Des milliers de Syriens fêtent leur « libération » à la mosquée des Omeyyades

Par Epoch Times avec AFP
14 décembre 2024 11:40 Mis à jour: 14 décembre 2024 11:48

Dans l’immense cour de la mosquée des Omeyyades à Damas, des milliers de manifestants scandent en chœur « le peuple syrien est uni », une scène inimaginable il y a encore une semaine, quand Bachar al-Assad était au pouvoir.

Dimanche, la coalition armée dominée par les islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) s’est emparée du pouvoir à Damas, à l’issue d’une offensive fulgurante de onze jours qui a renversé le pouvoir de Bachar al-Assad.

« La Syrie a été libérée, nous avons été libérés de la prison dans laquelle nous vivions », s’est exclamée Nour Zi al-Ghina, 38 ans, depuis la cour de la célèbre mosquée. « C’est la première fois que nous nous rassemblons en si grand nombre dans un seul lieu, la première fois que nous assistons à une telle scène. Nous n’avions jamais imaginé qu’un tel jour arriverait », a insisté auprès de l’AFP cette diplômée en économie.

Des fidèles musulmans assistent au sermon avant la première prière hebdomadaire du vendredi dans la mosquée omeyyade du VIIIe siècle dans la vieille ville de Damas, le 13 décembre 2024. (BAKR ALKASEM/AFP via Getty Images)

Des milliers de Syriens ont convergé dès les premières heures de la journée de vendredi, jour de prière hebdomadaire, vers la mosquée des Omeyyades à Damas où flottait un parfum de fête et célébrations.

« Le peuple syrien est uni »

Beaucoup brandissaient le drapeau de l’indépendance à trois étoiles, symbole du soulèvement prodémocratie de 2011, désormais adopté par les nouvelles autorités, ont constaté des journalistes de l’AFP. « Uni, uni, uni, le peuple syrien est uni », ont scandé les fidèles. Des jeunes faisaient le signe de la victoire devant les caméras des médias arabes et occidentaux.

Une femme chante des slogans et tient un drapeau syrien de l’époque de l’indépendance alors que les gens se rassemblent dans la cour de la mosquée des Omeyyades. (BAKR ALKASEM/AFP via Getty Images)

Cette scène inédite à Damas a rappelé les souvenirs des premières manifestations pacifiques qui avaient éclaté dans les quatre coins de la Syrie, avant d’être réprimées dans le sang par Bachar al-Assad.

Quelques heures plus tôt, le chef de HTS, Abou Mouhammad al-Jolani, qui se fait appeler désormais par son vrai nom, Ahmad al-Chareh, avait « félicité le peuple syrien pour la victoire de la révolution » et demandé à la population de « descendre dans les rues pour exprimer leur joie », dans une vidéo sur Telegram. Il avait ensuite appelé à « construire le pays ».

Mais des experts mettent en doute la bonne foi d’Abou Mouhammad al-Jolanice qui se dit être en rupture avec le jihadisme d’Al-Qaïda. « Idéologiquement, il n’a pas changé », a confié le géographe Fabrice Balanche, spécialiste du Moyen-Orient qui revient d’un séjour en Syrie au Figaro. « Joulani est intelligent : il a simplement compris que s’il voulait durer, il ne fallait pas reproduire les excès de Daech », ajout-il.

Un vendeur vend des drapeaux syriens de l’époque de l’indépendance sur le marché couvert de Hamidiyah, dans la vieille ville de Damas. (BAKR ALKASEM/AFP via Getty Images)

Dans la vieille ville, des commerçants vendaient ces nouveaux drapeaux qu’il aurait été impossible de voir dans les rues de Damas il y a quelques jours. Sur un mur, des dizaines de photos de disparus et de prisonniers étaient affichées, avec des numéros de téléphone à appeler en cas d’informations sur leur sort.

Depuis le début du soulèvement en 2011, qui a dégénéré en guerre civile, plus de 100.000 personnes ont péri dans les prisons du régime syrien, notamment sous la torture, estimait en 2022 l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Assistant à la prière de vendredi, Amani Zanhour, une professeure d’ingénierie informatique, soutient que plusieurs de ses étudiants ont disparu dans les geôles du régime. « Rien ne peut être pire que ce qu’il y avait. Nous n’avons pas peur de la situation », a-t-elle indiqué à l’AFP, exprimant son soutien à un État basé sur les préceptes de l’islam mais respectueux des traditions des autres communautés religieuses.

Des Syriens célèbrent le renversement du président Bachar al-Assad sur la place centrale des Omeyyades à Damas, le 13 décembre 2024. (OMAR HAJ KADOUR/AFP via Getty Images)

Après plus d’un demi-siècle de pouvoir sans partage du clan Assad, le nouveau gouvernement affirme vouloir instituer « un État de droit ». Après la prière, les fidèles et d’autres habitants de Damas ont convergé vers la place des Omeyyades où un énorme drapeau a été brandi, sur le monument de l’épée damascène, près de l’ancien siège de l’armée.

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