Deux grandes revues scientifiques ont récemment retiré des articles sur l’ADN des Ouïghours rédigés par des chercheurs chinois pour des raisons éthiques.
Le Journal international de la médecine légale et de la génétique humaine (International Journal of Legal Medicine and Human Genetics) a retiré les deux articles qui ont été publiés au cours de l’année 2019, respectivement le 7 septembre et le 30 août. Ces revues scientifiques appartiennent à l’éditeur universitaire Springer Nature. Les deux articles examinaient plus de 100 échantillons d’ADN prélevés sur les minorités ouïghoures de la région chinoise du Xinjiang pour recréer leur visage et leur taille. Les auteurs ont été interrogés pour savoir s’ils avaient obtenu le consentement éclairé des sujets afin de collecter les échantillons nécessaires à leurs travaux.
Le régime communiste chinois a systématiquement placé les Ouïghours dans des camps d’internement sous haute surveillance. L’oppression exercée par le régime sur les Ouïghours a été qualifiée de génocide par la communauté internationale.
Les deux articles ont plusieurs co-auteurs, dont Li Caixia, le chef de la police scientifique du ministère chinois de la Sécurité publique. Les revues ont déclaré qu’elles « ont demandé des justificatifs aux auteurs, notamment un formulaire à soumettre au comité d’éthique et des preuves de leur approbation par le comité d’éthique ». Toutefois, « les pièces fournies par les auteurs ne comportaient pas suffisamment d’informations relatives à la portée de l’étude pour que nous puissions être certains que les protocoles étaient conformes à nos politiques éditoriales ou aux normes éthiques internationales », ont expliqué les revues dans leurs déclarations.
Depuis des années, les scientifiques internationaux font part de leurs doutes et de leurs préoccupations morales quant au caractère volontaire des échantillons de sang prélevés sur les Ouïghours dans le cadre de ces recherches. Selon le New York Times, de nombreux Ouïghours ont déclaré qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de donner leurs échantillons de sang lors d’un examen médical imposé par le régime communiste chinois.
Depuis des années, c’est Yves Moreau, professeur d’ingénierie à l’Université catholique de Louvain en Belgique, qui s’est le plus exprimé sur les retraits de certains articles publiés par des chercheurs chinois à partir d’échantillons d’ADN ouïghour. Il a analysé 529 études impliquant des éléments de génétique en Chine, et a été surpris de constater qu’entre 2011 et 2018, environ la moitié des co-auteurs de ces travaux publiés en Chine étaient membres de la police, de l’armée ou du ministère chinois de la Justice.
L’Institut des sciences médico-légales du régime chinois pour lequel travaille Li Caixia figure sur la liste noire du gouvernement américain, ce qui l’empêche d’accéder aux technologies américaines depuis mai 2020. La raison de cette mise sur liste noire invoquée par le gouvernement américain est la suivante : l’institut est « complice des violations des droits de l’homme et des abus commis dans le cadre de la campagne de répression, de détention arbitraire massive, de travail forcé et de surveillance de haute technologie » menée par la Chine contre les minorités musulmanes du Xinjiang.
Le Journal international de médecine légale et de génétique humaine a fait remarquer que M. Li a remis en cause les retraits des articles publiés au nom des autres auteurs.
Au sujet du retrait des articles, M. Moreau a déclaré : « Ces lignes sont très claires », ajoutant : « Vous ne pouvez pas dire : ‘Je ne savais pas, je n’ai pas réalisé et je n’ai aucune influence.' »
Alex Wu est un journaliste américain qui travaille pour le journal Epoch Times. Il s’intéresse à la société chinoise, à la culture chinoise, aux droits de l’homme et aux relations internationales.
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