Donald Trump met en garde le Japon et la Chine contre la dévaluation de leurs monnaies

Le président Trump laisse entendre qu'il cherchera à compenser le désavantage subi par l'Amérique avec des droits de douane

Par Bill Pan
5 mars 2025 14:49 Mis à jour: 5 mars 2025 22:42

Le président Donald Trump a déclaré avoir mis en garde les dirigeants du Japon et de la Chine contre la dévaluation de leurs monnaies pour obtenir un avantage commercial injuste.

« J’ai appelé … [le dirigeant chinois] Xi [Jinping], j’ai appelé les dirigeants du Japon pour leur dire : ‘Vous ne pouvez pas continuer à réduire et à casser votre monnaie. Vous ne pouvez pas le faire parce que c’est injuste pour nous' », a déclaré le président lundi à la Maison-Blanche, alors qu’il signait un décret doublant les droits de douane sur les importations chinoises, les faisant passer de 10 % à 20 %. Il n’a pas précisé quand ces conversations avaient eu lieu.

« Vous ne pouvez pas le faire parce que c’est injuste pour nous. Il est très difficile pour nous de fabriquer des tracteurs [de] Caterpillar ici alors que le Japon, la Chine et d’autres pays détruisent leur monnaie, c’est-à-dire la font chuter », a-t-il poursuivi. « Tous ces éléments s’additionnent et la solution la plus simple est d’instaurer des droits de douane. »

« Écoutez, laissez-les faire, et nous nous rattraperons avec les droits de douane. »

Le marché des changes de Tokyo a réagi aux propos de Donald Trump par une forte hausse des achats de yens, poussant brièvement la devise japonaise à environ 148 yens pour un dollar américain mardi matin. Quelques ventes de yens ont ensuite eu lieu, ramenant le taux de change à 149 yens pour un dollar à 17 heures, heure locale, toujours plus fort que le taux de la veille.

Lors d’une conférence de presse tenue à l’issue d’une réunion du cabinet mardi, le ministre japonais des Finances, Katsunobu Kato, a rejeté l’idée que le Japon affaiblissait délibérément le yen.

M. Kato a souligné que Tokyo était intervenu à plusieurs reprises sur le marché des changes en 2022 et 2024, lorsque le yen avait atteint son niveau le plus bas depuis 38 ans, à savoir près de 162 yens pour un dollar. Pour contrer la dépréciation, le gouvernement japonais a vendu des dollars et acheté des yens, ce qui a été confirmé par un rapport du Trésor américain estimant que le Japon a délesté 9800 milliards de yens (62 milliards de dollars) lors de deux interventions distinctes en avril et mai derniers, suivies de 5500 milliards de yens (35 milliards de dollars) en juillet.

M. Kato a également affirmé que le Japon continuerait à honorer les engagements qu’il a pris en matière de taux de change lors du sommet du G7 et lors d’un entretien bilatéral avec le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, le 29 janvier.

Le Japon figure sur la « liste de surveillance » des principaux partenaires commerciaux du Trésor faisant l’objet de contrôles renforcés sur les marchés des changes. Dans son dernier rapport de novembre, le ministère a noté que le Japon a maintenu un excédent commercial de 65 milliards de dollars avec les États-Unis au cours de la période examinée et a vu l’excédent global de sa balance courante passer à 4,2 % du PIB, contre 2 % l’année précédente.

Tout en reconnaissant que les interventions du Japon sur le marché des changes étaient transparentes, le Trésor américain a rappelé que de telles mesures ne devaient être prises que dans des « circonstances très exceptionnelles, avec des consultations préalables appropriées ».

En ce qui concerne la Chine, le Trésor a noté que si la balance des comptes courants de la Chine avait légèrement diminué, pour atteindre 1,2 % du PIB, ses volumes d’exportation avaient augmenté de manière significative, ce qui indique une baisse des prix à l’exportation. Le rapport de novembre réitère l’appel à plus de transparence dans les pratiques de change de la Chine, notamment en n’autorisant le yuan chinois à augmenter ou à diminuer que de 2 % de part et d’autre d’une « fixation journalière », sans explication officielle.

En 2019, M. Trump a ordonné au Trésor de désigner la Chine comme manipulateur de devises, avant d’abandonner cette étiquette quelques mois plus tard, lorsque Washington et Pékin ont conclu un accord commercial engageant la Chine à acheter pour 200 milliards de dollars de marchandises américaines supplémentaires. Selon une analyse de l’Institut Peterson pour l’économie internationale, la Chine a acheté environ 60 % de ce qu’elle avait convenu.

M. Bessent, qui a qualifié l’économie chinoise d’« économie la plus déséquilibrée de l’histoire du monde » lors de son audition de confirmation au Sénat, n’a pas encore indiqué si les États-Unis allaient réintroduire la désignation de manipulateur de devises. Si cette désignation était rétablie, la Chine pourrait faire l’objet de sanctions potentielles, y compris l’interdiction pour les entreprises chinoises de participer aux appels d’offres du gouvernement américain.

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