Énième journée noire pour Facebook qui a décroché en Bourse mercredi, plombé par l’annonce de suites judiciaires dans l’affaire Cambridge Analytica et une nouvelle polémique autour des données personnelles. Une nouvelle polémique a encorné encore davantage l’image du réseau social de Mark Zuckerberg, mettant son cours de Bourse à rude épreuve puisqu’il a dégringolé de 7,25% à Wall Street.
Le procureur général de Washington a annoncé mercredi des poursuites contre le groupe pour avoir « mal protégé les données de ses utilisateurs », les rendant vulnérables à des « manipulations politiques » pendant la campagne présidentielle de 2016. Selon lui, Facebook a été « laxiste » et a trompé ses utilisateurs, enfreignant des lois en vigueur dans la capitale fédérale. Facebook (2,3 milliards d’utilisateurs) a dit « examiner la plainte et être prêt à continuer à dialoguer ».
Le réseau social, qui tire sa fortune de l’exploitation des données de ses utilisateurs permettant de cibler très précisément la publicité, est accusé d’avoir laissé les données personnelles de dizaines de millions d’usagers arriver à leur insu entre les mains de Cambridge Analytica (CA) firme britannique d’analyse de données qui a travaillé pour Donald Trump lors de la campagne présidentielle de 2016.
Facebook fait déjà l’objet de moult investigations aux Etats-Unis (et ailleurs) sur cette affaire et d’autres polémiques mais la justice n’avait pas encore entamé formellement des poursuites. Le groupe n’en finit plus depuis presque deux ans mais de façon encore plus intense depuis CA en mars de se débattre dans les scandales: données, manipulations politiques, contenus haineux, piratage…
Le patron fondateur Mark Zuckerberg est très critiqué et de nombreuses voix lui demandent d’abandonner une partie de sa mainmise sur le groupe en renonçant à la présidence du conseil d’administration. Mais pour l’instant, grâce aux « super droits de vote » associés à ses parts dans le capital du groupe, il est inamovible.
La journée avait déjà mal commencé pour Facebook, avec de nouvelles accusations, niées par le groupe, de gestion opaque et peu scrupuleuse des données personnelles. Selon le New York Times, des dizaines d’entreprises – comme Amazon, Spotify, Microsoft ou Netflix ont pu accéder à des données privées comme le nom des amis de leurs clients ou certaines de leurs publications voire parfois des messages privés, et ce, à l’insu des usagers. C’est donc une nouvelle fois sur ses collaborations avec des tierces parties que le réseau social est attaqué.
Facebook a toujours eu besoin de travailler avec des développeurs d’applications et des entreprises extérieures pour que leurs produits soient compatibles (pour ouvrir son compte Spotify avec ses identifiants Facebook, recevoir des notifications Facebook via son navigateur internet, laisser Facebook accéder aux contacts de sa boite mail etc… ), ce qui suppose de les laisser accéder à un certain nombre d’informations.
La question est surtout de savoir si Facebook avait suffisamment informé ses utilisateurs de ce que le réseau ou ses partenaires allaient faire de leurs données personnelles. Cette énième polémique, qui rappelle précisément l’affaire Cambridge Analytica, a évidemment suscité le courroux de parlementaires américains qui ont dit souhaiter voir le Congrès légiférer. Parmi eux, le sénateur Mark Warner, ou le représentant David Cicilline, qui a accusé Mark Zuckerberg d’avoir « menti » lors de son audition au Congrès au printemps.
S’il a reconnu mercredi avoir laissé des accès à des informations à des « partenaires » dans le but de rendre leurs produits compatibles et qu’il aurait dû être plus vigilant sur ce à quoi ils pouvaient accéder, le réseau social a affirmé que rien ne s’est fait « sans l’autorisation des usagers ». Dans un nouveau billet de blog publié en fin de journée, Facebook a expliqué en particulier qu’aucune entreprise extérieure « n’a lu vos messages privés, ou écrit à vos amis sans votre permission ».
Facebook explique avoir travaillé avec quatre entreprises partenaires dont Netflix et Spotify de façon à permettre aux usagers connectés à ces sites via leurs identifiants Facebook, d’envoyer des « messages à leurs amis (Facebook) sur ce qu’ils écoutaient sur Spotify ou regardaient sur Netflix », une fonctionnalité connue du public mais qui n’existe plus depuis 3 ans, affirme le réseau social.
Techniquement, Facebook devait donc donner une « autorisation de lecture », d’écriture et d’effacement de messages aux sites en question, pour que les usagers puissent eux-mêmes lire, écrire ou effacer leurs propres messages. Spotify, Netflix comme Royal Bank of Canada ont d’ailleurs tous nié mercredi avoir eu accès à des messages privés des usagers Facebook.
D.C avec AFP
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