Dette, immigration, niveau de vie… : « les chantiers prioritaires » de Michel Barnier évoqués lors de sa déclaration de politique générale

Par Epoch Times avec AFP
1 octobre 2024 16:00 Mis à jour: 5 octobre 2024 08:24

Imperturbable malgré le chahut dans l’hémicycle, Michel Barnier a égrené ses priorités mardi lors de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, largement tournée vers le redressement des finances publiques et la réduction d’une dette « colossale » décrite comme une « épée de Damoclès » au-dessus de la France.

Dans un discours de 1 h 23, le nouveau Premier ministre, issu du parti de droite Les Républicains (LR), a également abordé la politique migratoire « que nous ne maîtrisons plus de manière satisfaisante ». En prônant notamment la « prolongation exceptionnelle de la rétention des étrangers en situation irrégulière ». Et sans s’interdire la réduction des visas envers les pays rechignant à reprendre leurs ressortissants.

L’Assemblée nationale ne s’était pas réunie depuis la mi-juillet et la reconduction au perchoir de la présidente (Renaissance) Yaël Braun-Pivet. Après une minute de silence en hommage à Philippine, jeune étudiante tuée il y a dix jours à Paris, l’hémicycle a rapidement retrouvé ses habitudes bruyantes et dissipées.

Les députés de La France insoumise ont brandi leurs cartes d’électeurs en signe de protestation contre la nomination du Premier ministre venu de la droite, alors que le bloc de gauche était arrivé en tête à l’issue des élections législatives, mais loin de la majorité absolue.

Costume bleu et ruban rose au revers, diction lente, impassible face aux tentatives d’interruption, citant Charles De Gaulle, Pierre Mendès France, Michel Rocard et Édouard Philippe, Michel Barnier a planté le décor d’emblée : « Nous sommes collectivement sur une ligne de crête », avec l’« épée de Damoclès » d’une « dette financière colossale ».

Le Premier ministre a exposé ses « cinq chantiers prioritaires » : « Niveau de vie », « services publics », école et santé en tête, « sécurité », « immigration » et « fraternité ».

Déficit sous « le plafond de 3 % en 2029 »

Premier engagement : ramener le déficit à 5 % du PIB en 2025, et « remettre notre pays sur la bonne trajectoire pour revenir sous le plafond de 3 % en 2029 », a prescrit le Premier ministre, alors que le déficit devrait atteindre 6 % cette année.

« Le premier remède de la dette, c’est la réduction des dépenses » et « en 2025, les deux tiers de l’effort de redressement viendra de là », a-t-il ajouté.

Deuxième « remède » : « L’efficacité des dépenses ».

Les grandes entreprises et les « Français les plus fortunés » mis à contribution

Le troisième remède sera le plus douloureux : le levier fiscal.

« Nos impôts sont parmi les plus élevés du monde » mais « la situation de nos comptes demande aujourd’hui un effort limité dans le temps qui devra être partagé, dans une exigence de justice fiscale ». À savoir une participation demandée « aux grandes entreprises qui réalisent des profits importants », ainsi qu’« une contribution exceptionnelle aux Français les plus fortunés », a annoncé M. Barnier.

« Comme c’est son rôle, je souhaite que le Parlement débatte, ajuste, améliore », a-t-il ajouté.

M. Barnier a également mentionné, comme lors de son arrivée à Matignon, la « dette écologique », citant Pierre Mendes France et confirmant la poursuite du développement du nucléaire, « mais aussi des énergies renouvelables ».

La marge de manœuvre de Michel Barnier est très étroite. À l’absence de majorité s’ajoute une situation financière explosive, alors que le déficit risque d’atteindre 6 % du PIB cette année, loin des 3 % fixés par Bruxelles.

Ses alliés du bloc macroniste exhortent aussi le Premier ministre à ne pas détricoter la politique notamment fiscale menée depuis sept ans.

Le chef de file des Républicains (LR) à l’Assemblée nationale, Laurent Wauquiez, a affirmé mardi qu’il pourrait accepter des hausses d’impôts « temporaires, exceptionnelles et justes », en contrepartie « d’économies massives », critiquant au passage les réticences de Gérald Darmanin sur les hausses d’impôts après avoir « exercé des responsabilités pendant sept ans ».

Revalorisation du Smic de 2 % « dès le 1er novembre »

Autre thème abordé : la réforme des retraites. Sous les cris de « abrogation, abrogation » venus de la gauche, M. Barnier s’est dit ouvert à des « aménagements possibles », avec les partenaires sociaux, à qui il redonne également la main dans les négociations sur l’assurance chômage.

Revalorisation du Smic de 2 % « dès le 1er novembre », reprise du projet de loi agricole interrompu par la dissolution, « nouveau livre d’épargne dédié à l’industrie », report du scrutin provincial en Nouvelle-Calédonie, reprise du débat sur la fin de vie : le chef du gouvernement a balayé large dans cette figure imposée de la démocratie parlementaire, qui devrait rapidement être suivie d’une motion de censure promise par la gauche, mais que le RN a dit ne pas vouloir voter d’emblée.

M. Barnier s’est également dit « ouvert » à une réflexion « sans idéologie » sur la proportionnelle à l’Assemblée nationale, réclamée par les alliés centristes du MoDem comme par le RN.

Ses « lignes rouges »

Après avoir ironisé sur les « lignes rouges, parfois très rouges » des différents partis, le Premier ministre a fixé les siennes : « Aucune tolérance » à l’égard du racisme, de l’antisémitisme, des violences faites au femmes, du communautarisme. « Aucun accommodement sur la laïcité » et aucune remise en cause de la loi Veil sur l’IVG comme du mariage pour tous et de la PMA.

M. Barnier ne sollicitera pas de vote de confiance des députés, à l’instar de ses prédécesseurs Élisabeth Borne et Gabriel Attal, privés comme lui de majorité absolue.

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