Mohammed Mogouchkov – le jeune Russe de 21 ans qui a froidement poignardé Dominique Bernard, enseignant au sein du collège-lycée Gambetta à Arras – avait tout planifié.
L’assassin de Dominique Bernard, tué le 13 octobre 2023 à Arras, a expliqué avoir méticuleusement planifié son geste dans une déposition que nos confrères du Parisien ont pu se procurer. Il a également révélé son processus de radicalisation.
« Un établissement scolaire, c’est symbolique »
« C’était planifié. Les moyens utilisés, ce qu’il y avait dans mes mains, le jour choisi, l’emplacement et la cible étaient intentionnels », a expliqué Mohammed Mogouchkov lors d’un interrogatoire en novembre dernier.
Sortant du silence qu’il avait jusque-là gardé, il a indiqué que « la première cible touchée était la cible principale, finale », soulignant que « tous les mouvements qui se sont passés après les coups portés sur Dominique Bernard étaient improvisés ». « Même si j’ai mis des semaines à penser à ça, la pensée s’arrêtait à M. Bernard », a signifié au juge antiterroriste le jeune Russe, qui n’avait jamais eu de conflit avec celui qui a été son enseignant durant « au moins une année, en quatrième ».
Dominique Bernard était visé parce qu’il incarnait les valeurs républicaines françaises, ce qu’exècre le tueur. « Un établissement scolaire, c’est symbolique », a-t-il précisé, « c’est le symbole de la naissance du système » et celui « du polythéisme ». Professeur de français est « l’une des matières où l’on transmet la passion, l’amour, l’attachement du système en général. De la République, de la démocratie, des droits de l’homme, des droits français et mécréants », a-t-il encore détaillé.
Il s’est lentement « radicalisé »
Mohammed Mogouchkov assure qu’au sein de sa famille, personne n’était au courant de ses intentions. Il s’agissait d’un « cheminement individuel ». Entre un père imposant une « radicalité » concernant l’islam et un frère aîné (Movsar Mogouchkov) mis en examen et écroué pour avoir été impliqué dans un projet d’attentat déjoué visant l’Élysée, l’assaillant d’Arras évoluait dans un milieu familial influent.
Bien qu’il ait été « choqué » lorsqu’il a appris les faits pour son frère, malgré tout, une « connexion s’est faite avec ce domaine ». « Les projets, le terrorisme, le judiciaire, le GIGN », tout cela est « devenu plus familier », et « petit à petit » il s’est montré « intéressé », suivant même « les actualités terroristes ». Et il s’est alors « radicalisé ». Il a également ressenti le besoin d’aller à la mosquée et s’est notamment mis à lire le Coran dans son intégralité, appréciant tout particulièrement les « récits sur les conquêtes à l’époque du Prophète ».
Comme son père avait été sommé de quitter le territoire français en 2018 et que son frère était emprisonné, il a donc endossé les responsabilités de chef de famille, sous les ordres donnés à distance par son père. Il a alors imposé la discipline islamique aux autres membres de la famille, s’attirant des conflits avec sa mère.
« C’était quelque chose de l’ordre du passionnel »
Pour Mohammed Mogouchkov, son passage à l’acte a donc été le fruit d’une lente maturation. Il a commencé à faire « une fixette sur ça ». « Les derniers vendredis avant l’acte, ça me rongeait un peu », a-t-il raconté, ajoutant : « J’avais ça en tête ces dernières semaines. C’est pas juste rationnel. Juste le fait d’écrire, de planifier ou même d’aller faire un repérage sans même être sûr si on veut vraiment le faire et quand, c’était quelque chose de l’ordre du passionnel. »
Pour effectuer ses préparatifs, il s’activait essentiellement les vendredis, parce que c’est « un jour qui a une plus grande symbolique dans l’islam » et où il y a « plus de lectures du Coran, d’actes dévotionnels en islam ». Il dit avoir planifié son geste « entre une et trois semaines avant » le jour fatidique. Il avait par ailleurs pris soin de noter sur une feuille les différentes étapes de son parcours.
« Je pense tout le temps à comment j’ai pu en arriver là », a-t-il souligné, mentionnant que « personne ne va tuer des gens, surtout à l’arme blanche, par simple petite envie ». « La partie violente, c’est la finalité, tout ce qui est avant est important aussi », a-t-il fait remarquer avant de conclure : « Ce côté de la morale, est-ce que c’est bien, mal, mérité, je suis en train d’y penser. Comment j’ai pu aiguiser cet état d’esprit ? »
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