Le Canada a décidé samedi de restituer à l’Allemagne des turbines destinées au gazoduc russe Nord Stream pour atténuer la crise énergétique avec la Russie, malgré les appels de l’Ukraine à ne pas se « soumettre au chantage du Kremlin ».
L’Ukraine avait instamment prié le Canada de ne pas rendre les turbines qui se trouvent actuellement dans des ateliers du groupe Siemens près de Montréal, au Québec.
Le groupe gazier russe Gazprom avait invoqué ces travaux pour justifier mi-juin une réduction de ses livraisons à l’Allemagne via le gazoduc Nord Stream.
« Le Canada accordera à Siemens Canada un permis révocable et d’une durée limitée pour permettre le retour en Allemagne des turbines Nord Stream 1 réparées, ce qui soutiendra la capacité de l’Europe à accéder à une énergie fiable et abordable », a déclaré le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson.
« Semer la division parmi les alliés »
« En l’absence d’un approvisionnement nécessaire en gaz naturel, l’économie allemande subira des difficultés très importantes et les Allemands eux-mêmes risquent de ne pas pouvoir chauffer leurs maisons à l’approche de l’hiver », a-t-il expliqué, dans un communiqué.
Le ministre canadien a aussi accusé le président Poutine de vouloir « semer la division parmi les alliés ».
Le gouvernement allemand se trouvait depuis plusieurs semaines « en contacts intensifs » avec Ottawa pour obtenir le retour de cet équipement vers l’Europe en dépit des sanctions frappant la Russie.
???? #Ukraine | L’Allemagne et l’Ukraine en désaccord sur une turbine de gazoduc russe https://t.co/CD10fDCyUq
— Le Monde (@lemondefr) July 8, 2022
L’Allemagne, par crainte que Moscou ne coupe bientôt totalement les flux de gaz, avait proposé au Canada de récupérer les turbines afin de rester dans les clous « sur le plan juridique », plutôt que de les livrer à la Russie.
Berlin ne croyait pas au motif technique invoqué par Gazprom pour expliquer la baisse des livraisons de gaz, mais considérait que le retour des turbines priverait la Russie d’un prétexte pour prolonger cette fermeture du robinet de gaz, susceptible de dégénérer en crise énergétique majeure.
« Ne pas nous soumettre au chantage du Kremlin »
L’Ukraine estimait que les gazoducs ukrainiens étaient capables de transporter un volume suffisant de gaz vers l’Allemagne pour compenser la baisse des livraisons russes.
« Nous ne devons pas nous soumettre au chantage du Kremlin », argumentait jeudi Serguiï Makogon, patron de l’opérateur de transport de gaz OGTSU.
En outre, le Canada a annoncé samedi son intention d’étendre ses sanctions économiques contre la Russie à la fabrication industrielle.
« Les nouvelles sanctions s’appliqueront au transport terrestre et par pipeline ainsi qu’à la fabrication de métaux et d’équipements de transport, informatiques, électroniques et électriques, ainsi que de machines », a indiqué la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly.
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