à des injections de médicaments». Dans un discours de remise de prix en 2004, Wang s’est vanté de la recherche effectuée «sur site» et impliquant «plusieurs milliers de cas».
«Cela signifie que plusieurs milliers sont morts de sa recherche», a déclaré le Dr Li.
Il a brièvement passé en revue les statistiques: pendant les années de la recherche de Wang, dans toute la Chine, quelque 6.000 exécutions ont eu lieu. À Jinzhou, ville d’environ 3 millions d’habitants, on aurait exécuté environ 14 criminels, a-t-il dit. Mais Wang a mentionné que ses expériences de transplantation – coïncidant quasi certainement avec la mort du donneur – impliquaient des milliers de sujets.
Dr Li a révélé que la population qui constituait ce déficit – des gens qui n’étaient pas des prisonniers condamnés à mort, mais n’en ont pas moins été tués extrajudiciairement pour leurs organes – était plus que vraisemblablement des pratiquants de Falun Gong. Il n’existe pas de preuve conclusive de l’identité de ceux tués de cette façon, ou de l’inférence du Dr Li, bien que celle-ci s’intègre à une mosaïque d’autres faits connus.
Delmonico a semblé reconnaître la véracité globale de l’information présentée par le Dr Li. «Ce n’est pas un débat», a-t-il dit, peu après la présentation de Dr Li. «Monsieur le président, il n’y a pas de débat. Nous acceptons tout ce qui a été dit par M. Kilgour, le Dr Li, etcetera. Ce n’est pas un débat. C’est ce que nous allons faire à partir de là qui devient pour nous tous la question centrale.»
Et parmi ceux concernés par la question, il y a un désaccord passionné de précisément en quoi cela doit consister.
Article original: European Parliament Wrestles With Accountability for Organ Harvesting in China
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